Si ce n’est une interview arrangée, cela à l’air de l’être. Ninsao Gnofam, le controversé et arrogant ministre des Infrastructures et des Transports, acculé par l’opinion, s’est invité sur un média de la place, pour tenter une fois encore de berner l’opinion. Lancés en 2014, les travaux de construction de la route Lomé-Vogan-Anfoin longue de 61 km, sont au cœur, depuis 3 ans, d’un scandale jamais connu au Togo.
Tout est parti des révélations des confrères «Le Rendez-vous» et «Liberté» qui ont évoqué, dans un dossier, un détournement de 10 milliards F CFA. Très rapidement, les deux confrères sont assignés en justice par le ministre de l’Economie et des Finances d’alors, Adji Otèth Ayassor et Ninsao Gnofam, pour diffamation. Les journalistes sont harcelés, traînés pendant des jours dans les couloirs de la DCPJ (Direction Centrale de la Police Judiciaire) et les couloirs de la justice.
Ces intimidations, loin d’éteindre ce scandale, n’ont fait qu’encourager l’opinion à y voir clair surtout que le chantier était carrément abandonné par l’entreprise en charge des travaux, CECO BTP malgré le déblocage de 26 milliards F CFA sur les 36 milliards au total.
Invité à des questions orales à l’Assemblée nationale, Ninsao Gnofam a déclaré, devant des députés sidérés, que cette entreprise avait utilisé une partie des fonds en question pour acheter des engins, et de promettre que la route sera livrée avant la fin de l’année 2016. Passé cet exercice, rien n’a bougé sur le terrain et CECO BTP s’est aussi murée dans un silence jusqu’à ce jour.
Le 20 décembre 2016, ce fut au tour du Premier ministre, Selom Komi Klassou, de se rendre sur le chantier pour promettre la reprise des travaux par une entreprise chinoise, notamment China Road and Bridge Corporation. « Le chef de l’Etat a procédé depuis plusieurs mois au lancement des travaux de la construction de cette route (Lomé-Vogan-Anfoin, Ndlr). Malheureusement, les travaux ont été arrêtés, pénalisant beaucoup les usagers. Nos populations ont souffert et continuent de souffrir de l’état actuel de la route. Aujourd’hui, c’est une entreprise chinoise, qui a fait ses preuves dans notre pays, qui a repris l’aménagement de la route confié au départ à une autre entreprise, pour une durée de 30 mois », avait déclaré le Premier ministre, et d’ajouter : « Cette route relie des zones avec beaucoup de ressources agricoles et minières. Le souci du chef de l’Etat est que cette route soit aménagée dans les normes requises. Nous encourageons à cet effet l’entreprise chinoise, mais aussi et surtout le bureau de contrôle, qui doit jouer sa partition. Car il y aura des comptes à rendre s’il y a défaillance notoire dans l’exécution de ces travaux ».
Plus de sept (7) mois après cette nouvelle promesse du Premier ministre, rien n’a bougé sur le terrain.
Selon des sources bien introduites, les Chinois et l’Etat togolais n’arrivaient pas à accorder leurs violons sur les modalités du nouveau financement, étant donné que les 26 milliards F CFA précédemment décaissés sur les 36 milliards prévus ont disparu dans la nature. Acculé tous les jours par la presse, les riverains, les associations de la société civile dont le mouvement Nubueké qui a organisé un jogging pour dénoncer l’abandon du chantier, le ministre Ninsao Gnofam s’est précipité de publier un communiqué bidon le 4 juillet dernier annonçant la reprise des travaux le lendemain. Quelques jours après ce communiqué, les travaux peinaient à reprendre.
Le ministre des Infrastructures et des Transports n’est pas un homme qui abandonne, surtout en matière de promesses non tenues. Alors il s’est invité sur une radio de la place pour donner des explications sur le chantier et les modalités de la reprise, de même que le nouveau coût, il n’a pas hésité, dans son arrogance habituelle, à renvoyer l’accusation de détournement dans le camp de ses détracteurs. Au cours de cette sortie, on apprend finalement que la nouvelle reprise des travaux coûtera 31 milliards de francs cfa. Ninsao Gnofam ne précise d’ailleurs pas la source de financement. Pour un chantier de 61 km facturé au départ à 36 milliards, ce qui s’apparentait déjà à une surfacturation, selon les spécialistes, on passe donc à 57 milliards de francs cfa.
Du simple au double, sans qu’aucune responsabilité ne soit située; pire, le ministre au cœur de ce scandale continue de multiplier les déclarations méprisantes sur fond d’ironie envers l’opinion. Si le très controversé préposé au gouvernement continue de se comporter de la sorte et est toujours au gouvernement malgré ce scandale, c’est sûr et certain que ceux qui devraient le sanctionner, sont aussi mouillés dans cette histoire.
Le scandale qui entoure cette route Lomé-Vogan-Anfoin sera toujours d’actualité et symbolisera l’impunité qui caractérise la gestion de Faure Gnassingbé depuis 12 ans où les milliardaires sont sortis de terre comme des fleurs. Voici in extenso l’interview de Ninsao Gnofam le 17 juillet sur les ondes de Pyramides Fm. Chacun pourra se faire une idée de la quiétude qui l’anime alors que le scandale dont il est au cœur est très grave.
Ninsao Gnofam : «Nous avons recommandé à l’entreprise qui a accepté, d’intensifier les travaux pour soulager les
peines des usagers de cette voie-là»
Où en est-on avec la reprise des travaux sur l’axe Lomé-Vogan-Anfoin?
Depuis le 3 juillet dernier, les travaux ont repris sur la route Lomé-Vogan-Anfoin à partir de 1km0 à partir du Collège Saint Joseph. Et le 14 juillet en allant au service, j’ai fait un tour là pour me rendre compte de l’effectivité des travaux, je peux vous le confirmer.
Dans vos prévisions, sur quelle durée ces travaux vont-ils s’effectuer ?
Nous avons prévu en principe 24 mois. Ce sont nos prévisions, mais nous espérons que l’entreprise pourra rester dans les délais. Nous sommes conscients qu’il y a des éléments qu’on ne maîtrise pas, comme la nature. Depuis la dernière fois, quand l’entreprise a repris, elle a été empêchée pendant pratiquement 04 jours d’exécuter les travaux parce qu’il pleuvait. Malgré la volonté de l’équipe la pluie ne permettait pas de faire quoi que ce soit. Il y a une accalmie depuis cette semaine, évidemment nous rentrons dans la période de la mousson où il ne pleut pas beaucoup,je crois que l’entreprise va mettre le paquet pour profiter de ce temps pour faire beaucoup; de choses, et surtout dans la partie agglomération de la ville de Lomé entre le Collège St Joseph et le pont Zio, soit 12 km. Nous avons recommandé à l’entreprise qui a accepté, d’intensifier les travaux pour soulager les peines des usagers de cette voie-là.
 
