Depuis son accession sanglante au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé n’a été autant ébranlé. Une crise continue de dix mois qui a paralysé tous les secteurs d’activité au Togo, c’est la première fois en treize ans que le successeur de Eyadèma Gnassingbé fait face à une situation pareille.

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Les raisons cachées de la visite de l’émissaire de Buhari

Des sources crédibles renseignent que la présence du chef de l’Etat togolais à la tête de la CEDEAO avant la survenue de la crise a ralenti un tout petit peu l’ardeur de certains dirigeants à l’exception notoire de Muhammadu Buhari du Nigéria. Au détour de la réception de l’Ambassadeur du Togo à Abuja, le Général Président Buhari a indiqué clairement que les « transitions politiques pacifiques n’étaient plus négociables en Afrique de l’Ouest », craignant que toute crise politique ne déborde sur les pays voisins.

« Au sein de la CEDEAO, nous travaillons à consolider nos relations afin d’assurer la paix et la prospérité pour nos futures générations », a-t-il dit.

Depuis lors, le géant nigérian est très présent dans la crise en dehors des facilitateurs ghanéen et guinéen désignés par la CEDEAO. Une délégation nigériane conduite par l’ancien chef de la junte militaire le Général Abdulsalam Abubakar a rencontré la coalition des 14 partis politiques de l’opposition et le pouvoir le samedi 09 juin dernier pour s’enquérir de l’évolution de la situation.

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« Il nous avait écouté la première fois. Il fallait qu’il écoute le camp d’en face. Mais les interlocuteurs à rencontrer n’étaient pas disponibles. Avec lui, on a fait le point sur l’évolution de la situation. On lui a dit que les choses se sont détériorées depuis son départ. On lui a dit qu’il y avait un certain nombre de détenus quand il était là et que aujourd’hui, ce chiffre a doublé. Nous lui avons même donné la liste des détenus. Nos frères et sœurs de certains quartiers de Lomé font l’objet de rafles et on lui a réitéré les aspirations profondes pour lesquelles nous sommes dans les rues depuis bientôt un an », a indiqué lundi 11 juin la Coordinatrice de la Coalition Brigitte Kafui AdjamagboJohnson.

La peur bleue du pouvoir 

Au fur et à mesure que s’approche le prochain sommet de la CEDEAO au cours duquel des recommandations seront formulées pour les protagonistes de la crise, une peur bleue s’installe au sein du régime. Certains estiment d’ailleurs avec raison que des tentatives seraient en cours pour que Faure Gnassingbé soit maintenu à la tête de la CEDEAO. Une décision qui soulagerait le régime togolais abonné aux honneurs.

Mais pour se donner de la bonne conscience, le service de communication de la Présidence a réagi. «Il y a là l’expression d’une probable désillusion que nourriraient nos chers amis de l’opposition », renseigne le communiqué.

« La solution à la crise doit être trouvée par les Togolais eux-mêmes avec le soutien de la communauté internationale dont la CEDEAO. Aucun diplomate ne fait des tractations pour le maintien de Faure Gnassingbé à la tête de la CEDEAO pour un second mandat d’un an.

Une telle action serait méconnaître les règles de la CEDEAO. Cependant on peut reconduire pour un autre mandat un chef d’Etat à la tête d’une institution comme ce fut le cas de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et du Conseil de l’Entente, deux institutions qui ont donné à Faure Gnassingbé un autre mandat pour « résultats obtenus ». « Il n’appartient pas à un Etat lui seul, selon ses propres ambitions de faire des pieds et des mains pour être président de la CEDEAO, surtout de briguer un second mandat à la tête de l’institution », indique-t-on. Pourtant !

En quoi consiste la désillusion de l’opposition ? Un pays en déconfiture totale, c’est d’abord une faillite du gouvernement et il lui revient de trouver des solutions.

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Mais depuis dix mois, Faure et ses bonimenteurs se révèlent des adultes incapables, se cramponnent aux privilèges espérant un essoufflement des manifestations. Il nous revient que l’émissaire de Buhari a plutôt insisté sur la transition pour aboutir aux réformes.

Il s’agit pour Buhari de solder cette crise au plus vite avant de prendre la tête de la CEDEAO. Au cas échéant, dans les premiers mois après le sommet de juillet. C’est tout de même dramatique pour le Togo que face aux enjeux de développement, le pouvoir des Gnassingbé qui a déjà étalé ses incuries notoires à la face du monde, maintient le pays dans le chienlit.

La récente sortie du président français Emmanuel Macron qui n’envisage recevoir Faure Gnassingbé qu’il donne l’impression de fuir comme une peste, est un élément de plus qui montre au régime le signe des temps.

Source : Le correcteur 

Titre modifié 

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