En mars 2019, le régime togolais a sorti le grand jeu, avec tambourins, fanfares et trompettes. Il a procédé en pompeuse célébration au lancement du Plan National de Développement (PND). Puis il a sillonné la planète, en forte délégation conduite par Faure Gnassingbé en personne, afin d’en informer le monde. Présenté comme le plan du siècle, il est supposé faire le bonheur des Togolais sur la période de 2018 à 2022. L’ambition affichée était claire. Il s’agissait d’investir 4.622 milliards de francs CFA sur 5 ans pour atteindre une croissance de 7,6% – chiffre très précis – pour booster le développement.

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Qui s’en plaindrait ?

Sauf que selon le PND, l’Etat devait investir – à partir de son budget – 1.623 milliards de francs CFA sur la période concernée. Soit en moyenne 405,75 milliards par an. L’Etat, a-t-il effectivement investi 405,75 milliards, en 2018, en 2019 et en 2020 ? Déjà en 2018, c’était uniquement 285 milliards ! c’était mal parti !. . . Silence radio sur les deux années suivantes.

D’un autre côté, toujours selon le PND, les investisseurs privés – grandement sollicités – devaient injecter dans l’économie togolaise 2.999 milliards de francs CFA sur la même période. Soit en moyenne 599,8 milliards par an. En 2018, 2019 et 2020, le Togo a-t-il accueilli des investissements privés à hauteur de 599,8 milliards chacune de ces années ? Il semblerait que là encore nous soyons bien loin du compte.

En dehors des communications disparates semées dans les médias ici et là par certains ministères, aucune information globale et structurée ne vient informer officiellement les Togolais sur les niveaux d’investissement de ce plan et sur les effets concrets dont bénéficie la population. Les chiffres réellement engrangés pour ce plan restent peu accessibles. Et pour cause ! En principe, à mi-parcours et sans les excès du lancement, un point général aurait dû être fait pour situer l’opinion.

Visiblement le Togo reste peu attrayant pour les investisseurs privés. La mobilisation des ressources financières peine déjà à atteindre les objectifs annuels. Si les étapes intermédiaires sont si escamotées, pourrait-on raisonnablement continuer de clamer – en s’auto-congratulant – que le PND est la panacée pour le développement du Togo ? Un doute raisonnable est permis.

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Que nos dirigeants nous fassent grâce de ne point bondir sur le malheur de la pandémie planétaire Covid-19, comme prétexte, pour se dédouaner de l’échec de ce plan, quand on sait par ailleurs que des milliards de francs CFA ont été injectés dans l’économie togolaise, par les organisations internationales, afin de lancer les mesures de ripostes contre cette crise sanitaire.

Les performances présentées dans le rapport Doing Business de 2017 et 2019 ont été très favorables au Togo sur la question du climat des affaires. Le gouvernement togolais a largement utilisé ces ‘’dites’’ performances pour vanter – à grand renfort de publicité au niveau mondial – l’attrait de l’économie togolaise. Que fusent les « hourra » ! scandés lors de cérémonies festives d’autocongratulation mobilisant toute la République . . . Mais ne voilà-t-il pas que la Banque Mondiale, qui publie ces rapports, annonce le 27 Août 2020 que les rapports publiés en années 2017 et 2019 ont souffert d’irrégularités dans la collecte des données et qu’ils ne reflètent pas la réalité. La Banque Mondiale a en conséquence interrompu la publication de tout nouveau rapport durant la procédure d’évaluation interne qu’elle a diligentée.

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Voilà qui remet en cause les arguments fondamentaux supportant le PND.
Les raisons fondamentales du retard de développement du Togo relèvent plus de la mauvaise gouvernance économique et politique, qui sévit et perdure, que de l’indisponibilité de ressources financières. C’est pourquoi le PND n’y changera rien ! Ce plan est un leurre, tout comme les multiples autres qui l’ont précédé.

En déclarant « nous avons l’obligation de garder le cap qui nous conduira au rayonnement de notre pays, le Togo » (sic), le gouvernement togolais doit comprendre et intégrer que ce n’est certainement pas le cap actuel qui produira les résultats annoncés.
Pour que le Togo prenne réellement son envol, nous devons ensemble transformer sa physionomie politique et économique.
Gamesu

Par Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais
Publié le 08 Septembre 2020 dans l’Alternative N°904

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