Le week-end dernier, en campagne dans la région des Plateaux, le Président de la République et candidat du parti Unir, Faure Gnassingbé a annoncé, dans une intervention sur le contrôle des finances publiques, la création d’un nouvel organe de lutte contre la corruption et les crimes économiques.

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Il viendrait s’ajouter à Haute autorité de lutte contre la corruption. Un empilement d’organe pendant que dans le pays, la situation est dramatique.

« Nous avons mis en place des institutions à cet effet, pour contrôler les organes de l’État. Pour la prévention de la corruption, il y a la Haplucia. Nous allons compléter le dispositif avec un organe qui sera chargé aussi de la répression », a déclaré Faure Gnassingbé.

Il faut dire les organismes de lutte contre la corruption notamment la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Haplucia) créée en 2015, tardent à montrer son efficacité. Pendant ce temps, le Togo est accablé dans les rapports internationaux crédibles.

Il y a quelques semaines, Transparency International a publié son indice de perception de la corruption. Dans ce rapport qui porte sur 180 pays, le Togo est dans la classe des mauvais élèves. Classé 130ème sur 180, avec une moyenne insuffisante de 29 sur 100, le pays de Faure Gnassingbé fait route avec d’autres pays du continent comme le Soudan ou encore la Lybie, des pays instables sur le plan politique.

Ceci, pendant que d’autres pays de la sous-région ont été, par contre, bien cotés dans ce classement, avec des notes beaucoup plus encourageantes. C’est le cas notamment du Benin (80ème) ou encore du Burkina Faso (85ème).

La corruption à toutes les échelles…

La corruption est un mal, une gangrène nuisible pour le Togo. Ces dernières années, elle s’est amplifiée et est devenue une réalité qui mine la vie sociale, économique et politique du pays. On peut dire ici que le contexte politique dans lequel on se situe favorise la corruption en ce sens que ceux qui s’y adonnent savent qu’ils n’encourent aucun risque.

C’est l’exemple du policier ou du fonctionnaire qui accepte de prendre 500 F CFA à un individu en infraction ; il sait qu’en fin de journée il aura accumulée une fortune facilement. Il sait surtout qu’en le faisant, il ne sera pas inquiété et l’autre paie parce qu’on lui dira que c’est la procédure habituelle dû au fait que le citoyen méconnaît ses droits et ses devoirs.

Cette situation est devenue courante au Togo et on ne se rend même pas compte que c’est une forme de corruption tout le monde y trouvant son compte.

Au niveau de la classe dirigeante, la situation est plus que dramatique car c’est la course au trésor, au gain facile parce que cette classe pense être au-dessus des lois et surtout parce que l’appareil judiciaire leur est intrinsèquement lié. Bref, c’est à cause de l’impunité qu’il y a au Togo que d’autres pensent que tout leur est permis.

La justice muette…

«Les magistrats de tous ordres, de tous degrés ou services, ont un rôle primordial. C’est un truisme incontestable : il n’y a pas et ne saurait y avoir de lutte efficace contre la corruption sans justice», a insisté un avocat.

La Justice est aujourd’hui à la croisée des chemins. Malgré les fonds décaissés ces dernières pour sa modernisation, la justice togolaise peine à restaurer l’autorité de l’Etat et consacrer le droit des citoyens. En effet, l’échec de la lutte contre la corruption dépend en grande partie de l’indépendance, de l’intégrité et de la responsabilité du pouvoir judiciaire et du respect de l’État de droit.

Les experts dans la lutte contre la corruption s’accordent sur le fait que, pour que le système judiciaire soit efficace dans la lutte contre la corruption, il doit non seulement être incorruptible mais aussi indépendante. Mais au Togo, la justice est mal perçue par les citoyens. Pour observateurs, elle se confond au pouvoir exécutif d’où sa manipulation par les tenants du pouvoir politique.

A la lumière de ce qui précède, il est évident que le problème du Togo pour vaincre la corruption se situe plutôt au niveau de la justice. De ce fait un empilement des organes ne servira à grande chose. A titre d’exemple, depuis plusieurs années, des dossiers pendant devant la justice, dans lesquelles certaines autorités du pays nommément citées, n’ont jamais été instruites. Egalement impliqués à plusieurs niveaux, les magistrats n’ont été que rarement inquiétés avec des sanctions.

Fraternité

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