« Il n’y a pas de détenus politiques au Togo » ! C’est la déclaration phare qu’a relayée la semaine dernière le confrère Togobreakingnews de la part du Ministre Christian Trimua des droits de l’homme et des relations avec les institutions de la République. Des propos tenus par cet ex conseiller de Faure Gnassingbé, lors du dîner de presse organisé par le Collectif des associations contre l’impunité au Togo (Cacit) et la représentation Togo de l’Union Européenne à l’occasion de la Journée internationale de la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme (DUDH) célébrée le jeudi 10 décembre dernier. Une déclaration hautement polémique dans un contexte déjà tendu.

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Depuis plusieurs jours, l’arrestation de Brigitte Adjamagbo-Johnson et de Gérard Djossou défraient la chronique. Ces deux personnalités politiques de la Dynamique Mgr Kpodzro sont accusées notamment d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat. Ces arrestations ont fait resurgir une certaine tension sur la scène politique quelque peu en léthargie depuis la prestation de serment le 03 mai mai dernier par Faure Gnassingbé pour un 4e mandat, deux mois après la contestée élection présidentielle du 22 février 2020.

Les élucubrations de Christian Trimua…

En effet, selon le ministre des droits de l’homme et des relations avec les institutions de la République, il n’y a aucun détenu politique dans les geôles du régime de Faure Gnassingbé contrairement aux affirmations des organisations de défense des droits de l’homme aussi bien sur l’échiquier national qu’international. « Le Togo n’a pas de détenus politiques. Au fond, ce sont des éléments de langage de vocabulaire qui sont utilisés à des fins politiques mais du point de vue judiciaire ce sont des détenus de délit de droit commun», a déclaré Christian Trimua. « Si nous voulons les faire libérer alors prenons le statut judiciaire qui leur a été donné et traitons les sur la base de ce statut judiciaire et dans ce cas nous leur rendons service », a ajouté l’ancien Secrétaire d’Etat.

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Le juriste de la Binah a choisi ainsi de prendre le contre-pied d’Amnesty International qui a laissé entendre il y a quelques jours que « les nouvelles arrestations d’opposants (ndlr : togolais) s’inscrivent dans une répression croissante des voix dissidentes ». Pour l’organisation, c’est l’illustration que les autorités togolaises veulent réduire au silence l’opposition. Mettre des politiques en prison pour des chefs d’accusation politique au nom d’une volonté résolue de réduire l’opposition au silence, si ce n’est pas une détention politique, on se demande comment on doit le qualifier alors. Peut-être Trimua plaide indirectement pour qu’on proscrive le qualificatif «détenu politique» du langage juridique.

Or justement, l’une des missions de Christian Trimua est de veiller à la promotion et la protection des Droits de l’Homme au Togo. Mais dans sa volonté de défendre bec et ongles le régime cinquantenaire, ce jeune juriste qui suscitait hier admiration quand les Togolais l’ont découvert fraîchement en 2006, se mélange les pinceaux en sortant des élucubrations peu dignes d’un homme dont nous encensions l’intelligence dans nos colonnes il y a quelques mois.

Coutumier du fait….

Malgré tout, les propos attentatoires du ministre des droits de l’homme et des relations avec les institutions de la République ne sont guère surprenants. Et pour cause, Christian Trimua est coutumier des déclarations qui heurtent l’opinion.

Il nous souvient, en effet, qu’en septembre 2017, au moment fort de la crise sociopolitique qui a secoué le fauteuil présidentiel, l’ancien Secrétaire d’Etat avait invité l’opposition à prendre les armes, si elle veut prendre le pouvoir. « Prenez les armes », avait déclaré Christian Trimua lors d’un débat sur la chaine africa 24.

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Des propos scandaleux sur lesquels il a trouvé nécessaire de revenir quelques jours plus tard. « Je n’avais aucune intention d’appeler à prendre les armes. La phrase est sortie sous l’effet de la pression. C’est dû à l’agacement. J’étais agacé », a-t-il expliqué avant d’ajouter « ce n’était pas mon intention et je n’ai aucun intérêt à lancer ces genres d’appels. Je m’en excuse donc ». Mais il est clairement établi que les lapsus ne traduisent que nos subconscients. Trimua a beau se dédouaner, cela n’enlève point le sens de responsabilité que lui revêtait sa présence sur ce grand plateau en cette période précise et dont il ne dira point en avoir mesuré le sens avant de « se laisser emporter par l’agacement ». Chassez le naturel il revient au galop dira l’autre philosophe. La preuve a été que face à un autre cas d’agacement-celui du terme prisonnier politique-ce juriste est encore sorti de lui-même pour tenir des propos qui ont fait sourciller les convives de ce haut parterre du 10 Décembre dernier. Pourtant c’est cet homme qui hier avait été malmené par le régime cinquantenaire pour une histoire de femme, une histoire que nous autres avions qualifée de divers en ce sens qu’on ne peut pas mettre sur le même autel une affaire personnelle et le besoin que le pouvoir avait des compétences de ce jeune juriste ; si tant est qu’on veut dégager une once de sérieux. Mais voilà la gratitude que renvoie ce fils de Pasteur à l’opinion qui avait hier maugréé sa mise à l’écart par le système pour une histoire légère.

Un danger pour la cohésion sociale…

Pour des propos venant d’un homme qui a un diplôme en communication stratégique, on se demande s’il faut désormais appréhender Trimua dans sa nature ou avec les compétences qu’il se déclare. Est-il que c’est en âme et conscience qu’il se livre à cet exercice qui consiste à narguer les adversaires politiques soumis aux sévices du régime cinquantenaire.

Et en cela ces paroles ne feront qu’accentuer la fracture sociale de plus en plus marquée. Ce qui n’augure pas des lendemains meilleurs pour la cohésion et le vivre ensemble prêchés par Faure Gnassingbé depuis son avènement au pouvoir. Dans tous les cas, elles montrent l’état d’esprit va-t’en- guerre du virevoltant Christian Trimua. Elles constituent par ailleurs, un danger non seulement pour la politique de son patron mais aussi pour la consolidation d’un Etat de droit.

« La paix sur les lèvres la violence dans l’Esprit » avions-nous titré à l’époque un de nos articles alerte sur cette réfraction légendaire que certains togolais, haut placés, ont de la critique et de la contrariété. Une attitude qui représente finalement un fléau pour le vivre ensemble au Togo en ce sens que ses racines sont profondes très profondes. Mais il faudra les césariser d’une manière ou d’une autre pour avancer.

Source : Fraternité

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