La campagne pour l’élection présidentielle du 22 février prochain a entamé, cette semaine, sa dernière ligne droite. Au cours de la première semaine de cette opération de charme, un constat saute aux yeux.

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Des militaires habillés en militant du parti au pouvoir s’exhibent lors des meetings. Et pas n’importe quel militaire, des éléments du Régiment commando de la garde présidentielle (RCGP). Une curiosité républicaine….

Le régime cinquantenaire togolais s’est appliqué à asseoir une politique sectorielle volontariste et planifiée notamment dans le domaine sécuritaire avec des moyens énormes en hommes et en financement, soutenue par une idéologie de conservation du pouvoir.

De sorte que, la politisation de l’armée n’est qu’un secret de polichinelle. Et l’un des corps qui témoignent de cette situation est le Régiment commando de la garde présidentielle ou les Bérets Verts.

Créée en 1975 au lendemain l’accident de Sarakawa en janvier 1974, la Garde présidentielle affiche fidélité inébranlable au régime héréditaire à la tête du Togo depuis un demi-siècle. En effet, présente aux côtés du Chef de l’Etat dans tous ses déplacements, la Garde présidentielle encore appelée les « Béret Vert » est un corps des forces armées spécialisées dont la mission est la garde et la protection du palais et du président de la République.

En plus de cette mission principale, elle rend les honneurs au chef de l’Etat et aux chefs d’Etats étrangers. Selon les informations, la garde présidentielle issue de l’Armée de Terre dépend directement de Faure Gnassingbé qui n’est autre que le Ministre de la Défense et des anciens combattants. Un corps d’élite surentraîné et suréquipé façonné dernièrement à son goût par l’héritier du 05 février 2005.

Entre allegeance republicaine et allegeance politique…

Depuis le début de la campagne, on voit des éléments de la Garde présidentielle habillés en t-shirt et casquette du parti Unir, parti au pouvoir. Ceci au vu et au su du Président de la République et Chef suprême des Armées qui, visiblement, ne semble être gêné.

Pourtant, la prise de partie de ces militaires jette encore une fois du discrédit sur l’Armée Togolaise. Elle lève ainsi le voile sur la neutralité théorique de cette armée dite républicaine. « Républicains, leur rôle (ndlr : de l’armée) n’est pas de soutenir des Hommes, mais de soutenir la République, les institutions républicaines», explique un politologue.

Si ce n’est pas la première fois que de tels faits s’observent dans les rangs de l’armée togolaise, cela devient récurrent à une époque où le gouvernement tambourine sur tous les toits que l’armée est apolitique. Surtout depuis le lancement par le Président de la République de ce chantier dénommé « Refondation de l’Armée ».

En effet depuis 2014, de grandes manœuvres ont été effectuées au sein de la grande muette pour dit-on la rendre plus moderne et capable de répondre aux défis de l’heure.

Mais les constats de ces derniers jours montrent à suffisance que cette refondation décidée par le chef de l’État n’a d’autres objectifs que de faire de la grande muette un outil à son service de sa personne.

D’ailleurs la seule évocation de la RCGP suscite la méfiance immédiate chez la plupart des Togolais.

Le sort des militaires-militants…

Quoique le regime en place ait planifié un coup K.O pour son « messi » au soir du 22 février prochain, un jour ou l’autre, le fils du Feu Gal Gnassingbé Eyadéma quittera le pouvoir.

Selon une source bien introduite dans l’Armée, la sécurité présidentielle n’est pas gérée de la même façon au Togo. En effet, chaque pays a ses traditions militaires et de sécurité. Selon que l’on est en France, en Allemagne, en Chine, en Russie ou en Afrique du sud, la sécurité du président n’est pas gérée de la même façon.

Mais au-delà de ces variables, la constante générale que l’on peut dégager est que la sécurité présidentielle est intimement liée au système politique et à la forme de régime. Ainsi, la garde présidentielle est à l’image du régime togolais.

A cet effet, la question de la protection étant pour base la confiance, l’on se demande si ces hommes en treillis qui se livrent à ce zèle pourront-ils toujours rester en poste après l’élection d’un nouveau président issu d’un autre bord politique.

A cette question, l’on est tenté de penser à la descente aux enfers de la garde présidentielle de Blaise Campaoré qui a été dissoute aux lendemains de la chute de l’ancien dictateur du Burkina Faso. Et justement l’une des raisons de la dissolution de la garde présidentielle au Burkina est son attachement affiché à Blaise Campaoré.

Fraternité N°348

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