Même si nous ne faisons pas partie de la mouvance de l’opposition favorable aux élections dans les conditions que tout le monde connaît, ceux qui y vont, engagent, que nous le voulions ou non, et quels que soient les résultats, le destin du Togo en notre nom à tous.

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C’est pourquoi ces élections présidentielles du 22 février 2020, organisées à notre corps défendant, doivent nous interpeller, ne doivent pas nous laisser indifférents. Et comme à chaque scrutin présidentiel depuis 2005, malgré l’imperfection des conditions d’organisation, malgré la terreur et malgré le caractère opaque des conditions de proclamation des résultats, il y avait toujours eu du côté du peuple ce brin d’espoir inexpliqué, ce brin d’illusions qui repose toujours sur un hypothétique miracle qui viendrait de quelque part, bien que les miracles soient rares en politique. Le scrutin de février 2020 n’échappe pas à la règle.

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Même si au soir du 22 du deuxième mois de l’année 2020 la CENI monocolore confirme manu-militari le coup K.O pour Faure Gnassingbé, ces élections auront été sans nul doute celles de toutes les illusions, de tous les espoirs et surtout beaucoup de Togolais auront prié en leur for intérieur pour qu’un miracle ait lieu.

Parlant des élections proprement dites, des différents candidats et de leurs chances, nous pouvons dire que si au RPT/UNIR la méchante gourmandise du pouvoir est toujours de mise, si Faure Gnassingbé persiste toujours à vouloir sortir un jour par la petite porte, il n’y aurait pas de surprise.

Non pas parce que cette formation politique atypique est populaire, non pas parce que ce pouvoir vomi par le peuple dans son ensemble, est majoritaire, mais parce qu’ils ont de leur côté l’éternelle stratégie de la terreur qui est leur seule source de légitimité et qui leur permet de toujours garder le pouvoir. Faure Gnassingbé a refusé de faire de vraies réformes qui rendraient le scrutin présidentiel transparent, il a à sa disposition toute l’administration, il a à ses bottes l’armée clanique, les miliciens un peu partout sur le territoire.

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Les préfets dont certains jouent aux chefs-miliciens sont là pour organiser les fraudes, bourrer les urnes et falsifier les procès-verbaux en route pour la CENI. Tous ces « avantages » à la baïonnette pour le président sortant constituent l’argument de ceux qui ne sont pas prêts à aller à des élections jouées d’avance.

Si nous nous amusons à parler de ce scrutin de février 2020 comme s’il s’agissait d’un challenge organisé avec les règles du jeu acceptées par tous, nous pouvons dire que l’ANC, qui avait toujours gagné les élections présidentielles, ensuite volées par le pouvoir, et vu l’impopularité qui est celle du régime Gnassingbé, part avec la faveur des pronostics. Mais le candidat qu’on n’attendait pas avec cette envergure, qui est aujourd’hui Agbéyomé Kodjo, vient troubler le jeu.

En effet, le candidat de la dynamique Kpodzro, soutenu justement par cette dynamique et renforcé par des ralliements d’autres petits partis n’est plus à négliger comme les autres petits candidats dont l’audience dépasse à peine le cadre familial, et qui ne feront que de la figuration. L’assurance avec laquelle le candidat soutenu par le prélat parle de sa victoire au soir du 22 février, la désinvolture avec laquelle il se comporte déjà comme en homme d’état en s’adressant par exemple aux forces de défense et de sécurité, indisposent dans le camp du pouvoir qui sort de ses réserves pour croire salir le candidat Agbéyomé en oubliant ses propres crimes.

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Le régime Gnassingbé ne pouvant gagner aucune élection au Togo, si elle était organisée dans la transparence, nous pouvons affirmer sans nous tromper qu’entre Agbéyomé Kodjo et Jean-Pierre Fabre quelqu’un ira au deuxième tour si Faure Gnassingbé laisse faire; et nous évitons exprès de parler de victoire de l’opposition au premier tour à cause des fraudes qu’inévitablement le RPT/UNIR organisera.

Que se serait-il passé si l’un n’avait pas douté de la qualité d’opposant pur-sang de l’autre, et que les deux poids lourds parmi les candidats face à Faure Gnassingbé s’étaient entendus pour ne soutenir qu’un seul d’entre eux? Sans doute que les stratégies mutualisées, et l’expérience du Président du MPDD pour déjouer les pièges à fraudes du pouvoir, auraient contribué à assurer une victoire au premier tour.

C’est pourquoi l’argument qui consiste à rejeter l’idée d´une candidature unique en favorisant la pluralité des candidatures de l’opposition au premier tour, nous paraît peu plausible. Ce n’est pas pas parce que la révision constitutionnelle rend désormais possible un scrutin uninominal à deux tours, qu’il faille obligatoirement aller au deuxième tour face à un adversaire impopulaire.

Raisonner de cette façon revient à faire croire que le régime que nous avons en face, est capable, dans une élection présidentielle aux conditions normales d’arriver à un score qui le mènerait au deuxième tour. Alors que ce n’est pas le cas. Si l’opposition togolaise était mieux organisée et parlait vraiment d’une voix, il est tout à fait possible de battre Faure Gnassingbé à plus de 80% au premier tour.

Pour nous résumer: beaucoup considèrent les candidats de l’opposition à ces élections présidentielles comme de simples accompagnateurs de Faure Gnassingbé à cause du caractère bancal du fichier électoral, et à cause des institutions liées à l’organisation du scrutin, toutes à la botte du président sortant.Tout le monde s’attend donc à ce qu’il y ait un forcing le soir ou au lendemain du 22 février 2020 de la part du régime Gnassingbé pour conserver le pouvoir.

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Comme d’habitude Faure ne gagnera pas dans les urnes, comme d’habitude il se fera proclamer vainqueur au premier tour par la CENI aux ordres. Mais nous sommes persuadé que l’un ou l’autre candidat de l’opposition, malgré la dispersion des voix due à la mésentente entre les deux, gagnera, ou du moins atteindra un score qui le qualifiera pour le deuxième tour. Et là, le RPT/UNIR devrait faire ses valises.

Mais le pouvoir des Gnassingbé qui a fait de l’armée nationale sa branche armée, et qui entretient des miliciens en toute impunité, acceptera-t-il le verdict des urnes pour laisser les Togolais goûter enfin à l’alternance? C´est la grande inconnue. Faure Gnassingbé aura-t-il la sagesse de conseiller à ses jusqu’au-boutistes d’abandonner enfin la stratégie de la terreur? Acceptera-t-il de laisser scier la branche sur laquelle il est assis?

Quelle sera la réaction de Messieurs Agbéyomé Kodjo et Jean-Pierre Fabre en cas d’un nouveau hold-up électoral? Arriveront-ils à s’entendre pour revendiquer la victoire qui revient au peuple, et s’il le faut, soulever les populations? L’issue heureuse ou malheureuse des élections présidentielles du 22 février 2020 dépendra de la réponse à toutes ces interrogations.

Samari Tchadjobo

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