La problématique du développement économique de la Côte d’Ivoire a toujours été au cœur des discours de Alassane Ouattara—une obsession presque. A son secours, les institutions internationales, les media, les cabinets d’expertise en tout genre. Tous s’accordent dès ses premiers mois de pouvoir à lui reconnaître les capacités d’un expert à mesure de relever les grands défis économiques.   

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‘Tyrannie des statistiques’

Dans l’euphorie de l’exercice d’un pouvoir conquis dans le sang, et pour gagner la confiance d’un peuple qui l’a rejeté, Ouattara mène des opérations poudre aux yeux—Augmentation du salaire minimum garanti (SMIG). Revalorisation des salaires des fonctionnaires. Opération emploi-jeune. Pour booster son plan de développement, des séminaires de réflexion sont organisés, et des Plan d’Actions Stratégiques (PAS) assorti de Plans d’Actions Opérationnelles (PAO) élaborés. Ces stratégies sont conçues ‘pour parvenir à travers une économie à forte croissance, durable et inclusive à l’émergence’—un autre concept fétiche de Ouattara.

Sa ‘tyrannie des statistiques’ pour reprendre Célestin Monga annonce une régression du ‘taux de pauvreté [qui]passe de 51% en 2011 à 46% en 2015.’ Résultats d’une enquête sur près de 13 000 ménages réalisée du 23 Janvier au 25 Mars 2015 par l’Institut National des Statistiques (INS), sous la tutelle du Ministère du Plan et du développement. ‘Une régression de près de 5 points, soit de 10% du taux de pauvreté par rapport à 2011. C’est dire d’une façon plus claire que les actions du gouvernement ont permis depuis 2011 de sortir de la pauvreté environ 1,500 000 d’Ivoiriens au cours de la période.’ Explique Bruno Nabagné Koné, porte-parole du gouvernement(?) après le Conseil des ministres tenu 29 Juillet 2015 à la préfecture de Bondoukou.

EHCVM et INS réajustent certains chiffres

Pendant que le régime Ouattara vante le progrès économique et la baisse de la pauvreté, le rapport de la banque Mondiale 2014 dit autre chose. ‘La Côte d’Ivoire est confrontée à des taux de pauvreté inquiétants, surtout par rapport au potentiel énorme dont dispose le pays.’ Constate Ousmane Diagana, chef des Opérations de la banque mondiale en Côte d’Ivoire. Il poursuit. ‘Il y a des vrais exclus qui aujourd’hui sont identifiables.’ Ces marginaux représentent 46,3% de la population. Ce taux provient en 2015 d’une enquête statique dite Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages (EHCVM) qui concerne tous les pays de l’UEMOA et leur imposent l’uniformisation des critères d’appréciation du taux de pauvreté. Mais aussi du rapport d’Avril 2016 de l’Institut National de la Statistique (INS). Quant au seuil de pauvreté, il se situait à 450FCFA/jour.

Une autre enquête de l’INS et du PNUD titrée ‘Mesure de l’impact socio-économique du COVID-19 sur les conditions de vie des ménages en Côte d’Ivoire,’ publiée en Mai 2020 montre la fragilité de l’économie construite par le régime RDR. Cette étude révèle que 1,3 million de ménage, soit environ 7 millions de personnes (ou un quart de la population) sont passés sous le seuil de pauvreté à cause des conséquences socio-économiques de la pandémie de Covid-19. Les familles vivant à Abidjan sont plus touchées que le reste du pays.

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Pour répondre à cette situation critique, le gouvernement(?) avait annoncé un plan de riposte pour aider plus de 200 000 ménages vulnérables et prendre en charge les factures d’eau et d’électricité de 300 000 autres. Comme à leur habitude, le virtuel prend le pas sur les faits. Rien n’est concrétisé. Ces familles croupissent toujours dans la misère. Pourtant, le régime du ‘rattrapage ethnique’ de Ouattara avait au début de cette crise-sanitaire fait croire qu’il avait un plan d’action pour éviter que les indicateurs économiques toussotent, s’enrhument, et que les Ivoiriens sombrent dans la calamité.

