By Julien Chongwang

« Protéger les abeilles est la responsabilité de chacun d’entre nous et nous devrions tous faire des choix qui respectent les abeilles ».
C’est avec véhémence que Dejan Židan, ministre slovène de l’agriculture, de la foresterie et de l’alimentation, s’exprimait ainsi à l’occasion de la toute première journée mondiale des abeilles passée presque inaperçue le 20 mai 2018.
Ce jour-là, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a lancé un appel solennel à la protection des abeilles à travers le monde.
Pour l’organisation onusienne, cette protection des abeilles passe par la pratique de l’apiculture, la promotion des plantes à fleurs, ainsi que l’abandon progressif des pesticides chimiques dans l’agriculture, au profit des biopesticides.

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“Les abeilles pollinisent les plantes à fleurs et contribuent donc au maintien de la biodiversité et à une agriculture plus saine.”

Michèle Danleu, Centre pour l’environnement et le développement (CED)

« Nous ne pouvons pas continuer d’utiliser principalement des pesticides et des produits chimiques qui menacent les cultures et les pollinisateurs, en vue d’augmenter la production et la productivité », a interpellé José Graziano da Silva, le directeur général de la FAO.
Interrogé par SciDev.Net, Hans Dreyer, directeur de la protection et de la production des plantes à la FAO explique que cette sensibilisation se justifie par le rôle des abeilles dans la pollinisation qui est une étape essentielle de la production agricole.
« Près de 75% des cultures mondiales produisant des fruits et des graines destinés à la consommation humaine dépendent, au moins en partie, des pollinisateurs pour une production, un rendement et une qualité durables », dit-il. Hans Dreyer pousse d’ailleurs plus loin la réflexion et affirme que « les abeilles peuvent, dans un certain sens, être considérées comme du bétail ».
Car, dit-il, « avec la valeur commerciale croissante du miel, les abeilles deviennent un générateur croissant de revenus, une stratégie de subsistance et un moyen d’assurer la sécurité alimentaire pour de nombreux habitants des zones forestières dans de nombreux pays en développement ».
« C’est dans ce processus de production de miel que s’effectue le système de pollinisation des abeilles », renchérit Michèle Danleu, responsable des alternatives économiques au Centre pour l’environnement et le développement (CED).
Basée à Yaoundé au Cameroun, cette ONG a pour missions, entre autres, de « contribuer à changer les politiques et les pratiques de gestion des forêts, de la biodiversité et des industries extractives, pour des raisons d’efficacité et de promotion de la participation ».
Déforestation
Dans un entretien avec SciDev.Net, Michèle Danleu précise : « les abeilles transportent les graines de pollen d’une fleur et d’une plante à une autre, aboutissant à la reproduction d’autres cultures de même espèce ».
« Les abeilles pollinisent les plantes à fleurs et contribuent donc au maintien de la biodiversité et à une agriculture plus saine », conclut-elle.
Cette dernière est impliquée dans un projet qui, face à la déforestation galopante, encourage les pygmées Baka du Cameroun à la pratique de l’apiculture et à la commercialisation des suppléments de production des produits de la ruche.
Forte de cette expérience, elle sait qu’en plus de la pollinisation les abeilles rendent de nombreux autres services aux communautés.
« L’apithérapie consiste à utiliser les différents produits de la ruche tels que le miel, la gelée royale, le pollen, la propolis ou encore le venin d’abeille, à des fins médicinales. Elle se range parmi les médecines douces », indique Michèle Danleu.
Outre le miel dont les vertus sont connues, elle illustre ses propos en soulignant que la propolis (résine butinée par les abeilles) a des propriétés antifongiques, anesthésiantes et cicatrisantes, tandis que le venin d’abeille est utilisé contre les névralgies et les rhumatismes.
A la FAO, on tient néanmoins à préciser que les abeilles dans ce message représentent un symbole pour représenter tous les pollinisateurs.
Utilisation des pesticides
Car, dit Hans Dreyer, « si les politiques et les pratiques agricoles sont bénéfiques pour les abeilles, il est probable qu’elles seront également bénéfiques pour les autres pollinisateurs ».
A ce propos, fait remarquer Michèle Danleu, « le véritable risque pour les abeilles vient de l’utilisation de pesticides, qui les tuent lorsqu’elles viennent butiner les plantes traitées ».
Pour cette dernière en effet, « le danger pour les abeilles ne se trouve pas au niveau de l’urbanisation galopante. Car, même sur une véranda de notre balcon, on peut semer des plantes mellifères (roses, menthes, thym etc.) dont l’abeille a besoin pour se nourrir ».
« De ce fait une ruche qui sera placée non loin de ce balcon à l’extérieur a des chances d’être colonisée », dit-elle.
Quid alors des risques de piqûres pour les hommes, surtout quand on sait que des attaques d’abeilles ont provoqué la mort de plusieurs personnes récemment en Afrique ?
« Les abeilles africaines peuvent être problématiques car elles sont beaucoup plus agressives que leurs homologues européennes et attaquent souvent les gens qui approchent de leurs nids », admet Hans Dreyer.
Mais, il propose : « Maintenir des habitats naturels suffisants dans les paysages agricoles pourrait être un moyen de réduire les risques de contact étroit entre les populations et les abeilles africaines, tout en donnant aux autres abeilles et pollinisateurs la possibilité de se nourrir et de se reproduire. »

 
This article was originally published on SciDev.Net. Read the original article.

 

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