La pandémie du Coronavirus (COVID-19) a paralysé tous les secteurs d’activité. Dans le secteur de l’éducation, tout est à l’arrêt depuis le 20 mars 2020 avec la décision du gouvernement de fermer les écoles pour éviter la propagation du virus.

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Dans une interview accordée à l’Agence de presse AfreePress, AGBOVIYaoTelegnon, président du Syndicat National des Enseignants des Écoles et Instituts Privés au Togo (SYNEPTogo) décrit la situation « difficile » dans laquelle se trouve les enseignants du secteur avec la crise du COVID-19 et lance un cri d’alarme au gouvernement, à la société civile et aux bonnes volontés afin qu’ils leur vienne en aide.

Lisez l’intégralité de l’interview.

Agence de presse AfreePress : Bonjour MonsieurAGBOVIYao. Vous êtes le Président du Syndicat National des Enseignants des Écoles et Instituts Privés au Togo (SYNEP-Togo). Comment se porte votre organisation ?

M. AGBOVI Yao Tetegnon : Bonjour, merci pour l’opportunité. Le SYNEP-Togo en tant qu’entité institutionnelle se porte bien, mais avec l’avènement du COVID-19, vous comprenez que les membres de ce syndicat ne se portent pas bien.

Si je veux être franc, à l’heure actuelle, la situation est très difficile pour nous les enseignants du privé. Nous traversons une crise sociale très grave et nous sommes là, en regardant en l’air pour voir si une manne peut tomber de quelque part pour sauver la situation.

Agence de presse AfreePress : Les écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Comment les enseignants privés vivent cette situation… Et quelle est votre perception sur l’année académique ?

M. AGBOVI Yao Tetegnon : Comme vous le savez, ce n’est pas seulement au Togo que la situation semble être dramatique. La pandémie du Coronavirus sévit dans chaque pays. D’une manière ou d’une autre, les autorités s’activent pour limiter la propagation du virus.

Au Togo, cette pandémie a entraîné une nouvelle habitude dans la vie des populations en général et des enseignants du secteur privé en particulier. Par décision interministérielle en date du 20 mars 2020, les écoles ont fermé leurs portes et les enseignants sont professionnellement confinés.

Je m’en vais pour vous dire que les fondateurs qui sont nos employeurs directs, avancent l’idée qu’ils ne sont pas rentrés dans la totalité des écolages pour pouvoir payer les salaires aux enseignants du secteur privé. Mais force est de constater que la plupart des écoles privées au Togo ont pu encaisser les frais de scolarité.

A l’heure où je vous parle, près de 85 à 90% des écolages ont été payés et d’autres écoles ont encaissé la totalité. Mais ces fondateurs refusent en  ce moment d’honorer leur engagement vis- à-vis des enseignants.

Ce qui crée un mécontentement au sein de notre organisation. Je tiens à souligner qu’il y a certains collègues qui ne sont pas rentrés en possession de leur salaire depuis janvier.

Donc les problèmes sont différents d’un établissement à un autre et l’indignation a gagné la majorité d’entre nous. Nous sommes immergés dans une atmosphère qui n’est pas vivable. Tout ceci risque de gêner la reprise des cours.

Nous sommes laissés pour compte, les fondateurs ne veulent rien faire malgré les démarches que nous avons menées pour voir comment nous pouvons faire face à la crise.

A l’heure où je vous parle, les enseignants du privé sont dans un désarroi total et on craint le pire à la reprise des cours. S’agissant de ce que je pense de l’année académique, je ne crois pas que cette année soit entachée d’une couleur blanche.

Vous savez que c’est difficile d’aller à une année blanche puisque selon les informations, la France a déjà levé le confinement et progressivement les classes ont repris. Nous aussi, nous attendons dans quelle mesure les autorités peuvent prendre la décision de rouvrir les classes.

Tout compte fait, si rien n’est fait dans la mesure du possible pour sauver le quotidien des enseignants du privé, ce serait difficile pour nous de joindre les deux bouts et de reprendre facilement.

Agence de presse AfreePress : Parlez-nous du quotidien de ces enseignants avec la suspension des cours et la crise sanitaire.

M.AGBOVIYao Tetegnon : En tant que président du SYNEP-Togo, je partage largement le cri d’alarme des collègues et je vous assure que si je ne m’abuse, une vingtaine d’enseignants sont déjà éjectés de leurs chambres, pour faute de paiement de loyers et certains ont dû vendre certaines de leurs biens, pour pouvoir survivre.