Ordonnance n°2011-481

Avant cette trappe-sanitaire pour l’économie, la misère instaurer en norme de gouvernement touchait déjà les différents secteurs du système économique Ivoirien. Particulièrement le secteur agricole qui couvre 47,4% des emplois générés en Côte d’Ivoire. Mais surtout la filière ‘cacao’ qui contribue à plus de 20% du PIB national, représente plus de 50% des recettes d’exportation du pays et surtout les 2/3 des emplois et des revenus de la population. Pourtant, dès son arrivée brutale au pouvoir, Ouattara avait annoncé imprimer sa marque de développement dans ce secteur afin d’améliorer et garantir le prix offert aux producteurs de la filière ‘café-cacao.’ Principale source de devises qui constitue la clé de voûte de l’économie nationale depuis l’indépendance(?)en 1960.

Par Ordonnance n°2011-481 du 28 Décembre 2011, son régime crée le Conseil de régulation, de stabilisation et développement de la filière Café-Cacao, en abrégé, Conseil du Café-Cacao (CCC). Par cette ordonnance, il fixe les règles relatives à la commercialisation du café et du cacao. Très vite le CCC gangrené par le clientélisme, se révèle être un club d’amis-pilleurs. ‘Lors de la campagne 2016-2017, 2/3 des 30 exportateurs de cacao sont des proches de Ouattara. Et avaient bénéficiaient d’une exonération de taxes d’environ 11 milliards de FCFA. Dispense fiscale qui n’a eu aucune incidence sur le prix bord champ aux paysans.’ Révèle le 8 Octobre 2019, Dr. Boni Beda, Vice-président du FPI en Charge de la Politique Financière et du Patrimoine du Parti.

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FCFA326 milliards disparus

Le prix bord champ du cacao qui était de FCFA1000 sous l’Administration Gbagbo plonge à FCFA700 sous le régime Ouattara. Le 6 Août 2019, dans une interview accordée à la RTI1, il promet un prix minimum garanti à au moins FCFA1000 le kilo. Deux mois plus tard, au terme du Conseil des ministres du 2 Octobre 2019 le prix bord champ pour la campagne 2019-2020 (qui a démarré le 1er avril) est fixé à FCFA825. Pendant ce temps, le kilo de cacao Nigérian est vendu à N720(FCFA1194). Au Ghana, il est de 8, 24 Ghana-Cedis (FCFA920).

Outre l’orchestration de la baisse du revenu des producteurs, leur épargne est volée. Le rapport du 13 Mars 2018 du cabinet KPMG, relatif à l’audit du système de commercialisation du cacao en Côte d’Ivoire, dévoile que FCFA185 milliards avaient été détournés par Ouattara et son clan. A la suite de cet audit, ‘La Lettre du Continent’ no 785 du 3 Octobre 2018, informe sur le détournement du fonds de réserve du CCC. Elle renseigne que ce fonds constitué de FCFA326 milliards (Euros542 millions) avait disparu des banques commerciales et affectés à des dépenses inconnues. Ce ‘magot’ provenait du prélèvement opéré par le régime du ‘rattrapage ethnique’ de Ouattara sur chaque kilogramme de cacao vendu par les paysans depuis 2012. Cette cagnotte de FCFA326 milliards était géré par Adama Koné, Ministre de l’Economie et des Finances, son collègue de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa Coulibaly, et le PCA du CCC, Lambert Kouassi Konan. Le régime autocratique de Ouattara caractérisé par l’impunité avait limogé tous les administrateurs de cette filière, qui voulaient que lumière soit faite sur l’utilisation de ce fonds. Informa ‘La Lettre du Continent.’

