Le vrai faux suspense est définitivement enterré le 07 janvier dernier avec le « OUI » de Faure Gnassingbé, qui veut rempiler pour un nouveau mandat, son quatrième à la tête de l’Etat du Togo. Ses courtisans et ou partisans saluent son bilan élogieux pour justifier la nécessité qu’il poursuive dans la dynamique salutaire imprimée à sa gouvernance durant les quinze années de pouvoir.

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Or, à y voir de près, le Togo sous Faure Gnassingbé n’a été qu’une gouvernance du contraire, gouvernance de paroles avec des promesses qui se font sans que les populations ne puissent en bénéficier. Pis, elles subissent l’effet contraire desdites promesses.

Sous la tristesse d’un ciel où gémissent des populations affamées, leur vie hypothéquée par la volonté de leurs propres compatriotes qui eux, ne se soucient que de leurs paradis fiscaux avec la détermination de tout donner pour renflouer leurs comptes, c’est bien dans cette atmosphère de tristesse inouïe pour ceux qui rêvent de trouver trois repas par jour, que celui qui est toujours présenté à tort ou à raison aux populations affamées comme leur porte-malheur, est passé de vie à trépas. Elles attendaient dès lors, le changement de leur quotidien avec la ferme conviction que rien ne sera plus comme avant. C’était encore un rêve.

Car, le roi est mort, vive le roi. Mais au début, tout dessinait la volonté du nouveau-maître de tout corriger: « Lui, c’est lui, moi, c’est moi ». C’était en réalité la nouvelle devise du « changement », la devise de l’espoir, celle de la rupture. Et pour les peuples massacrés, pour des populations exilées embrassant nuit et jour la faim et le calvaire, il leur faut des discours de compassion, les faire écouter des chants de la rédemption, leur faire croire la fin de leur passé de peuple sans aucune considération. Ni peur ni glaive ni faim, en vérité, c’était l’image du nouveau jardin d’éden racheté qui leur est présenté avec de belles promesses pour attester de la bonne foi de la nouvelle équipe dirigeante. Ainsi débuta le baptême des périodes quinquennales du nouveau «roi».

2005-2010: le mandat de la réconciliation ou le vernissage

« Plus jamais ça sur la Terre de nos aïeux ! Plus jamais de pertes gratuites de vies humaines ! Plus jamais de vagues d’attentats, de troubleset de violences insensés, ponctués d’actes inciviques, de vandalisme et de dégradations d’édifices publics ! Plus jamais d’exode des populations à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières ! Non plus jamais cela ! (Car) Nous devons nous atteler à proscrire la violence politique et à combattre résolument l’impunité ». C’est dans ce lyrisme anaphorique que le jeune Président a véritablement lancé son quinquennat.

Tout est fait avec minutie pour séduire et se faire aimer par une population longtemps opprimée et qui, fatiguée de son sort, s’en est depuis remise à la Providence pour conjurer ce mauvais sort. Quant au nouveau Président du système ancien, les discours sans les actes se multiplient dans le cadre de la réconciliation décrétée. « Jamais plus la politique ne doit faire couler le sang au Togo ». Ce discours tenu en 2009, soit à un an des élections présidentielles de 2010, était bien en contradiction avec l’attaque de Pâques du dimanche 12 au lundi 13 avril 2009 où des treillis innocents sont tombés dans un conflit fratricide, plus tard présenté à l’opinion comme le « coup d’état » de Kpatcha Gnassingbé.

Plusieurs autres faits, comme le renvoi de neuf députés, anciennement de UFC, de l’Assem blée nationale, l’exécution sélective des recommandations de la CVJR, Commission, vérité, justice et réconciliation, la gestion militarisée des élections présidentielles de 2010 avec un régime vomi toujours proclamé vainqueur dans des conditions dénoncées par la plupart des Togolais, etc. tout cela a contribué à exacerber la division au sein des populations.

Ainsi, le mandat de la réconciliation décrété par le président Faure Gnassingbé aplus divisé la nation togolaise que jadis, et aujourd’hui, nul, à moins qu’il ne soit sincère avec sa conscience, n’osera dire que la réconciliation est une réalité au Togo. Les évènements du 19 août 2017 en disent long sur l’état de la nation togolaise. La division est plus profonde qu’avant le 05 Février 2005.

