L’ancien ministre de l’intérieur, en exil politique depuis 14ans s’est vu refuser le droit de prendre le vol en direction du Togo en provenance de Paris, « sous ordre » du gouvernement de Lomé. Après des sorties sur les médias français avec ses lots de scandales, l’ex avocat de feu Gnassingbé Eyadéma avait annoncé son retour au pays sur le jeudi 28 Mars 2019.
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« J’ai été empêché ce matin d’embarquer sur le vol Air France à destination de Lomé. Il m’a été signifié ainsi qu’à mes accompagnateurs que c’est sur ordre des autorités du #Togo. » a-t- il tweeté sur son compte officiel ce jour.
A en croire tous les spécialistes, le retour de François Boko n’est pas du tout du goût du locataire du Palais de la Marina. A la recherche du financement pour son PND (Plan National de dévéloppement), Faure Gnassingbé après avoir défendu avec énergie le positionnement du Togo auprès de ses pairs à Kigali, est actuellement en Afrique du Sud pour les mêmes causes.

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François Boko, un problème venu d’outre-exil
Mi-septembre 2018. François Esso Boko a eu deux séances de travail en quelques jours d’écart, entre Elysée et Quai d’Orsay. De chaque côté, évidemment, la persistante question de la crise togolaise. L’ancien Saint-cyrien a réussi à faire durcir « le ton » de la diplomatie française et à s’assurer que « Paris ne cède pas et que Macron ne reçoive pas Faure Gnassingbé » malgré la « médiation » de Ségolène Royal, ancien candidate socialiste à la présidentielle de 2007, selon plusieurs sources dans son entourage. Depuis, et face à l’enlisement de la crise, de plus en plus de réseaux locaux et de chancelleries sondent un recours à François Akila Esso Boko. A 54 ans, l’ancien ministre de l’intérieur et avocat en exil à Paris hésite alors que la pression n’aura jamais été aussi forte. Il a de multiples avantages. Son passé militaire, colonel, dans l’armée togolaise, son origine kabyè, et surtout, ses contacts diversifiés aussi bien parmi les chefs d’Etat africains que dans des organisations internationales. Il a été d’ailleurs, bien longtemps, consultant de l’Union européenne. Il peut aussi compter sur ses entrées subtiles au sommet des services secrets français ainsi des informations rares qu’il reçoit et qui structurent son idée de la crise que traverse son pays. Dans un pays où les officiers sont souvent accusés d’avoir du sang sur les mains, il semble « clean », ce qui suscite une certaine sympathie dans les milieux de droits de l’homme et les médias internationaux.
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Brillant Saint Cyrien de la promotion Général Monclar, un Diplôme d’études approfondies (DEA) de droit puis un doctorat en science politique à Paris 1, c’est un stratège pragmatique et un intellectuel chevronné qui a dû prendre la tangente à la veille de la présidentielle de 2005, craignant un massacre qui aura malheureusement lieu. 400 morts au moins selon l’Onu. Mais sa plus grande force est ailleurs, son abnégation désintéressée si tant est qu’on peut sortir de la crise. En février 2010, il initie et réussit le Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac) pour soutenir la candidature de Jean Pierre Fabre. « Je me fous de savoir de par qui ça vient, je veux l’alternance pour mon pays » insistait-il à l’époque. Au lendemain du 19 août 2017, il a convaincu Fabre d’accepter la main tendue de Tikpi Atchadam, déclencheur de la nouvelle vague de manifestations. Ouvert et anti-tribaliste, il peut compter sur des leaders de tous les camps mais aussi sur des médias réputés proches de l’opposition. Dans une situation où l’armée tient les reines, « il est celui qui saura leur parler » et reste, sans doute la meilleure option pour Faure Gnassingbé qui peut ainsi sortir par la grande porte. Mais encore faudrait-il convaincre celui qui hésite à s’engager et préfère, comble de l’humilité militaire, soutenir « le mieux parti pour nous sauver ».
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Et Poutant?
En Novembre 2017, au plus fort de la crise politique, Nana Addo Akuffo, président du Ghana voisin reçoit Boko à Londres. Deux longues rencontres avec en intermède une séance de travail entre Boko et la délégation ghanéenne. Les deux hommes conviennent de ce que l’ancien ministre de l’intérieur publie un communiqué, « s’il le souhaite ». En marge, l’ex saint-cyrien remet un « mémorandum bien élaboré » à la délégation du Ghana.
Pendant que toute la classe politique reste attentive à cette situation, le séjour en exil risque d’être long pour celui qui est vendu aux togolais comme le sauveur surtout au plus fort moment d’une crise qui secoue la coalition de l’opposition
 

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