Battu très sévèrement par Faure Gnassingbé, l’opposition togolaise sort groggy du scrutin du 22 février dernier. Si son candidat le mieux placé, Agbéyomé Kodjo, avec ses 19,45% continue à revendiquer la victoire, il va sans dire que les résultats de cette élection vont nécessairement conduire à une recomposition du paysage politique togolais ; les principales formations ayant dominé électoralement la scène (CAR, UFC et ANC) étant désormais au plus bas.

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Plus qu’une grande progression d’Agbéyomé Kodjo, c’est davantage un écroulement de l’opposition que les résultats du scrutin du 22 février ont révélé. En effet, quoiqu’arrivé deuxième, l’ancien Premier ministre est loin d’atteindre le score que pouvaient réaliser un Gilchrist Olympio en 1998, un Bob Akitani en 2003 et 2005 ou encore un Jean-Pierre Fabre en 2010 et 2015.

De fait, en dehors de Yoto et de l’ancienne préfecture du Golfe, le candidat de Mgr Philippe Kpodzro est arrivé largement en deçà des suffrages qu’a obtenu le leader de l’ANC lors des 2 précédents scrutins. Dans les détails, alors que l’ancien lieutenant de Gilchrist Olympio recueillait 5,05% des suffrages dans les Savanes en 2015, le président du MPDD n’en a obtenu qu’1,52. Dans la Kara, c’est 11,71% pour Fabre en 2015 et 3,58% pour Agbéyomé en 2020.

Dans la Centrale, c’est 16,26% contre 3,16%. Dans les Plateaux, c’est 35,79¨% contre 16,12%, tandis que dans la Maritime, Agbéyomé a obtenu 41,75% contre 55,23 pour Fabre en 2015. Celui-ci, connaît le sort (pas pour les mêmes raisons) de Gilchrist Olympio et de Yawovi Agboyibo (avec les législatives de 1994) qui furent très haut avant de connaître une descente aux enfers.

Cette réalité devrait l’inciter à faire preuve d’humilité même si malgré le niveau faible de son score, il incarne aujourd’hui l’opposition togolaise et qu’il peut pavoiser d’être passé en dix ans de 0,91% à près de 20% ; il est vrai avec un appui de taille, celui de Mgr Philippe Kpodzro.

Il lui appartient d’en tirer les leçons et de capitaliser sur ce score inespéré, en prenant le lead sur la restructuration de l’opposition et l’élaboration d’un projet alternatif, susceptible d’animer le débat public. Plus que jamais, les adversaires de Faure Gnassingbé se retrouvent divisés et à la croisée des chemins.

Le silence des principaux dirigeants sur la victoire que revendique Agbéyomé Kodjo est symptomatique du peu d’estime qu’ils lui portent. Lui qui au surplus, malgré ses 20% d’électeurs, n’a pas un matelas suffisant de militants pour s’essayer à l’aventure des manifestations tous azimuts comme pouvait se permettre l’ANC ; sans résultats par ailleurs.

Autant dire que pour l’ancien Premier ministre, le plus dur sera maintenant la gestion de son statut ( de fait) de chef de file de l’opposition et non le combat perdu d’avance de prise du fauteuil présidentiel.

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