Malgré la corruption et le déclin au fil des ans de l’ensemble des structures économiques, Ouattara continue de promettre aux Ivoiriens qu’il fera de l’Eburnie un pays ‘émergent d’ici à 2000’? Promesse contredite par le rapport 2018 de la banque mondiale, sur la situation économique en Côte d’Ivoire intitulé ‘Pour que demain ne meure jamais.’ Pour ce rapport, l’émergence dans ce pays interviendra seulement en 2035 sans le maharajah Ouattara. Puis que les lampions 2000 allumés vont s’éteindre avec des Ivoiriens plus miséreux qu’avant, et une nation immergée dans les dettes.

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Non au FMI

Laurent Gbagbo, dans son livre intitulé ‘Libre pour la vérité et la justice,’ écrit. « Quand je suis arrivé au pouvoir en 2000, j’ai trouvé dans le contrat d’exploitation du pétrole Ivoirien que la Côte d’Ivoire gagne 12% sur un baril de pétrole. Cela signifie en Français facile que si on vend un baril de pétrole par exemple à 1000f, la France prend 880F et la Côte d’Ivoire prend 120F. J’ai jeté un autre coup d’œil dans les autres contrats des ports, cacao, café, or, diamants et autre. Je me rends compte que c’est le même système de pillage qui existe partout. Un mois après mon élection, j’ai engagé des discussions avec la France pour obtenir des accords, égal à égal dans toutes nos affaires. C’est-à-dire 50%-50%. Elle a refusé, j’ai vu des gens rougis comme si on leur annonçait une mauvaise nouvelle et cela a été vue comme une menace pour les intérêts Français. Voilà pourquoi ils m’ont combattu et ont mis au pouvoir leurs amis qui continuent avec les mêmes faux accords jusqu’aujourd’hui« 

Ces propos du Président Gbagbo indiquent que la Côte d’Ivoire sous Ouattara ne serait jamais émergente. Aussi, derrière cette déclaration, Gbagbo avait un objectif—Améliorer le bien-être des Ivoiriens. Pour passer à l’acte, il augmente le prix bord champ du cacao qui passe à FCFA1000, refuse au FMI d’augmenter le prix de l’électricité, et se met au travers de toute mesure économique abêtissante. Ceci dans un contexte de guerre et de troubles sociopolitiques.

Les mesures économiques-humanistes de l’Administration Gbagbo dans ce pays divisé en deux par Ouattara et la France, évitent aux Ivoiriens d’atteindre le seuil de pauvreté que Ouattara leur a servis. Pourtant, ce potentat a joui depuis 2011 d’une relative stabilité maintenue par la France.

Plan de riposte et toujours la pauvreté

Le ‘plan de riposte’ annoncé, à l’issue du Conseil des ministres du 15 Avril 2019, doté d’une enveloppe de FCFA250 milliards (Euros 380 millions) pour soutenir les grands produits agricoles d’exportation (cacao et la noix de cajou), mais aussi les filières coton, café, hévéa, et palmier à huile, afin d’amortir l’incidence du COVID-19 sur le secteur agricole n’aura pas l’effet escompté. L’instabilité socio-économique créée par Ouattara—3è mandat, CEI uni-parti, liste électorale truffée de faux électeurs, conflit—sera la cause. Cette précarité sociale cultivée et entretenue par ce führer n’est pas innocente. Elle est un moyen feutré pour redistribuer cette tontine de FCFA250 milliards dans son clan, tout en appauvrissant les paysans.   

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En définitive, Alassane Ouattara qui, parlant de l’Administration Gbagbo lors de la présidentielle 2010 demandait aux Ivoiriens de ne pas accorder leurs voix à la pauvreté, a servi la pauvreté la plus crasse aux Ivoiriens. Ceux qui lui ont fait confiance ont donné leurs votes à la pauvreté. Les chiffres le confirment et jettent le discrédit sur ce meilleur(?) économiste des réseaux mafieux du Grand capital. Ce qui consolide l’analyse de Bernard Houdin qui a dit. ‘Ouattara s’est toujours fait passer pour celui qu’il n’est pas.’ Tout le contraire du Président Gbagbo qui, en meeting populaire à Gagnoa en 1991 a dit. ‘Je marche doucement pour les chasser’—Les impérialistes et leurs laquais.

Dr Feumba Samen

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