Le PNP (Parti national panafricain) vient d’enregistrer ce 10 Août la libération de son conseiller Ouro-Djikpa. Il est en liberté après une détention sans tête ni queue au SRI sur des motifs que seuls les tortionnaires de ce service de triste renommé maitrisent. Gardé sans jugement depuis trois mois, l’un des conseillers de Tikpi Atchadam a été arrêté le 20 avril dernier à Agomé, un quartier de la commune d’Agoè, par le SRI.

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Il a ainsi passé tout ce temps en toute privation de liberté. Il y a quelques semaines, dans l’une de nos éditions, nous vous faisions la confidence selon laquelle un juge a déploré leur embarrât suit au fait que, après avoir cherché vainement un chef d’’accusation pour l’envoyer à la prison civile de Lomé, il est demandé aux magistrats en charge du dossier de « trouver un argument pour libérer Ouro-Djikpa de façon à ce que l’Etat ne perde pas la face ». On y est, il est enfin libre, mais jusqu’ici, ni la victime, ni les bourreaux ne pourront nous dire ce qui fonde sa détention. Une détention analogue à celles des citoyens toujours injustement détenus dont voici la liste :

LISTE ACTUALISÉE DES DÉTENUS DU PNP Détenus du 13/04/2019
1-Sébabé-Guéffé Nouridine
2- Moumouni Ganiou
3- Ali Sadikou
4- Ayéva Abibou
5- Abaloutou Zakari Aïda
6- Dermane Antarou
7- Aboubakar Biagui
8- Djidéal Abdoul-B astou
9- Bodé Abdoul-Manaf
10- Affo Nazif
11- Houdou Abdoul-Aziz
12- Ouro-Koura Sabtiou
13- Amou Mawouli
14- Modjokouboo Salissou
15- Gnanou Abraham
16- Karga Ninikèringuè
17- Akarawato Aminou
18- Kérim Safianou
19- Takpara Gouni Mohamed
20- Ouro-Koura Salissou
Détenus depuis novembre 2018
21- Taïrou Abdoul
22- Amadou Aboubakar
23 – Nounato Igwé
24 – Djobo Moukaïla
25- Issakou Tidjani
26- Koulitime Ganiou
27- Koutoulou Moutakilou
28- Ouro-Gafou Okachatou
29 – Tchitchi Ismaël
30- Anoumou Charles
31- Tagba Ayaba Nafiou
32- Adam Mounirou
33- Ouro-Kolome Agbome
34- Ali Djo 35 – Koutodzo Alex
36 – Banavèi Bala
37- Kondofia Djibril
38- Djéri Nouridine
39 – Adam Amissou


Présentement à la prison civile de Lomé, tout comme Ouro Djikpa, c’est bien pour le même mo tif que les 20 personnes arrêtées avec ce dernier sont toujours détenus. Mais si Mr Ouro Djikpa est Allemand de nationalité, les autres sont purement Togolais. Donc les arguments qui ont suffi pour habiller les 20 détenus ne sont pas crédibles pour détenir le conseiller du PNP, d’où sa libération. Les motifs de l’arrestation de M. Tchatikpi n’ont jamais été officiellement communiqués, et il n’a jamais été présenté à un juge.
Toutefois, plusieurs militants du parti sont en détention suite à la marche réprimée du 13 avril dernier. Ces arrestations qui sont intervenues dans un climat de répressions tous azimuts du parti de Tikpi Atchadam. Et dans une République qui a encore un grain de crédibilité à échange r, la libération du conseiller devait automatiquement conduire à celle de ses codétenues qui ont commis le crime de ne pas être allemands.

