L’information a produit un effet-choc en Afrique. Le siège de l’Union africaine (UA) aurait été espionné par la Chine depuis 5 ans, a révélé le journal Le Monde. Dans un univers de globalisation où le Togo s’est fait une relation d’amitié enviable avec la puissance chinoise, il y a de quoi s’interroger sur les intentions du partenaire chinois.

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Leçon aux pays africains : la Chine se serait offert les informations de haute confidentialité issues des rencontres entre chefs d’États africains en l’espace de 5 ans. C’est l’information qui aura marqué la fin de semaine dernière sur tout le continent.

Et pour ce faire, le bienfaiteur chinois qui a fait don à l’Union africaine d’un siège flambant neuf n’a pas manqué d’occasion pour glisser des vers dans sa pomme. Les données informatiques de l’UA transférées vers Pékin, des micros placés dans les ascenseurs, et les bureaux… La Chine ne se serait pas créé une dure équation pour s’enquérir des données de l’UA.

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Sur les médias sociaux, les utilisateurs font mention de leurs inquiétudes, et d’autres s’indignent de ce que le siège de la plus grande représentation des États africains, au nom de l’indépendance, ne soit pas construit par les Africains eux-mêmes.

Au Togo, quid des intentions de l’ami chinois

Secret de polichinelle : depuis l’inauguration, le 24 avril 2006, du nouveau palais de la présidence du Togo construite la Chine sur une architecture conçue par Beijing Institut of Architectural Design (BIAD), les relations entre la République populaire et le Togo ont atteint une zone de confiance. D’ailleurs l’initiative de la construction de ce palais avait été amorcée par le président Gnassingbé Eyadema depuis 2004, à quelques mètres de son palais de Lomé II, avant que les travaux ne soient accélérés à sa mort, Faure Gnassingbé cherchant une nouvelle demeure autre que celle de son défunt père.

Mais en réalité, cette relation de confiance entre les deux États pourrait être entravée. D’aucuns se demandent en effet, plus à raison qu’à tort, si la présidence togolaise ne serait pas mise en écoute par les Chinois? Et que les informations confidentielles, des « secrets d’État » se seraient pas actuellement stockés en Chine ? La piste reste à explorer, et l’interrogation est légitime.

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Les regards des experts togolais restent désormais tournés vers  la 14e rue Dongchang’an à Pékin, car selon certains observateurs, la tâche ne devrait pas être difficile pour la Chine. Pour être soupçonnée d’avoir espionné les États-Unis, une puissance informatique, le Togo, dont le vaste État a pris « contrôle » depuis une dizaine d’années déjà, n’est pas à l’abri. « Les matériels informatiques et les matériels de réseaux de télécoms, c’est eux qui les fournissent. C’est à dessein », confie un expert en sécurité informatique, avant d’ajouter, « la mode opératoire devrait être le même : cheval de troie, micro-espions… ».

La merci chinoise

Depuis 2012, le Togo est l’un des États les plus chéris sur le continent africain par la Chine. En récompense, le Togo confie la plupart des marchés de travaux publics aux sociétés chinoises. Une diplomatie active, dont les rênes ont été confiées à bon escient au professeur Robert Dussey en est pour quelque chose. La République populaire chinoise a, à cet effet assisté le Togo sous différents plans. Une bonne grâce qui désormais est douteuse.

Des équipements informatiques et des assistances en matière de télécommunication, le Togo en a largement bénéficié. En effet, le nouveau siège de l’Assemblée nationale togolaise a vu les travaux de construction, confiés au groupe chinois Jiangsu Nantong.

En pleine construction sur une superficie de 10 000 m², avec une enveloppe de 12 milliards de francs CFA, ce ne sont pas les visites sporadiques de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Dama Dramani qui rassureront désormais les Togolais sur la fiabilité de ce bâtiment en matière sécurité des informations.

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Un ouvrier togolais travaillant sur les lieux affirme que la plupart des travaux sur ce chantier sont effectués la nuit, alors que tous les employés sont rentrés. « C’est au lendemain qu’on constate des avancées. Nous ne savons pas comment ils travaillent », nous confie-t-il.

Autre grand chantier confié aux partenaires chinois, la rénovation du stade de football de Kégué construit par des entreprises chinoises et inaugurées en 2000, à quelques mètres du chantier du nouveau siège de l’Assemblée nationale. Dix-huit ans après sa mise en service, la société chinoise China Geo-Enginerging Corporation (CGC-Togo) est chargée des travaux de sa rénovation. S’il ne s’agit ici pas de « secret d’État » à caractère politique, il est tout de même question de l’antre des Éperviers, la sélection nationale de football du Togo. De fait, leurs données sportives sont tenues à être confidentielles. Mais la situation est encore plus sujette à des doutes, quand on sait que seuls les Chinois sont habileté à réparer les matériels utilisés dans ce stade en cas de panne.

Diplomatie, télécom… le père Noël est-il Chinois?

En fin d’année 2013, la Chine avait offert des matériels informatiques et bureautiques d’une valeur totale estimée à 10 millions de francs CFA au ministère des Affaires étrangères du Togo. Le lot était composé d’ordinateurs, de photocopieuses, et de climatiseurs. Objectif du don, « renforcer les capacités opérationnelles de ce ministère ».

En effet, ces genres de matériels utilisables pour des fins d’usurpations d’informations, la Chine a l’habitude d’en offrir au Togo. Puisque l’Assemblée nationale togolaise avait elle aussi réceptionné des ordinateurs en fin d’année 2017. La HAAC, Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, a également profité de la manne chinoise en juin de 2017.

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Toutefois, ce qui inquiète le plus porte sur le projet « e-gouv », piloté par le ministère des Postes et de l’Économie numérique. En effet, ce projet qui vise à moderniser l’administration togolaise dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, et de rapprocher l’administration des citoyens, a été confié également à l’entreprise chinoise Huawei et financé à hauteur de 13 milliards de francs CFA grâce à un prêt de Exim Bank de Chine. « Au cas où l’entreprise chinoise aurait eu cette idée-là également ici, alors elle pourra recueillir toutes les informations administratives, même des plus hautes confidentialités », affirme un expert en télécom.

S’il est vrai qu’au-delà des soupçons du partenaire chinois, les relations entre les deux États sont au beau fixe, le Togo devra retenir la leçon : en diplomatie comme en amitié, la confiance n’exclut pas le contrôle.

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