Alors que la crise que traverse son pays faisait exactement quatre mois, Faure Gnassingbé, le Président togolais qui n’a pas l’habitude de prendre la parole sur plusieurs sujets et qui ne s’est d’ailleurs jamais prononcé depuis le début des hostilités en Aout 2017, a choisi le magazine panafricain pour s’y épancher longuement.

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Aucune question n’a été laissée sur le carreau. Du dialogue à son appartenance familiale en passant par ses prétentions électorales en 2020, la sortie des milices, l’attitude de l’opposition etc…, tous les sujets ont été passés au peigne fin et sont perçus dans certains milieux comme étant des vérités de Faure Gnassingbé qui doivent faire tourner sérieusement les méninges à la coalition des 14 Partis politiques qui battent le pavé de façon quasi hebdomadaire pour demander entre autre son départ du pouvoir.

 » Il est illusoire et inopportun d’envisager un retour à la constitution de 92 « 

Abordant la principale revendication de ses adversaires, Faure Gnassingbé a situé la constitution de 1992 et la modification qui s’en est suivie en 2002 dans leur contexte. Pour lui, la constitution de 1992 a été initiée par une assemblée monocolore, de même que la modification de 2002 qui fait aujourd’hui objet de contestation de la coalition des 14 partis. Le Président togolais a estimé qu’il faille aller de l’avant.

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Ce qui est une réalité dans la réponse du Chef de l’État à cette question, c’est que, au lendemain de la conférence nationale de 1991, le parlement de transition issu de ces assises était totalement acquis à l’opposition, ce qui fait qu’un texte taillé sur mesure et qui portait en lui les germes de son inapplicabilité avait été soumis au référendum et voté les yeux fermés par une écrasante majorité de nos populations.

La première conséquence de cette loi fondamentale était que le Président de la République et son Premier Ministre avaient du mal à cohabiter. En 2002, la quasi totalité des députés étaient acquis au Président Eyadema, par la faute de l’opposition qui à l’époque, avait brillé par son absence au rendez-vous électoral. Pour le Président de la République il faut tout simplement aller de l’avant.

 » Echec de la tentative de prise de pouvoir par la rue « 

C’est sans langue de bois que le Président de la République a décrit le scénario qui a été enclenché contre son trône depuis le 19 Aout 2017.

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 » Ce à quoi nous avons assisté ensuite n’était rien d’autre qu’une tentative de prise de pouvoir par la rue.
Elle a échoué. « .

Cette affirmation est d’autant vraie dans la mesure où le mode opératoire de la coalition au lendemain de l’échec des manifestations du PNP les 19 et 20 Août dernier, c’était de projeter une manifestation de trois ou quatre jour, faire sortir les militants dans la rue dès le premier jour et y rester jusqu’à la chute du pouvoir de Faure Gnassingbé.

Pour preuve, c’est l’attitude des manifestants en Septembre qui ont voulu assiéger jusqu’au-delà de 22 heures le quartier Deckon et la place colombe de la paix.

En effet, ce plan a échoué étant donné que la loi qui encadre les manifestations de rue n’autorise aucun attroupement ou rassemblement sur la voie publique après 22heures. Cette vérité dite par Faure Gnassingbé prouve là aussi que le plan concocté par l’opposition a été su et contrecarré.

 » Les constitutions disposent pour l’avenir, non pour le passé « 

Le gouvernement a initié un avant-projet de loi qui limite déjà le mandat Présidentiel à 5 ans deux fois, pareil pour celui des députés et qui institue le mode de scrutin à deux tours. Cette proposition qui n’a pas eu la chance d’obtenir le quota des 4/5 requis pour être adopté par consensus a été néanmoins approuvé par les 2/3 des députés ce qui, selon la constitution de 1992 ouvre la voie à un référendum.