2010-2015: Mandat des grands travaux ou le grand scandale financier

« La route du développement passe par le développement de la route ». Cet adage est connu de tous, de Faure Gnassingbé aussi. Alors, pour donner une idée de celui qui s’est véritablement engagé pour le développement de la nation togolaise, le président togolais, Gnassingbé Faure a lancé en 2011, la politique des grands travaux. De grosses dettes ont été alors contractées sur le dos du contribuable togolais afin de lancer la construction et la réhabilitation des infrastructures routières. Dans cet esprit, l’on note pour l’essentiel, la réhabilitation des routes principales du pays. Seulement, la politique des grands travaux semble ne pas suffisamment prendre en compte les pistes rurales qui constituent en réalité la majeure partie du réseau routier togolais.

Plus grave, plusieurs routes principales du pays ont été médiocrement réhabilitées, nécessitant parfois de nouveaux décaissements pour reprendre les mêmes chantiers ou refaire les mêmes tronçons. Le hic, sinon le pic dans cette histoire de politique des grands travaux du gouvernement togolais, reste la décision de réhabilitation de la route Lomé-Vogan-Anfoin qui finalement, va se révéler le plus gros scandale financier jam ais enregistré sous la gouvernance «faurique». Le nom de M. NinsaoGnofam, ministre des Transports et des Infrastructures à l’époque des faits, est cité dans ce scandale.

Plus de 25 milliards de FCFA se sont mystérieusement volatilisés sans que le ministre Gnofam interpellé en 2018 par la représentation nationale, ne soit en mesure de tout justifier concernant la gestion de ses fonds devant les députés, se versant maladroitement dans un ramassis d’arguties impropres à convaincre. S’agissant du président togolais, sa plus grande prouesse contre ce qui s’apparente à une forme de détournement de deniers publics, a juste été de débarquer ledit ministre du gouvernement. C’était la même «sanction» appliquée à Guy Lorenzo, ancien ministre des Sports, cité dans le scandale de disparition de 600 millions de FCFA dans le budget alloué aux Eperviers lors de la CAN 2017. L’impunité se nourrissant de l’inaction, les scandales financiers ont encore de beaux jours au Togo.

2015-2020: Mandat social, la grande illusion

Mandat social ou le 3e mandat de Faure Gnassingbé : c’est justement celui qui a plus marqué les esprits par la fréquence des revendications sociales. Grève des enseignants, débrayage des praticiens hospitaliers, grogne des fonctionnaires… jamais le pays n’a été autant secoué par des mouvements d’humeur à répétition des populations togolaises réclamant de meilleures conditions de travail et de vie. Sans pouvoir les satisfaire et usant des ruses et des subterfuges pour toujours calmer les énergies, le gouvernement togolais a, un moment donné, plutôt corsé l’addition pour les pauvres Togolais avec la flambée du prix des produits de première nécessité.

 C’est donc l’augmentation du prix du carburant à la pompe, et la spontanée contestation des populations qui a causé la mort d’un jeune chauffeur de Taxi, Alabi Nadjinoudine, tué par balles dans des conditions jusqu’aujourd’hui, non élucidées. C’est également au cours de ce mandat social, que l’on a plus noté des licenciements dans les sociétés publiques (Togo Telecom, à titre d’exemple), la privatisation tous azimuts des sociétés d’Etat et l’augmentation du prix des factures d’eau et d’électricité. Curieusement, la dette publique du pays peine toujours à descendre la barre des 70% retenues par l’UEMOA.

Le taux de pauvreté reste élevé. La trouvaille de contractualisation dans les hôpitaux pour soulager les populations et pour un service de qualité se révèle un fiasco. A la fin, le mandat social n’est en réalité qu’un canular, une caricature de la philanthropie moderne qui montre toute la difficulté, voire l’incapacité du régime actuel à bien diriger le Togo. A tout prendre, les beaux discours et les belles promesses de Faure Gnassingbé et sa suite lors de différents mandats, ne sont qu’une avalanche de mots dont le résumé et la finalité sont connus de tous : paroles… paroles… paroles.

Xavier Agbeve (La Manchette)

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