Mais nous pouvons dire que quelques tractations sont en cours et j’assure que d’ici peu, les gens vont s’y mettre pour trouver une petite solution et permettre aux collègues de survivre. Parce que la situation que nous vivons actuellement est très dramatique et personne ne veut nous venir au secours.

Ce qui dérange encore, certains fondateurs sont allés jusqu’à suspendre unilatéralement les contrats avec les collègues comme quoi, les écoles sont fermées donc les contrats doivent être suspendus.

Nous nous insurgions contre cette décision et nous ferons tout pour que la lumière soit faite sur ces questions parce que le fondateur selon les conversions interprofessionnelles de travail, ne peut pas se lever de manière unilatérale pour suspendre un contrat qui a été consenti à deux ou entre plusieurs personnes.

D’autres aussi menacent les collègues de licenciement ou de retrait d’heures de cours, etc. Tout ceci me met en tant que président de cette corporation, dans une situation très difficile à gérer. Mais je sais que quelque chose sera fait dans un avenir proche.

Au niveau de l’État entre temps, notre ministre de tutelle, le Ministre Atcha-Dédji Affoh avait déclaré sur les médias que l’État ne restera pas insensible à la question des enseignants du secteur privé. Mais après cette intervention il y a de cela plus d’un mois, nous sommes toujours là et rien ne se profile à l’horizon.

C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de prendre nos cris de détresse au sérieux parce que l’État doit avoir un œil regardant dans tout ce qui se passe dans le secteur privé. Il est le premier garant de la sécurité sociale de tous les citoyens.

Je ne peux pas parler de laxisme à ce niveau, mais, le Covid-19 est venu montrer que les choses ne se passent pas tellement bien comme ça devrait l’être. Mais comme je l’ai déjà dit, les tractations sont en cours pour qu’une fumée blanche se fasse voir dans la situation des enseignants du secteur privé.

C’est également l’occasion pour moi de lancer un appel à la société civile qui habituellement ne s’attelle qu’aux faits politiques… Nous sommes aussi des citoyens et nous sommes dans une situation délicate.

Notre souhait est que la société civile agisse pour nous aider afin que les enseignants du privé puissent joindre les deux bouts jusqu’à la reprise des cours. Nous lançons un cri d’alarme aussi aux bonnes volontés de ce pays qui peuvent discuter avec les autorités pour que nous ayons gain de cause.

Les écoles sont fermées, mais les enseignants du public perçoivent leur salaire en toute quiétude. Donc ne pas être sensible à notre situation en ce moment, serait faire preuve de mauvaise foi surtout au niveau des fondateurs.

Je tiens aussi à préciser qu’avant l’avènement du Covid-19, une des corporations des enseignants du secteur privé qui est l’Association des Enseignants des Écoles Privés Laïques pour l’Entraide et le Développement (AEPLED) avait demandé à rencontrer le ministre.

Une audience qui leur a été accordée. Aux termes des discussions, le ministre avait promis qu’un comité serait incessamment mis sur pied afin de recueillir nos problèmes et de voir comment le gouvernement pourra nous apporter un appui infaillible.

Mais il y a de cela un à deux mois que nous vivons cette situation, le ministère ne dit rien. C’est pour dire que quand ça va comme ça, ce n’est plus le Coronavirus qui va tuer les collègues du secteur privé, mais c’est la faim, la désolation et le non-paiement des miettes mensuelles des fondateurs.

Agence de presse AfreePress : Dans la situation actuelle, qu’attendez-vous des fondateurs d’établissement scolaires et de l’État.

M.AGBOVI Yao Tetegnon : Ce que nous attendons des fondateurs c’est qu’ils paient les salaires comme il le faut. On ne peut pas comprendre que jusqu’en février, un établissement puisse dire qu’il n’a pas perçu l’écolage.

Ça serait du dilatoire. Donc, nous estimons qu’ils ont les moyens, mais ils ne veulent pas payer. Ils font ce qu’ils veulent et ce sont les enseignants qui en souffrent. Les collègues veulent que les salaires du mois de mars, d’avril soient versés pour qu’ils puissent survivre.

Le Covid-19 ne doit pas être un prétexte sur lequel il faut se baser pour refuser de payer les enseignants. Maintenant, notre plaidoyer à l’endroit du gouvernement c’est de nous venir en aide dans cette situation de crise. Nous savons que l’État n’est pas notre employeur direct, mais en tant que citoyens en situation de désarroi, l’État doit voler à notre secours.

Afreepress

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