Depuis peu, s’observe à Lomé et dans certaines localités de l’intérieur du pays, un dispositif sécuritaire qui sort de l’ordinaire. Des descentes nocturnes et diurne débouchant sur des réquisitions des maisons, rafles et saisies des engins, armes et stupéfiants. Au-delà de la thèse de la Sécurité et la protection civile défendue par le gouvernement, la succession des événements cachent mal, un malaise couvant au sein de l’exécutif.
Lire aussi:Héritiers au pouvoir: Faure Gnassingbé, le dernier des Mohicans!
Changement d’approche
Mieux protéger les populations à travers une réorganisation du dispositif sécuritaire. Voilà à quoi se résume, depuis quelques semaines, la mission du ministère de la Sécurité et de la Protection civile. Patrouilles appuyées par les militaires, rondes de la police de proximité, perquisitions, rafles, saisie d’engins, d’armes à fabrication artisanale et de produits stupéfiants… Bref, le phénomène semble nouveau à Lomé et fait réfléchir plus d’un. Surtout au regard du contexte sociopolitique quelque peu fragile dans le pays.
Y a-t-il donc des menaces sécuritaires dans le pays. Seul le gouvernement à travers le ministère de la Sécurité et de la Protection civile est habileté à apporter à cette question, la réponse idoine. Et dans la foulée, le Gal de Brigade, Yark Damehane prévient. «Quiconque sera intercepté la nuit par la patrouille, sans pièces d’identité, passera 48heures de garde-à-vue », a-t-il laissé entendre la semaine dernière. Et de préciser que la nouvelle méthode sécuritaire en branle vise à savoir «qui vit dans notre pays et qui fait quoi?»
Énigme et questionnements
Cette déclaration du ministre en charge de la Sécurité accentue la psychose déjà grande dans le pays, particulièrement à Lomé où sortir la nuit, pour quelque raison que ce soit, est source d’inquiétudes grandissantes. Et pour cause.
Alors même où la patrouille est visiblement très active et bat son plein dans la capitale, le braquage faisait également et paradoxalement parler de son art. Le samedi 12 janvier dernier, un cambiste a été tué par des braqueurs à Bè-Kpota, emportant l’argent. Mais avant ce cas, d’autres similaires se sont produits dans la capitale à l’instar de celui impliquant, il y a quelques mois, un ressortissant de nationalité étrangère. Mais ce n’est pas tout. Au Grand marché de Lomé, des individus sans foi ni loi ont également opéré dans une facilité inouïe sans toutefois faire, fort heureusement, des victimes. Ces cas viennent s’ajouter à d’autres aux conséquences désastreuses toujours vivaces dans la mémoire collective des togolais, comme celui survenu il y a quelques années déjà à l’aéroport international de Lomé où des commerçants en partance pour Dubaï ont été attaqués et dépouillés de leurs valises, avec mort d’homme.
Lire aussi:Togo :Faure Gnassingbé, la mauvaise conscience sans détour !
La semaine dernière, s’est ajoutée à la pratique, une nouvelle méthode. Les réquisitions. «Nous étions là quand, subitement, les forces de l’ordre ont débarqué chez nous. Ils nous ont dit que c’est sur ordre du Procureur de la République, puis ils ont fouillé partout dans la maison jusque dans nos chambres. Nous tombions des nus, et avons pris peur, vu que c’est la première fois que nous assistons à cela», témoigne Fofonè, 38 ans, artiste peintre résidant à Casablanca, l’un des quartiers littéralement pris d’assaut par les forces de l’ordre et de Sécurité pour l’opération.
On se rappelle également de la sortie curieuse, le 25 décembre dernier, du Directeur général de la Gendarmerie nationale, le Commissaire Kudouwovoh qui, en pleine fête de la Nativité, a annoncé sur la télévision nationale que les éléments de la Gendarmerie se sont lancé dans la traque d’un réseau de lanceurs de pétards. Un fait qui d’une manière ou d’autre est entré dans les mœurs des togolais, bien qu’il soit prohibé ou que son utilisation soit soumise à une autorisation préalable de l’autorité. Et cela repose d’ailleurs un autre débat, celui de la commercialisation d’un tel produit prohibé. De toute analyse faite, on se rend compte que c’est un circuit alimenté par un réseau d’hommes et femmes, partie prenante des pontes du pays. D’où justement l’importation et la commercialisation des petars, malgré l’interdiction dont ils font objet.
À tous ces exemples, s’ajoute celui énigmatique des déserteurs qui a failli déboucher sur le lynchage des éléments du service de renseignement togolais qui, dans leur traque d’un déserteur, ont franchi les frontières sans mesure.
Lire aussi:Régimes durs: tout change, sauf Faure Gnassingbé
C’est quoi l’inconfort ?
Le dernier épisode du parlement où, par enchantement, les députés ont adopté un règlement intérieur anticonstitutionnel vient rajouter aux interrogations sommes toutes légitimes qui rongent les méninges des togolais. C’est quoi donc l’inconfort du pouvoir togolais au point d’aller d’initiatives à initiatives et d’innovations à innovations sans toutefois la moindre pertinence, sinon des faits et gestes qui expliqueraient une situation inconfortable qui troublerait le sommeil de l’exécutif togolais. Suivons de près.
Source : Fraternité No.299 du 16 janvier 2019

Restez à jour en vous abonnant à notre canal Telegram.

Tu pourrais aussi aimer

Laisser un commentaire

Plus dans:Opinions