« Le fils d’un dictateur, succédant à son père, doit faire la preuve qu’il a de meilleures intentions que son père. Et qu’il n’a pas reçu en héritage les germes de la dictature » (Jean-Baptiste Placca)

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Samedi 17 janvier 2015. Nous sommes à Awandjelo au Nord du Togo. Les Togolais se croyaient dans un rêve éveillé quand Faure Gnassingbé, en bon président débonnaire, interrompit à brûle-pourpoint l’un de ses partisans qui s’attaquait outrageusement à l’opposition lors d’une cérémonie d’inauguration d’une usine de cimenterie. Comme s’il s’est fait administrer une forte dose de bienveillance et de bonté, Faure Gnassingbé lança un appel à l’endroit de ses irréductibles partisans habitués à soumettre les opposants à un lynchage sans précédent, au respect de ceux-ci. « Ce n’est pas un meeting politique. Toutes nos excuses à tous ceux que ces propos ont pu mettre mal à l’aise. Dans notre pays, il y a une majorité et une opposition et c’est le peuple togolais, par ses choix, qui départage les partis politiques (…) On n’est pas président d’une partie du pays et opposant d’une autre partie et je tiens à ce que l’opposition, les responsables d’opposition soient respectés.» Ainsi dit le président et flatteurs d’applaudir.

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Faure Gnassingbé devrait être de très bonne humeur ce jour-là pour se montrer autant conciliant avec ses opposants. Mais quelques mois plus tard, le chef de l’Etat qui appelait ses militants à avoir un peu plus de considération pour les adversaires politiques, était le premier à monter au créneau pour, dans une verve qu’on lui connaît moins, accabler son principal opposant Tikpi Atchadam et son parti le PNP, d’islamistes radicaux et de tous les péchés d’Israël. Depuis les vagues de manifestations qui ont ébranlé son régime, Faure Gnassingbé a changé d’opinion à l’égard de ses opposants. L’opposition sera désormais « criminalisée » au Togo. Le régime n’hésita pas d’ailleurs à lancer les barbouzes aux trousses du leader du PNP le contraignant à prendre le chemin de l’exil pour sauver sa peau.

Depuis plusieurs mois, croupissent dans les geôles de la dictature des militants d’opposition, certains interpellés lors des manifestations contre le régime, ce qui est considéré comme un crime de lèse-majesté ; d’autres appréhendés à l’issue de ce que le régime qualifie de « tentative de déstabilisation » du pays, en fait des montages grotesques dont le burlesque le dispute avec le pitoyable.

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Pour avoir humilié Faure Gnassingbé dans les urnes, un autre crime de lèse-majesté, le candidat de la Dynamique Kpodzro, Agbéyomé Kodjo est traqué comme le plus dangereux criminel au monde. Au finish, un mandat d’arrêt international est lancé contre l’ancien Premier ministre. Un mandat international contre un opposant simplement parce qu’il a réclamé la victoire aux élections ? Il faut être au Togo des Gnassingbé pour vivre des faits aussi surréalistes.

Malgré tout, Faure Gnassingbé supporte difficilement que les internautes le taxent de « dictateur sanguinaire ». Pour lui, c’est la ligne rouge à ne pas franchir. « On vous prête des actions, des intentions, des propos qui ne sont pas les vôtres au point que, lorsque vous lisez le résultat, vous vous dites : est-ce de moi que l’on parle ? », s’étonne Faure Gnassingbé. Pourtant les faits sont là. Il hausse le ton : « J’ai pensé que la conquête et la préservation du pouvoir ne pouvaient pas tout autoriser, qu’il y avait des lignes rouges à ne pas franchir ».

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Visiblement,Tikp iAtchadam puis, Agbeyomé Kodjo ont franchi la ligne rouge. Ils sont bannis. Ils n’ont plus leur place au Togo. Faure Gnassingbé peut avoir la paix et régner à vie sur le Togo…

Médard Ametepe

Source : Liberté Togo

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