De Mahamadou Issoufou à Idriss Déby Itno en passant par Alassane Ouattara et Alpha Condé, les chefs d’État d’Afrique de l’Ouest et du Sahel ont suivi la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta avec attention.

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Alors qu’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) vivait ses dernières heures en tant que président du Mali, ses homologues avaient les yeux rivés sur Bamako.

Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a ainsi suivi la situation « minute par minute », a confié à Jeune Afrique un de ses conseillers. Le président en exercice de la Cedeao – qui tiendra le 20 août une visioconférence consacrée au Mali – a pu s’entretenir avec IBK dans la journée de mardi, alors que celui-ci était retranché dans sa résidence en compagnie du Premier ministre Boubou Cissé et de son fils et député, Karim Keïta.

Cedeao et G5 Sahel en première ligne

Issoufou, qui bénéficiait des informations d’un de ses proches, le vice-président nigérien du parlement de la Cedeao Sani Malam Chaibou Boucary, présent à Bamako en tant que chef d’une mission d’information parlementaire, a ensuite contacté « l’ensemble des chefs d’État concernés », dont le Français Emmanuel Macron, ainsi que l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, jusqu’ici médiateur de la Cedeao au Mali.

Issoufou a également échangé par téléphone avec António Guterres, le secrétaire général de l’ONU. Ce dernier était par ailleurs en contact avec son représentant spécial au Mali, le patron de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif. Actuellement en repos au Tchad, celui-ci était néanmoins informé en temps réel par ses équipes restées à Bamako, lesquelles ont tenu des réunions de crise tout au long de la journée.
Comme Mahamadou Issoufou, les autres chefs d’État de la sous-région ont suivi de près l’évolution du putsch. Selon nos sources, le Guinéen Alpha Condé a dialogué à plusieurs reprises avec IBK dans le courant de la journée. Les deux hommes, qui se côtoient depuis des décennies au sein des cercles socialistes, sont restés très proches.

Les échanges ont aussi été nombreux entre le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, président en exercice du G5 Sahel, le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré ou encore le Tchadien Idriss Déby Itno. Ce dernier a notamment fait le lien avec le président de la commission de l’Union africaine, son compatriote Moussa Faki Mahamat.

Idriss Déby Itno a suivi les événements maliens depuis la ville d’Amdjarass, son fief du nord-est, où il était arrivé le 17 août, après avoir eu à N’Djamena un entretien avec le nouveau commandant français de la force Barkhane, le général Marc Conruyt.

Macron au cœur des échanges

Côté français, Emmanuel Macron s’est entretenu mardi avec IBK, alors que celui-ci n’était pas encore aux mains des mutins.

Le chef de l’État français, qui a souhaité laisser la Cedeao agir en première ligne, a échangé ensuite avec Macky Sall, Alassane Ouattara et Mahamadou Issoufou, avec qui il a de nouveau discuté ce mercredi matin.

Selon nos informations, l’Élysée a peu à peu pris acte de la mise à l’écart du président malien et s’active désormais à favoriser la mise en place rapide d’une transition civile à Bamako.

La ligne dure de Ouattara


Alassane Ouattara prône en revanche une ligne plus dure à l’encontre des putschistes. Selon nos informations, le président ivoirien s’est entretenu avec Mahamadou Issoufou, mais aussi avec Roch Marc Christian Kaboré ainsi qu’avec Macky Sall, le Togolais Faure Gnassingbé et Emmanuel Macron.

Il a suivi la situation en liaison avec Jean-Claude Brou, son compatriote président de la commission de la Cedeao.
Très impliqué, l’Ivoirien espère encore, selon nos sources, pouvoir favoriser un rétablissement d’IBK dans ses fonctions et se refuse à parler d’un coup d’État réussi. Soutenu par ses pairs nigérien et sénégalais, ainsi que par la Guinée, le Liberia et le Nigeria, Ouattara souhaite « asphyxier » les putschistes, confie un de ses proches.

En leur refusant l’accès aux institutions sous-régionales (notamment à la BCEAO) et en prônant la fermeture des frontières de la Cedeao au Mali, il compte favoriser un « rétablissement de l’ordre constitutionnel », afin de « laisser la médiation de la Cedeao se poursuivre ».

Jeune Afrique

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