Le Togo est à la recherche de moyens pour augmenter ses recettes pouvant lui permettre de faire face à ses nombreux projets d’investissement. Mais si des quidams doivent créer des circuits parallèles aux recettes, c’est tout le pays qui en pâtit. Des policiers arrêtés à la Brigade Motorisée, d’accord, mais pourquoi ne pas remonter plus loin dans ce réseau qui date ? Et pourquoi le Trésor public ne ferait pas une fois encore oeuvre utile en s’interrogeant sur les marges issues du mécanisme d’ajustement des prix des produits pétroliers, lesquelles marges sont chiffrées en dizaines de milliards qui ne vont jamais dans les caisses du Trésor ?
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Si la clique au Commissaire Abalo est au frais, les enquêtes devraient aller au-delà du factuel et remonter beaucoup plus loin dans le temps. Parce que des indiscrétions font état de ce que le réseau à la Brigade Motorisée qui rackettait les usagers ne date pas d’aujourd’hui.
Il a fallu l’alerte d’un citoyen ou des citoyens pour que le pot aux roses ne soit découvert. Dans le bureau du Commissaire, il a été trouvé des quantités des reçus du Trésor public à peine entammés. Puisque, parallèlement à ceux-ci, l’imprimeur a produit des quantités de reçus qui servaient à verbaliser les usagers pendant des années. Mais, futés qu’ils sont, les policiers n’ont laissé aucune trace des souches qui sont systématiquement brûlées. Les enquêteurs devront interroger les cendres pour en tirer ce qu’ils veulent.
Nous avons appris également que des indices ont permis aux autorités de déceler les vrais reçus des faux. Pendant que la numérotation du Trésor portait 7 chiffres, celle des faussaires s’est limitée à 6. Et d’autres différences notables. Mais la clique au Commissaire Abalo ne serait que l’arbre qui cacherait la forêt.
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En effet, des indiscrétions font état de ce que l’arnaque serait énorme et aurait des tentacules plus rétendues et plus profondes. Un ancien de la BM témoin de la pratique avance que ce serait depuis le temps de…Takougnadi ! « Ce qui a été découvert ne date pas d’aujourd’hui. C’est depuis le temps de Takougnadi. Même des éléments de la Gendarmerie sont impliqués. Et qu’on ne vienne pas dire que le Directeur de la Police n’était pas au courant. Il suffit que les enquêtes soient approfondies et on verra les anomalies au niveau du Trésor public. Bien avant, le cahier venait de la mairie et après les verbalisations, un pourcentage était versé à la Police. Mais depuis le temps de l’officier Seck, les cahiers son repris par des imprimeurs de confiance de la place. Et un cahier fait au minimum 500.000 CFA de recettes », dévoile notre source qui va plus loin et cite des noms sous la dirction desquelles le vol organisé se produisait. « Seck était le Commandant de la BM de Lomé. Après lui, il y a eu Kpobié, Séoubo puis Akakpo. Abalo n’est que le dernier. Même Monpion avait sa part dans la vente frauduleuse ; il a été Directeur général de la Police aussi. Le Directeur central de la sécurité publique, sieur Tchédré aussi n’était pas oublié. Des Commaissaires centraux de Lomé étaient tout aussi concernés, comme Bissang, Sama et Bamazi. Si on estime que je mens, il suffit de diligenter des enquêtes en bonne et due forme et tous y passeront. Savez-vous que des policiers avaient construit une maison à un ancien Commandant de la BM ? », déballe notre source. Si ces révélations s’avéraient, « ce sont des milliards qui seraient ainsi manqué au Trésor public », prophétise une source militaire.
Il est tout de même bizarre que depuis des années, le Directeur général de la Police, Têko Koudouovoh n’ait pas démantelé ce réseau et que ce soit son remplaçant qui n’a même pas fait 6 mois à ce poste. Aurait-il couvert la poule aux œufs d’or ?
Des enquêtes seraient en cours pour déterminer les responsabilités. Mais pour que les résultats rassurent, il serait urgent que tous ceux qui , d’une part, pourraient avoir un lien avec ce dossier soient auditionnés, que leurs avoirs soient vérifiés et que d’autre part, les recettes du Trésor public soient passées au crible en remontant le temps. Ce n’est que par là que les populations accorderaient de la confiance aux conclusions des enquêtes qui, malheureusement, ne seront jamais portées à la connaissance du contribuable.
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Quid des recettes issues du mécanisme d’ajustement ?
Réprimer des indélicats en usant de la méthode du « deux poids, deux mesures » n’est pas honnête. Des policiers sont impliqués dans la production frauduleuse de reçus de verbalisation qui relèvent exclusivement du Trésor public, l’objectif étant de renforcer ces recettes. Mais dans un autre registre, le Trésor public se tait devant les recettes du Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP), organe chargé de la gestion du mécanisme d’ajustement des prix des produits pétroliers depuis bientôt deux décennies.
Fin décembre 2017, les quantités de produits pétroliers commandés par le Togo ont permis de déterminer qu’entre janvier 2015 et octobre 2017, le CSFPPP a pu brasser près de 10 milliards FCFA, « en toute dérogation de l’orthodoxie financière ». En français facile, une loi de la République togolaise permet à une minorité de gérer de façon parallèle au Trésor public du Togo des recettes publiques du pays !
De quels droits peut-on permettre à un groupe d’individus de prendre « légalement » des largesses avec les finances publiques et réprimer d’autres qui ont longtemps contourné ce même Trésor en falsifiant des reçus ??? Un peu d’équité dans le contrôle des biens de l’Etat !
Abbé Faria
Source : Liberté No.2953 du Jeudi 04 Juillet 2019

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