La pandémie n’arrête pas la vie politique au Togo. En petit comité à cause du coronavirus, Faure Gnassingbé devait être investi pour un quatrième mandat présidentiel à la tête de son pays, dimanche 3 mai, à Lomé.

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A cause de la fermeture des frontières, aucun chef d’Etat étranger ne sera présent à la cérémonie, où les invités devront porter un masque et respecter les distances de sécurité. Une investiture qui se tiendra sur fond de fortes contestations de l’opposition.

Faure Gnassingbé, qui a succédé à son père Eyadema décédé en 2005, a été déclaré vainqueur au premier tour de l’élection du 22 février avec 70,78 % des suffrages devant Agbéyomé Kodjo (19,46 %).

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Mais, depuis la proclamation des résultats, l’opposition dénonce des bourrages d’urnes, des procès-verbaux présignés et des reports de résultats falsifiés.

« Il est difficile de savoir qui a réellement gagné cette élection, car il y a eu de nombreuses fraudes, assure David Dosseh, porte-parole de l’organisation de la société civile Togo Debout. Sur des éléments tangibles, il est impossible de proclamer un vainqueur et cela pose des problèmes de légitimité. »

« Expédition punitive »

La situation s’est crispée au cours des dernières semaines. L’Alternative, Liberté et Fraternité, trois journaux proches de l’opposition, ont été suspendus fin mars par la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication après une plainte déposée par l’ambassadeur de France.

Certains articles accusaient le gouvernement d’Emmanuel Macron « de ripoliner l’image [de Faure Gnassingbé] et rendre lisse la dictature togolaise en contrepartie d’espèces sonnantes et trébuchantes ».

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Mardi 21 avril, Agbéyomé Kodjo, candidat malheureux de la présidentielle, dont le domicile avait été encerclé pendant quelques heures par les forces de l’ordre le soir du scrutin, a été arrêté chez lui après trois convocations à la gendarmerie auxquelles il ne s’était pas rendu « pour raison de santé ».

« Les militaires ont enfoncé ma porte et ils ont plaqué au sol ma femme, mes enfants, mes amis et moi-même, explique au Monde Afrique Agbéyomé Kodjo. J’ai eu droit à une expédition punitive pour me convaincre de reconnaître la fausse victoire de Faure et d’arrêter les poursuites judiciaires.

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Mais c’est impossible ! » Retenu trois jours au Service central de recherches et d’investigations criminelles de la gendarmerie et présenté à un juge, Agbéyomé Kodjo a été libéré et placé sous contrôle judiciaire ainsi que Brigitte Adjamagbo-Johnson et Fulbert Attisso, deux autres dirigeants de l’opposition.

Selon une note du doyen des juges d’instruction, l’ancien premier ministre et député, dont l’immunité parlementaire a été levée en mars à la demande du parquet pour s’être « autoproclamé » président et avoir demandé à l’armée « de renverser le pouvoir », a désormais interdiction de quitter le Togo sans autorisation et il ne doit plus faire de « déclarations tendant à remettre en cause les résultats de l’élection ».

« Mais nous allons continuer à contester et procéder à des recours devant la Cédéao et les Nations unies pour que notre cause soit entendue », affirme celui qui a reçu pendant la campagne le soutien important de Mgr Kpodzro, archevêque émérite de Lomé.

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« Comme moi, ajoute-t-il, les Togolais souffrent de la brutalité de ce régime. » A cause de la pandémie, aucune manifestation sur la voie publique n’est envisagée pour l’instant. « Mais nous réfléchissons à d’autres formes d’actions », explique David Dosseh.

« Actes de violence et bavures »

Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, le Togo, qui comptait, vendredi 1er mail 116 cas de contaminations et 9 décès, a instauré un couvre-feu de 20 heures à 6 heures du matin. Il est le seul pays à avoir créé une force spéciale, composée de 5 000 hommes, chargée de le faire appliquer.

Des vidéos très violentes publiées sur les réseaux sociaux montrent que des tabassages et des abus ont été commis par les militaires. « Des exactions graves ayant conduit à au moins deux décès ont été constatées, dénonce David Dosseh.

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Les organisations des droits humains ont porté plainte. » Le ministre de la sécurité a reconnu des « actes de violence et des bavures » et le commandement de la force anti-pandémie a été remplacé.

Du côté du pouvoir, la mobilisation de l’opposition inquiète peu. Faure Gnassingbé, dont le père a dirigé le Togo d’une main de fer durant trente-huit ans, a fait sa campagne en mettant en avant la sécurité du pays, qui n’a connu aucune attaque djihadiste contrairement à ses voisins, et en défendant son bilan économique.

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« Cette crise du Covid-19 nous préoccupe plus que les contestations de M. Kodjo, répond Christian Trimua, actuel ministre des droits de l’homme. Après l’investiture de Faure Gnassingbé, un nouveau gouvernement sera nommé.

Il aura la lourde mission de mener la politique sociale que les Togolais attendent, de maintenir le cap sur le plan économique et d’assurer notre sécurité, notamment sur le plan sanitaire. »

Golfe Infos

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