Cinéma: qui est Angela Aquereburu, la productrice togolaise qui rêve de Cannes?
Depuis 2009, l’ambitieuse togolaise dirige la société de production Yobo Studios à Lomé. Elle produit et réalise des séries originales qui sont en train de changer progressivement le paysage audiovisuel de l’Afrique francophone.
Elle est récemment passée à des formats plus longs avec Hospital IT, qui a été financée par Côte Ouest, le leader de la distribution de contenus audiovisuels en Afrique. Cette série de 26 épisodes de 26 minutes raconte le quotidien d’une unité de soins mixte qui va faire coexister médecine conventionnelle et médecine traditionnelle.
“Les Africains francophones veulent voir des histoires qui parlent d’eux”, analyse Angela. “Ils veulent se voir à la télévision et ils ont envie d’entendre leur langue. Lorsque dans Hospital IT, on parle du paludisme à travers le cas d’une femme enceinte qui n’a pas fait tous les examens nécessaires et qui a envie d’être traitée à la fois par un tradithérapeuthe qui va l’accompagner avec des plantes et par un médecin qui va monitorer la grossesse à l’occidentale, il s’agit de réalités locales”.Car Yobo Studios s’est donné comme mission de concevoir des programmes authentiques et originaux. “Je pense que notre responsabilité est de faire passer de façon subtile des messages positifs, des messages d’évolution”, explique l’entrepreneure. “Jusqu’à présent, dans toutes nos séries, même si c’est traité avec humour, on essaie de faire passer des messages sur la femme, sur l’éducation, le respect d’autrui, et sur la compétence de chacun, indépendamment de sa couleur de peau”.
“Pour faire du contenu exportable, il faut une histoire universelle, de bons comédiens, de belles images, une bonne musique et respecter les codes internationaux broadcast”, détaille-t-elle.
S’attaquer à des formats longs visait notamment à prouver leur savoir-faire et démontrer que leur seul frein était d’ordre financier, afin d’attirer des investissements plus importants.
Avec Hospital IT, le pari semble relevé. La série jouit en effet d’une belle reconnaissance. Elle a obtenu le prix de la meilleure série au Festival Vues d’Afrique de Montréal au Canada, en avril dernier. En septembre, elle a concouru dans la catégorie fiction francophone étrangère au Festival de la Fiction TV de la Rochelle, en France. Si cette fois-ci, la série n’a pas remporté de prix, elle a reçu un très bon accueil du public. Preuve qu’une “histoire locale peut avoir un impact global“, contrairement à ce que semblent croire certains diffuseurs français.
Sous le crâne d’Angela, les idées fusent. Aussi, les projets ne manquent pas : une émission télé consacrée à la femme est en préparation, plusieurs séries sont en développement, ainsi qu’un long-métrage dont l’héroïne, issue d’une grande famille de marabouts a suivi des études en criminologie avant de créer une agence spécialisée en détection de sorts. Aujourd’hui, Angela Aquereburu souhaite travailler avec les Anglophones. Un rêve, peut-être, pour les années à venir ? “Présenter un jour un film à Cannes”, lance-t-elle avec un grand sourire.