Le président français reçoit son homologue ivoirien à déjeuner, vendredi 4 septembre, au palais de l’Élysée. Au menu, deux sujets brûlants : la candidature de Ouattara à la présidentielle ivoirienne d’octobre et la crise qui ébranle le Mali depuis le coup d’État qui a renversé Ibrahim Boubacar Keïta.

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S’ils se sont régulièrement parlé au téléphone, en particulier depuis le coup d’État au Mali, ils ne se sont pas revus depuis le décès brutal d’Amadou Gon Coulibaly, le 8 juillet. Entretemps, tout a été chamboulé sur les bords de la lagune Ébrié. Après avoir annoncé en mars qu’il souhaitait transmettre le pouvoir à une nouvelle génération, Alassane Ouattara a, finalement, choisi de briguer un troisième mandat à la présidentielle du 31 octobre.

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Lors de leur déjeuner à l’Élysée, Emmanuel Macron va d’abord, selon son entourage, « écouter et sonder l’état d’esprit » de celui dont il avait salué la « décision historique » de ne pas se représenter. Sur le fond, côté français, la ligne n’a pas bougé : Macron, comme il l’a plusieurs fois dit à Ouattara lors de leurs derniers entretiens, était favorable à un changement générationnel en Côte d’Ivoire. Un message que Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, avait répété au président ivoirien lors d’un déplacement à Abidjan quelques jours après la mort d’Amadou Gon Coulibaly. De son côté, Alassane Ouattara tentera de justifier son choix, notamment en lui expliquant qu’il n’avait pas d’autre option pour préserver la stabilité de son pays, si chère à Paris.

Inquiétudes à Paris

De quoi convaincre Macron ? À voir. Dans l’entourage du président français, c’est peu dire qu’on observe d’un œil inquiet la montée des tensions politiques et ethniques en Côte d’Ivoire depuis l’annonce de la candidature de Ouattara – lesquelles ont déjà fait plusieurs morts dans différentes localités mi-août. Hors de question, pour Paris, qu’une nouvelle crise politique déstabilise ce partenaire majeur, poumon économique de l’Afrique de l’Ouest, où les investissements français sont importants. Sans oublier que face à la menace jihadiste aux portes du pays, tout vacillement au sommet de l’État serait habilement exploité par des groupes sahéliens qui n’attendent que ça.

PERSONNE, NI LE PRÉSIDENT OUATTARA NI SES ADVERSAIRES POLITIQUES, NE S’ORIENTE DANS LA BONNE DIRECTION. »

« Nous sommes très préoccupés car personne, ni le président Ouattara ni ses adversaires politiques, ne s’oriente dans la bonne direction. L’état d’esprit général n’est pas le bon dans tous les camps », s’inquiète une source élyséenne. Outre ces sensibles questions politiques, les deux hommes évoqueront aussi la mise en place du troisième contrat de désendettement développement (C2D), pilier de la coopération économique entre leurs deux pays.

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Pour une transition civile rapide au Mali

Autre sujet qui sera évoqué par les deux présidents : la crise au Mali etle coup d’État qui a renversé Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août. Durant les jours qui ont suivi la chute de l’ex-président malien, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara ont beaucoup échangé, mais ne partageaient pas la même position. Alors que le premier a immédiatement acté le départ d’IBK et plaidait pour une transition rapide, le second a essayé durant un temps de remettre son voisin malien en selle et a défendu une ligne dure à l’égard des putschistes. Sa volonté d’asphyxie de la junte n’était pas soutenue par Macron, qui s’inquiétait notamment de la poursuite du soutien logistique aux milliers de soldats français déployés au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane.

IBK étant définitivement hors-jeu, les présidents français et ivoirien sont désormais tombés d’accord. Tous deux partagent l’idée que la situation actuelle ne peut durer à Bamako et que les militaires au pouvoir, le colonel Assimi Goïta en tête, doivent rapidement le quitter et mettre en place un régime de transition d’un an dirigé par des civils – tout en gardant une certaine flexibilité sur le futur calendrier électoral.

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Enfin, Brigitte Macron et Dominique Ouattara, les épouses des deux chefs d’État, ont aussi déjeuné ensemble ce jeudi. Les deux Premières dames devaient notamment évoquer le suivi du fonds pour l’autonomisation des femmes en Côte d’Ivoire qu’elles avaient lancé en 2017. Le couple Ouattara, qui avait passé quelques jours dans sa villa de Mougins (sud de la France) avant de venir à Paris, regagnera Abidjan le 6 septembre.

JeuneAfrique

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