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Cette situation est d’autant plus paradoxale que, à sa dernière session, le Comité contre la torture des Nations U nie s a vivement recommandé la fermeture de cette prison de la capitale, un centre qui est censé être le haut lieu du redressement moral pour ceux qui s’égarent à un moment de leur parcours. Vous comprenez donc que pour trouve r un chef d’accusation afin d’embastiller des citoyens dans une prison autant pourri au point où les in stances sérieuses demandent sa fermeture, les arguments foisonnent, encore quand on est entre Togolais.
Craignant les mouvement de foules et autres manifestation de j oie devant la fin d’une injustice, c’est en catimini que le capitaine en charge du dossier Ouro a été obligé de libérer le cadre du PNP en prenant les dispositions pour que personnes ne s’en rendent compte jusqu’à ce que ce dernier n’arrive à son domicile. Entre taxi moto et taxi, tous les moyens de transport ont été de toute façon utilisés pour conduire Ouro-Djikpa chez lui loin des regards.
Ceci rappel deux autres évènements, la libération de l’Imam Alfa Abdoul Wahid de Bafilo et de celle de l’imam Hassan Mollah de Sokodé. Alfa Hassan fut arrêté ou plutôt enlevé le lundi 16 octobre 2017 à son domicile de Tchawanda entre la prière de 18heures et celle de 19 heures. Il est emmené cette nuit-là vers une destination inconnue. On apprendra quelques heures après que cet influent imam enlevé par une unité spéciale dépêchée de Lomé est déposé à la prison civile de Kara située à plus de 70 km du lieu de son enlèvement. La nouvelle de son «arrestation» fit le tour du monde. Tout comme celle de Ouro – D jikpa, il a é té impossible de trouver un motif valable à une longue détention de l’imam, il finit par être libre. Arrê tés dans des conditions rocambolesques le 16 octobre 2018 à Sokodé, une semaine après, c’est le tour de son collègue de B afilo. Lui aussi un jeune imam Mollah du nom de BABAY I T. ABDOUL WAHID. Il est enlevé au cœur de la nuit devant sa femme im puissante par des gendarmes envoyés de Kara. Le jeune imam n’est plus à présenter à Bafilo, et son arrestation naturellement n’a laissé personne indifférent. Dès les premières heures de son enlèvement, les inquiétudes ont été grandes et pour un pays habitué aux bavures de tous genres, la gr an de interrogation au niveau de sa famille était de savoir où est-ce que les corps habillés ont emmené l’imam. Des informations publiées par le RE JADD (Regroupement des Jeunes Africain s pour la Démocratie et le Développement ), l’une des rares associations de défense des droits de l’homme encore crédible, tirait sur la sonnette d’alarme.
La femme du religieux musulman, interpellé dans des conditions peu orthodoxes, tôt aux environs de 3 heures du matin, à son domicile à Bafilo, les a saisi nuitamment pour se plaindre de ce qu’elle « cherche désespérément dans les lieux de détention (gendarmerie de Kara, prison civile de Kara, gendarmerie de Bafilo ) son mari sans le trouver»». Leur détention qui n’a fait que crisper le climat déjà délétère dans le pays, surtout dans la partie septentrionale, a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Avec son frère et doyen de Sokodé, les deux imams mollah sont libérés après deux mois en prison à Kara. Si le mo tif de l’arrestation de l’ Imam Mollah de Sokodé, aussi fallacieux qu’il paraisse, est connu, on ne sait toujours pas ce qu’on reproche concrètement à l’Imam Wahib.

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D’ailleurs les publications après cette libé ration ont reconnu que la libération a été « exceptionnelle » tout comme l’arrestation d’ailleurs. Les alentours de la prison civile de Kara ont été bouclés par des militaires, bérets rouges qui, d’ailleurs, selon nos sources ont sécurisé les deux chefs religieux jusqu’à leur destination respective. Fait marquant, après les formalités d’usage qui se sont déroulées aux alentours de 12h 10 mn, les deux religieux ont décidé de prier avec leurs frères musulmans gardés encore en détention. Ils ont tenu à le faire parce que la prière du vendredi est très importante pour les musulmans. Les Imams, après la prière, ont saisi l’occasion pour remercier leurs frères qui les ont soutenus et encouragés durant ces semaines d’épreuves.
Les deux Hommes de Dieu ont quitté la prison civile de Kara aux alentours de 14h30 mn. A part les membres des familles des Imams qui ont fait nombreux le déplacement et qui attendaient hors de la prison, d’autres citoyens, adeptes, amis et proches de ces deux responsables religieux ont également fait le dé placement pour les accueillir et les conduire à leur destination respective. De la prison à leur domicile, c’était des cortèges en liesse. Une euphorie que les bourreaux n’aiment pas voir. Leur libéra tion rentrait beaucoup plus dans le cadre d’une libération d’otages politique que l’Etat a jugé bon de détenir afin de s’en servir comme une monnaie d’échange dans les préalables du dialogue. Inutile de vous rappeler que le Jeudi qui précédait leur libération, face à la presse, le gouvernement a étalé des mesures prises à son niveau pour jouer à l’apaisement au regard de la crise qui secoue le pays. Les émissaires ayant laissé entendre que des mesures sont en cours visant à libérer les imams ainsi que les autres manifestants arrêtés puis incarcérés. La libération des imams est saluée par la coalition de l’opposition qui a aussitôt tenue une conférence de presse. Elle dit saluer la mesure et a pris acte de s dernière s actions du gouvernement. Elle félicite au passage, les chefs d’Etats qui se sont impliqués dans la résolution de la crise togolaise. Une situation qui amène le REJADD d’Assiba Johnson, au-delà de l’invite «»aux autorités togolaises à communiquer à la famille de l’imam AL FA Ab doul Wahid le lieu de détention de ce dernier» . In fine, l’otage d’Assoli est localisé à la prison civile de Kara. Cela n’a pas empêché au REJADD de souligner que « … cette arrestation viole le principe d’inviolabilité du domicile. Ce principe protège les droits à la vie privée des citoyens. L’heure légale, à laquelle, sur mandat du parquet, une personne peut être arrêtée part de 6h du matin à 21h le soir». Et donc, que «l’arrestation de l’imam ALFA Abdoul Wahid de B afilo viole également l’article 28 de notre Constitution qui protège le domicile et l’article 17 al 1 et 2 du pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui dis pose : «Nul ne se ra l’ob je t d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur et à sa réputation». Et enfin pour le REJADD, «le fait pour les autorités togolaises de ne pas communiquer l’endroit où se rait détenu l’imam à sa famille ou son conseil viole l’article 16 de notre constitution qui dit: « Tout prévenu à droit de se faire assister d’un conseil au stade de l’enquête préliminaire ».

