Grand-frère Gogoligo,
Pour commencer, je te dispense de ce que je pense de ta maîtrise de l’art que tu pratiques, l’humour. Mais une chose est claire : tu arrives à faire rire beaucoup de Togolais, et on te classe même des fois comme le meilleur humoriste du pays, cela suffit pour que je te respecte.
 
Mais, Grand-frère, depuis quelques mois maintenant, ce n’est pas par l’humour que t’invites dans la bouche et le cœur des Togolais, mais par ta compagnie. Tu es devenu, dit-on de toi, l’un des plus grands griots et défenseurs du régime dictatorial de Lomé 2 à qui tu as complètent consacré ton art.

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Hier, publiquement, devant les yeux du monde, tu as affiché ton appartenance à ce camp en participant, à côté de nos ministres, députés et hauts fonctionnaires, à la marche du parti au pouvoir, prenant même le micro pour railler les marches de l’opposition. Oui, grand-frère, tu as le droit, au nom de ta maturité et de la démocratie, de militer dans le parti que tu veux, et tu le fais publiquement. J’aimerais saluer ta franchise, mais je me dis qu’au fond tu n’avais pas le choix, tu ne pouvais ne pas t’afficher pour soutenir tes maîtres.
Mais tu sais, grand-frère, il y a un proverbe du grand peuple éwé, dont nous sommes issus, toi et moi, qui stipule que « la tortue qui, sourde aux mises en garde de sa mère, s’obstine à faire la compagnie des lièvres, finit toujours par se retrouver dans une gibecière. » Tu es une tortue parmi des lièvres. Tu n’es pas à ta place parmi ces gens. Ils t’exposent, t’exploitent, de salissent, te discréditent, t’humilient, juste pour atteindre les deux Graals qui existent à leurs yeux : le pouvoir et l’argent. Quand sonneront les pas d’un chasseur, ils détaleront, lièvres, et te laisseront, tortue, lente, sans défense, te faire prendre et jeter dans une gibecière.
Voilà pourquoi, hier, quand je t’ai vu sur le podium de la marche, je n’ai ressenti que de la pitié pour toi. D’autres compatriotes t’insultent, te maudissent, te souhaitent même la mort. Mais moi, tu n’as ni ma rage ni ma haine, mais ma pitié.
Je sais, le quotidien est difficile au pays, et l’on ne vit pas d’art et d’eau fraîche. Mais tu connais aussi, sûrement, cet autre proverbe éwé : «Ce n’est pas parce qu’il a soif que le prince vend sa couronne pour s’acheter de l’urine. » Tu es un prince. L’art t’a posé une couronne sur la tête. Ne la troque pas définitivement contre de l’urine !
Au cas où, enfant prodigue, tu décides de retourner à la maison, tu sais où nous trouver. Parce que je sais, suis convaincu, serai toujours convaincu que ta place est parmi nous, le peuple. Et nous t’attendons. Nous t’attendrons.
Amitiés, grand frère.
Via page facebook David Kpelly

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