Quelle garantie en ce qui concerne le caractère continuel du travail donnez-vous à la population qui se plaint que le travail soit interrompu de façon intempestive?
Vous savez, ce sont des œuvres humaines que nous faisons. Parfois on est confronté à certaines situations non espérées. Pour le gouvernement, ce n’est pas un plaisir; et pour un ministre que je suis, je suis en charge des Infrastructures, en charge de la construction des routes, ce n’est pas vraiment un plaisir; cela ne l’est non plus pour le Chef de l’Etat lui-même, encore moins pour nous les membres du gouvernement, de voir que les chantiers qui sont ouverts dans le cadre de la mise en œuvre de son programme connaissent des difficultés. Nous sommes peinés tout autant, peut-être encore plus que la population ; parce que vous savez, l’autorité promet à la population, s’engage. Et lorsque cet engagement n’est pas respecté, vous pouvez imaginer ce que ça fait non seulement pour celui qui est en charge de la mise en œuvre de ce programme, mais au plus haut niveau ce que ça peut être pour le chef de l’Etat lui-même. A cet effet, je voudrais, au nom du chef de l’Etat, au nom de l’ensemble du gouvernement, présenter nos excuses pour tous les désagréments que ces populations, ces usagers de la route ont subis par rapport à ce chantier.
Beaucoup se demandent pourquoi de 18 mois, les travaux sont abandonnés jusque-là?
Vous savez, les entreprises ne font pas de la philanthropie. S’il y a 02 mois, nous avons demandé à l’entreprise de commencer les travaux, au niveau de l’administration, nous avons des procédures qui sont parfois compliquées, complexes et lentes. L’entreprise avait aussi besoin des moyens pour faire les travaux malgré sa volonté. Donc tout cela n’a pas pu se faire comme nous le souhaitions dans le temps. On a connu des difficultés et maintenant tout est réglé.
Alors à quelle entreprise avez-vous désormais confié ce chantier?
Nous avons confié les travaux à China Buzy Construction. Celle-là qui a déjà réalisé les travaux de la construction du grand contournement qui continuent d’ailleurs dans la phase II du grand contournement de la ville de Lomé, le dédoublement de la voie togblekopé-Davié. Elle continue là-bas aussi puisqu’elle est en train de faire du réaménagement du poste de péage. C’est cette même entreprise qui a réalisé les deux contournements d’Alédjo et de Defalé, de même que les travaux de réhabilitation et d’élargissement de la voie Rond-point port –Avepozo.
Les travaux, combien vont-ils coûter ?
Les travaux vont coûter 31 milliards à l’Etat.
Sur le dossier Lomé-Vogan-Anfoin, beaucoup vous accusent d’avoir, en complicité avec Ceco BTP, détourné les fonds. Que leur répondez-vous ?
(Rire). Ça m’a fait toujours sourire. Quand vous avez une telle responsabilité, il faut vous attendre à ce qu’il y ait parfois des casses, et quand il y a des casses, malheureusement ceux qui le disent n’apportent aucune preuve à leur déclaration. Mais c’est quand même dommage que cela se dise si facilement. Mais moi, je ne me fais pas trop de souci par rapport à ces déclarations tant qu’on ne m’aura pas apporté des preuves à ce qu’ils disent.

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1 Commentaire

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