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Cependant, l’opposition insiste sur le bout de phrase qui a tout l’ère de personnaliser le débat. En insistant que l’on introduise comme cela avait été le cas en 1992 le bout de phrase  » en aucun cas nul ne peut exercer plus de deux mandats », le Chef de l’État semble être visé et pour cause lorsque des réformes ne sont pas faites dans l’intérêt supérieur de la nation mais faites pour indexer un individu, cela pourrait à terme créer des difficultés à la nation.

Pour ceux qui sablent déjà le champagne parce qu’ils peuvent empêcher Faure Gnassingbé de ne pas se présenter aux élections de
2020, il dit clairement que « les constitutions disposent pour l’avenir, non pour le passé ».

Cette phrase sonne comme un coup de massue sur la tête de l’opposition qui croyait dur comme fer qu’elle peut réaliser cet exploit, contrairement aux dispositions universelles établies.

« Les groupes d’autodéfense sont condamnables et nous les condamnons « 

Les habitants de Lomé et de ses environs ont aperçu des groupes organisés munis d’armes blanches dans des voitures banalisées au cours du mois d’octobre, au lendemain de la journée dite de colère. Ces groupes ont été étiquetés comme des miliciens mais le Chef de l’État décidé de dire la vérité à l’opinion nationale et internationale a désigné par groupe d’autodéfense ces messieurs et il a d’ailleurs eu à condamner cette attitude de ces groupes.

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Sous d’autres cieux, ç’aurait été un autre dirigeant qu’il nierait complètement l’existence de ce groupe.

« Le référendum est une disposition constitutionnelle »

Faure Gnassingbé a annoncé la tenue d’un referendum après le dialogue. L’expression tant redoutée et rejetée par la coalition de l’opposition or, la constitution de 1992 modifiée en 2002 prévoit qu’en cas de défaut des 4/5 pour modifier la constitution, un quota de 2/3 est largement suffisant pour soumettre le texte au referendum.

Aujourd’hui, Faure Gnassingbé ne semble pas être pressé pour appeler à cette consultation référendaire mais, il souhaite que le dialogue ait lieu, que toutes les parties prenantes aient leurs avis sur le nouveau texte avant son adoption par le peuple.

Parlant justement du dialogue, contrairement au désir de la coalition d’écarter d’autres partis qui animent la vie politique de notre nation et qui ne s’intéressent pas aux manifestations de rue, Faure Gnassingbé a déclaré

 » nous avons aussi des partis qui n’ont ni manifesté, ni revendiqué et qui agissent dans le cadre des institutions ils ont aussi le droit de participer. « 

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Plusieurs autres sujets ont fait l’objet de décryptage par Faure Gnassingbé avec le Rédacteur en Chef du Magazine panafricain François Soudan. Sur plusieurs points, les vérités de Faure Gnassingbé considérées par la coalition comme de la provocation leur font tourner déjà les méninges. Aujourd’hui il est clair que plus de 4 mois de manifestations sans aucun résultat, c’est clair que toutes les tentatives de prise de pouvoir par la rue ont échoué il faut donc élaborer d’autres stratégies.

Et en terme de stratégies, Faure Gnassingbé l’a évoqué, en démocratie, la seule façon d’accéder au pouvoir c’est par les urnes. Il est donc totalement inconcevable que des gens pensent faire autre chose que de sensibiliser leurs militants à la culture des élections et de prise de pouvoir par les urnes.

Quoi qu’on dise aujourd’hui, cette interview de Faure Gnassingbé aura le mérite de sortir l’opposition de ses illusions, de revoir ses prétentions à la baisse et de descendre finalement de son piédestal et voir la réalité en face.

Un pouvoir surtout démocratique se conquiert par les urnes il ne saurait s’arracher par la rue tel est l’enseignement que donne l’entretien de Faure à l’opposition. En attendant que le dialogue soit ouvert chaque partie doit travailler à la réussite de ce rendez-vous, en vue de remettre le Togo sur les rails du développement.

Source: Eveil de la Nation No 517

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