L’histoire politique est vraisemblablement en passe de se répéter au Togo. Pris pour l’ultime moyen devant permettre une sortie définitive de crise politique qui secoue le pays depuis les années 90, le dialogue politique ouvert en février dernier est actuellement dans l’impasse. Plus rien n’évolue. Pendant ce temps, les acteurs politiques, se réclamant de l’opposition se déchirent de plus belle. Mais en face, le pouvoir de Lomé qui prépare, tout sereinement, les prochaines échéances électorales.

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Les faits semblent leur donner raison. Ceux qui, très tôt, n’ont vu en ce dialogue politique annoncé pour l’ « ultime », un dialogue de plus. Bref, des retrouvailles qui ne rimeront, à terme, qu’à une énième perte de temps et d’énergie. Malheureusement, tout converge inexorablement vers cette prédiction. Après seulement trois rounds, les discussions sont aux arrêts. Les considérations politiques ont encore pris le dessus sur l’intérêt national. Dans la foulée, le médiateur, le Président Nana Akufo-Addo du Ghana, est resté sans nouvelles.

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Le pouvoir a repris confiance…plus de marches…la vie redevient normale !

Sur place, la Coalition des 14, voulant maintenir la flamme de la mobilisation populaire toujours active, à travers les marches, fait désormais face à l’opposition « coalisée » du gouvernement et de l’armée. Plus de marches à Lomé donc, si ce ne sont uniquement sur les itinéraires choisis par l’autorité publique. Pendant ce temps, le pouvoir de Lomé qui a été sérieusement secoué depuis août 2017 a repris confiance. L’armée est en appui à la police et la gendarmerie pour patrouiller la ville. Les esprits réfractaires au pouvoir de Faure sont hantés.

La vie redevient presque normale dans le pays. La crise politique de nouveau mise en veilleuse, seule l’économie du pays a payé le lourd tribut des 9 mois de crise, avec ses répercussions sociales qui sautent aux yeux. Précarité et alanguissements arpentent de plus belle, le quotidien du Togolais qui n’a que faire des malentendus politiques.

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Mais comme pour donner chance à l’histoire de se répéter, les acteurs politiques qui se réclament de l’opposition se livrent à nouveau à une guerre de leadership. Place au foisonnement des regroupements politiques. Après la Coalition des 14 et le Groupe des Centristes, le Groupe des Républicains et Ecologistes du Togo (GRET) a vu le jour cette semaine.

L’opposition togolaise : Le bal des attaques mutuelles

Et voilà relancées, les attaques, diatribes et médisances entre opposants.

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« La coalition des 14 partis de l’opposition n’a aucune leçon à recevoir de ce regroupement (…) ils sont libres de créer un front. Ils sont libres de prendre position. Mais nous, nous en tenons à ce que nous, nous faisons et nous le ferons jusqu’au bout », a dit le député, Isabelle Ameganvi, parlant donc du regroupement politique dont Didier AMELA, ex- cadre de l’Anc, est l’un des premiers responsables.

« Il y a des gens de la coalition des 14 qui m’ont appelé pour voir comment ils peuvent intégrer notre groupe…par leurs déclarations, on sent qu’ils ne sont pas à l’aise au sein de la coalition », a déjà révélé, il y a quelques jours sur Radio Victoire, Gerry Tamaa du Groupe des Centristes. Le président du NET y est allé de son couplet en évoquant « une énorme comédie », voire « un sale jeu » auquel s’adonne la C14 dont certains membres les accusent de « rouler » pour le pouvoir.

Pour sa part, Abass Kaboua du MRC, membre du GRET estime que ni la C14, ni les Centristes ne pourraient constituer la solution à la crise, au regard de leur position extrémiste. Ainsi s’ouvre encore, et pour longtemps, le bal des attaques personnelles entre opposants qui n’auront d’effet que d’affaiblir de plus l’opposition et renforcer le pouvoir, dans sa posture.

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L’Histoire se répète !

Somme toute, la répétition du schéma des années 90 caractérisé par le conflit de leadership, les attaques personnelles, la haine, la médisance, l’égo et le mépris…des attitudes qui ont saboté la lutte et rejeté aux calendes grecques l’alternance. Et c’est avec stupéfaction que tout observateur assiste à la répétition de l’histoire, avec une probable imposition par la CEDEAO de la conduite à tenir aux acteurs, si tant est qu’ils se refusent toujours de s’entendre.

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Car, pendant que le pouvoir est en chantier pour les prochaines échéances électorales, l’opposition, toujours attentiste, se trompe de cible et joue « royalement » à un mauvais casting. Ceci, en reléguant au second plan, l’intérêt national. Et l’issue, on la connaît. Des élections mal préparées auxquelles l’on prendra certainement part, comme en 2015. Et par ce cycle, vaines seront la foi et l’espérance des esprits qui aspirent au changement, à l’alternance. Ils doivent attendre. Encore et Encore !

 

Flambeau des démocrates N°541

Titre modifié

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