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Depuis les évènements du 19 août, de telles violations sont monnaie courante au Togo. Bafilo notamment en a fait de tristes expériences, le dernier mort au Togo est enregistré à Bafilo. Un jeune du nom de Alissera ZEHI DINE dont le nom a circulé sur une liste des personnes recherchées avant qu’il finisse par être ab at tu lors de la dernière marche du 13 avril dernier. Depuis la mort de ce jeune homme, beaucoup de ses camarades et proches se font discrets. Il faut souligner que ZEHDINE a été battu à mort après une course poursuite avec les forces de l’ordre qui finiront par se défendre avec l’argument selon lequel la victime est tombée. Avant lui, en 20 17 des jeunes comme Tchagolé B.
Gado, Agoro et un autre ami, entretemps battus et laissés pour mort lors de la marche réprimée du 05 octobre 2017, n’ont eu la vie sauve que grâce à une évacuation rapide sur Sokodé, puis sur Lomé à la clinique Bang’n a. C’est ainsi que dans la nuit du 24 juin 2019, une fois encore les forces de l’ordre munis d’une lis te sont venus cherche r Mr Tchagolé Gado à son domicile, sans le trouver Zehidine n’aura pas cette chance et partira en laissant une femme inconsolable et deux enfants. L’un des responsables qui ont osé porté assistance à ces jeunes évacués de Bafilo ferra d’ailleurs la prison avant d’être relâché, lui aussi, pour cause de sa double nationalité. Le Vendredi 08 décembre 2017, après 53 jours de détention, l’Imam Hassan est libéré en compagnie de Alfa Wahid de Bafilo, enlevé quelques jours plus tard.
A son arrivé au domicile, d’entrée de jeu Alf a Hassan a tenu à remercier Dieu et tous ceux qui, de près ou de loin ont compati à ses douleurs et à celles de sa famille pendant les moments difficiles et ont contribué à sa libération. Il précisera qu’il n’a pas peur de ses adversaires ou détracteurs, c’est pourquoi, malgré un projet de voyage, il a tenu à faire la prière de vendredi dans sa mosquée pour s’adresser à ses fidèles, les encourager et leur prouver qu’il reste le même amoureux de la vérité, de la justice et de l’être humain tout court.
Tout comme son frère de Sokodé, autant l’enlèvement d’Abdoul Wahid a mobilisé les foules, autant sa libération a fait parler d’elle. Ces mouvements ne sont pas du genre à faire sourire les bourreaux, ils ont pris donc les dispositions pour que l’histoire ne se répète pas. Au centre de toute ces arrestations et libérations, un parti politique le PNP.


Tout comme son frère de Sokodé, autant l’enlèvement d’Abdoul Wahid a mobilisé les foules, autant sa libération a fait parler d’elle. Ces mouvements ne sont pas du genre à faire sourire les bourreaux, ils ont pris donc les dispositions pour que l’histoire ne se répète pas. Au centre de toute ces arrestations et libérations, un parti politique le PNP.

Source: Le Rendez-Vous N° 343

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