Avant même qu’elle ne soit rendue effective à travers les premières élections locales depuis plus de 30 ans, la décentralisation togolaise souffre des maux qui ont pour nom, conflits entre les communautés.
Au cœur de ces conflits, les décrets de novembre 2017, portant attribution des chefs-lieux de communes. Entre Kovié et Mission-Tové (30 km au nord de Lomé), le problème est réel. Le Comité d’appui pour le développement intégral du canton de Mission-Tové (CADI-MT) dénonce le  décret n°2017-13/PR du 15 novembre 2017 portant attribution du chef-lieu de la commune Zio 2 à Kovié.
Qui de Kovié ou de Mission-Tove mérite le mieux le statut de chef-lieu de la commune Zio 2? Et quel rôle Kodzo Adédjé, le commissaire général de l’Office togolais des recettes (OTR), vice-président de l’Union pour la République (UNIR), parti au pouvoir et natif de Kovié  a pu jouer dans ce scénario? C’est à ces questions que répond le journal « La Symphonie » paru dans les kiosques ce lundi.

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Historiquement, Mission-Tové a été reconnu canton par l’administration française d’outre-mer en juillet 1936. Il a administré le village de Kovié pendant 62 ans. Cependant, selon les informations rapportées par le journal, Kovie n’a jamais été sous tutelle formelle de Tové. Avant l’ère de la colonisation française, Kovié était bel et bien un canton, avec  une organisation administrative à la base bien en place.
Toujours sur le même plan, dans l’histoire politique des deux communautés, Kovié est la localité qui a subi le plus d’injustice, mais ne s’est jamais dressé contre l’autorité administrative pour fustiger ses décisions publiquement.

« Le véritable problème de Tové aujourd’hui, c’est son grand retard accusé sur le plan de développement local. La jeunesse intellectuelle émergente ignore un peu l’histoire, c’est pourquoi en posant un regard sur les grandes avancées de Kovié aujourd’hui, elle pense que c’est le produit d’avantages et de faveurs politiques, au détriment de leur localité », souligne le journal.

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Et pour cause. Tové a été longtemps dans la grâce des colons, et c’est la localité qui compte dans l’histoire plus de ministres de la République. Malheureusement, ces derniers n’ont rien fait pour leur localité, ils  ont plutôt utilisé leur influence  pour  détruire, retarder  et humilier Kovié.
Sur le plan démographique, on note qu’aussi bien en superficie qu’en populations, le canton de Kovié, même amputé de quatre (4) villages rattachés à la préfecture de l’Avé, dépasse largement Mission Tové.
D’après le dernier recensement général de la population et de l’habitat,  Kovié couvre une superficie de 112,69 km², avec 21 villages et 12.497 habitants; quatre villages de Kovié (Gbavé ou Bagbé-Gare, Agbalaho, Bamé et Alagbadza) sont recensés sur le compte de la population du canton de Badja dans la préfecture de l’Avé. Ce qui veut dire que la population réelle de Kovié aurait dû être largement plus importante.  Mission-Tové ne compte que  9.040 habitants sur une superficie de 57,11km², avec 12 villages. Les autres  cantons de la commune Zio 2,  Bolou et Wli, respectivement avec 10.925 habitants (75,98 km2), et 4.139 habitants (51,39km2) sont loin derrière Kovié.

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Kovié, encore Kovié, sur le plan économique, tient le haut du pavé dans toute la zone et reste le meilleur contributeur au produit intérieur brut avec à la clé une grande étendue d’espaces cultivables et leur fertilité, un grand marché qui s’anime deux fois par semaine (lundi nuit et samedi jour), la production du riz, le site de pèlerinage (le sanctuaire marial).
Pendant ce temps, écrit La Symphonie, le marché de Tové, très petit, s’anime une fois par semaine (mercredi nuit).
Kovié dispose également d’un vaste domaine de plus de 200 hectares affecté à l’érection d’une université publique. A Kovié, on peut également retrouver plusieurs centres de pisciculture où se réalise la fécondation des poissons.

« Si les gens de Tové reçoivent des visiteurs touristes, c’est chez nous ils les amènent pour explorer des sites touristiques, spécialement nos centres d’élevage d’espèces animales. Je reçois beaucoup chez moi qui viennent voir les alevins, les silures, les tilapias, etc., et apprécier le mode d’élevage », commente la responsable du centre d’alevinage Shalom à Kovié.

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Sur le plan sanitaire, Tové disposait d’un centre de santé dans les années 70 et qui servait toute la communauté. Mais aujourd’hui, c’est vers le centre de santé de Kovié, doté d’une ambulance moderne,  que se dirigent les populations de la commune Zio 2.
Selon le journal, le commissaire général de l’OTR et vice-président d’UNIR n’en est pour rien dans cette attribution de chef-lieu de commune à Kovié. D’ailleurs, souligne-t-il, il y a plusieurs raisons pour lesquelles les habitants de Kovié ont une dent contre leur cadre.

« La route Lome-Tové-Kovié n’est toujours pas aménagée, ni goudronnée, un motif de récrimination porté par les populations de Kovié  contre Adédjé depuis des années. Les populations de Kovié reprocheraient également à leur fils de ne pas électrifier ou de ne pas faire électrifier les 20 autres villages du canton à part Kovié centre.  Si cet homme était réellement le tout-puissant qui donne les ordres dans la République, pourquoi d’une baguette magique il ne ferait pas réaliser tous ces chantiers en un clin d’œil et faire de son fief d’origine un eldorado? », lit-on.

Le canton de Kovié, au-delà de toute critique, est en plein dans la décentralisation. Il expérimente depuis 2010  Programme francophone d’appui au développement local de l’Organisation internationale de la francophonie (PROFADEL/OIF), un autre atout qui aurait milité en faveur de Kovié.
Source: Togo matin N° 282
Titre modifié

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