La crise que traverse le Togo depuis plus de trois mois a pris des proportions inquiétantes avec des discours aux antipodes de l’apaisement de certains leaders de l’opposition. En dépit des mesures d’apaisement prises par le gouvernement et l’implication de la communauté internationale dans la recherche de solutions, les manifestations politiques ne faiblissent pas. La semaine dernière, la coalition des 14 partis de l’opposition et ses militants étaient encore dans les rues pour la même ritournelle : retour à la constitution de 1992.

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Face à cette crise qui secoue le pays, plusieurs voix non des moindres se sont élevées pour appeler les protagonistes au dialogue. La rencontre à Paris entre le président Condé et une délégation de l’opposition en est une illustration. Le 29 Août dernier, en marge du sommet UE-UA à Abidjan, le président Macron s’est prononcé sur cette crise en lançant un appel pressant à tous les acteurs d’aller aux urnes, la seule voie pour une confirmation démocratique ou une alternance.

Le président de la république française a estimé qu’il est important au Togo qu’il puisse y avoir un cadre électoral dans lequel les oppositions aient la possibilité de s’exprimer. Pour Emmanuel Macron, il faut aller aux urnes avec un processus électoral qui doit faire l’objet d’un contrôle pour s’assurer de sa sincérité et permettre soit une confirmation démocratique, soit une alternance.

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Le souhait le plus ardent d’Emmanuel Macron est de voir le peuple togolais s’exprimer librement. Le chef de l’Etat Français a également émis le vœu que le cadre du pluralisme soit respecté et que les oppositions puissent faire valoir leurs arguments lors des joutes électorales.

Cette réaction du chef de l’Etat Français loin de faire l’assentiment des acteurs politiques togolais a plutôt suscité des critiques acerbes de la part de l’opposition. Vendredi dernier lors de ses sorties tonitruantes, le chef de file de l’opposition togolaise, Jean-Pierre Fabre, estime que le président français Emmanuel Macron est loin des réalités du Togo.

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Dans ses propos incendiaires, le président de l’ANC, déclare que c’est le peuple qui réclame le départ de Faure Gnassingbé. Selon ses propres termes, le pouvoir incarné par Faure Gnassingbé doit s’en aller. C’est curieux d’entendre Fabre, chef de file de l’opposition prononcer un tel discours après avoir accepté rencontrer le président Alpha Condé à Paris pour baliser la voie à un dialogue qui devrait s’ouvrir très prochainement.

Cette inconstance de discours de Fabre a créé un tollé général au sein de l’opinion qui se demande si réellement l’opposition veut aller au dialogue ?

En acceptant rencontrer le président Guinéen à Paris, l’opposition a déjà donné son aval pour un probable dialogue destiné à la décrispation de la crise. Cependant, avec l’inconstance de discours de Fabre qui manifeste sa volonté d’aller au dialogue en réclamant le départ de Faure, l’immense majorité des togolais redoute que cette position ne vienne porter un coup dur au bon déroulement des discussions. Certes, l’opposition avant de prendre part au dialogue a posé des préalables que le pouvoir est en train de respecter en prenant des mesures d’apaisement. Mais l’exigence de voir le chef de l’Etat Faure Gnassingbé quitter le pouvoir avant la fin de son mandat qui s’achève en 2020, prouve à suffisance que l’opposition veut une chose et son contraire. Dans les préalables de l’opposition, il n’est jamais fait cas du départ immédiat de Faure Gnassingbé avant toute discussion.

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Fabre cherche à retarder les choses en s’appuyant sur le peuple. Il est temps que le peuple soit fixé sur la réelle motivation de l’opposition qui donne son quitus pour le dialogue et qui de surcroit demande le départ immédiat de Faure Gnassingbé. Dans une démocratie qui se veut inclusive, le processus démocratique passe nécessairement par les élections et non par un appel à la rue ou à la sommation de voir un président en cours de son mandat rendre sa démission sans aucune forme de procès.

Aujourd’hui, tout le peuple Togolais aspire au changement mais que celui-ci respecte les normes démocratiques. Fabre, au lieu de critiquer vertement le président Emmanuel Macron qui n’a fait que donner son avis sur la situation politique au Togo, ferait mieux de revoir ses états d’âme pour ne pas créer des atermoiements autour de ce dialogue tant voulu par le peuple togolais.

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