Il ne manquait que ça. Faure Gnassingbé n’est pas repu par les trois (03) mandats problématiques effectués à la tête du Togo avec un bilan rachitique et veut en briguer un 4e en 2020. Et l’attirail au pouvoir annonce une pseudo-tournée nationale d’explication (sic) de ce dessein « démocraticide » aux populations. Une initiative qui cache simplement une manipulation des consciences en perspective.

Restez à jour en vous abonnant à notre canal Telegram.

Lire aussi:Quel type de Togolais les 52 ans d’Eyadema et de Faure ont-ils créé ?

Tournée d’explication du 4e mandat…

Les envies de 4e mandat de Faure Gnassingbé en 2020 ou plutôt d’un bail à vie sur le fauteuil présidentiel sont un secret de Polichinelle. Même à Djarkpanga, on le sait. Ses missi dominici ont plus d’une fois levé le voile sur ces desseins et ses métayers de l’Assemblée « UNIRcolore » lui ont tracé la voie pour ce faire. Mais la nouveauté, c’est une tournée nationale dite d’explication envisagée pour bientôt. Le scoop a été donné par le collabo le mieux placé du moment pour le faire, Sélom Komi Klassou.

Le Premier ministre plus militant et griot qu’intellectuel – c’est un universitaire s’il vous plait, Docteur en Hydro-climatologie appliquée à l’Environnement, a encore frappé. C’était lundi dernier, en marge de la rencontre entre une délégation du RPT/UNIR et une autre du Parti communiste chinois venue au Togo pour présenter la version française d’un livre écrit par le Président chinois Xi Jiping. Une occasion pour le locataire de la Primature de faire encore parler son talent de Balla Fasséké (griot), élevant Faure Gnassingbé au rang de « leader éclairé ». Et d’annoncer la fameuse tournée nationale d’explication du 4e mandat de leur « champion » aux populations.

…Inutile à tout point de vue

Tournée d’explication de l’envie du 4e mandat de Faure ? Cette initiative n’en vaut vraiment pas la peine, d’autant plus que la Loi fondamentale lui en donne déjà l’opportunité. On serait peut-en 2015 que cette tournée d’explication d’un extra-mandat aurait du sens.

Lire aussi:Gnassingbé Eyadema: dans les secrets d’un colosse [1935-2005]

En effet, le pouvoir a réussi le 8 mai dernier à faire adopter par les députés nommés lors des législatives du 20 décembre 2018, des réformes constitutionnelles taillées sur mesure pour le Prince. Ils lui ont simplement remis les compteurs à zéro, ce qu’il cherchait depuis des lustres, et surtout donné la possibilité de se représenter à sa propre succession en 2020, avec les dispositions de l’article 158 nouveau, alinéa 2 : « Les mandats déjà réalisés et ceux qui sont en cours à la date d’entrée en vigueur de la présente loi constitutionnelle ne sont pas pris en compte dans le décompte du nombre de mandats pour l’application des dispositions des articles 52 et 59 relatives à la limitation du nombre de mandats ».

Avec les réformes opérées – même si elles sont contraires aux aspirations du peuple – et promulguées par ses soins à peine une semaine plus tard, soit le 15 mai 2019, le Prince avait tout pour justifier sa candidature à un 4e mandat. C’est dire que les vraies motivations de cette tournée annoncée sont ailleurs…

Une manipulation des consciences en perspective

L’annonce de cette tournée doit faire sourire le commun des observateurs avisés des pratiques politiciennes sous le régime des Gnassingbé. Car elle cache simplement des manipulations des consciences en perspective. Elle sera une belle occasion d’instrumentaliser les pauvres populations.

Les délégations vont vanter le soi-disant bilan positif de Faure à la tête du Togo pour conditionner leurs interlocuteurs. Et à défaut de marches de soutiens pour revendiquer ouvertement sa candidature, ce sera une aubaine de monter certains Togolais pour le clamer. « Les marches de soutien sont peut-être révolues, sinon le pouvoir en organiserait. Ce qu’il va se passer, on convoiera dans cette tournée les médias publics et autres caisses de résonance et le micro sera tendu à beaucoup de gens qui vont lui demander de se porter candidat pour soi-disant continuer son œuvre de construction et de développement du Togo », pressent un observateur avisé.

Lire aussi:Présidentielle 2020: la nouvelle doléance de Mgr Kpodzro à Faure Gnassingbé

Le reste consistera à récupérer ces propos et les utiliser pour légitimer l’éventuelle candidature de Faure Gnassingbé. Cela n’est pas sans rappeler la jurisprudence Eyadema en 2002, où il avait été organisé des manipulations pareilles des consciences. A travers des montages grotesques, on avait vu et entendu des populations supplier presque le « vieux » de briguer un 3e mandat, ce que ce dernier fit, prétextant ces appels tous azimuts et annonçant le 30 avril 2003 avoir accepté de se « sacrifier » une nouvelle fois…

C’est cette légitimité à une candidature à un 4e mandat de Faure qui était quémandée par le pouvoir de l’opposition plus ou moins crédible et ses représentants à l’Assemblée nationale et c’est le refus des députés de cette opposition à l’époque, de lui concéder ce passe-droit qui avait poussé les élus du RPT/UNIR à rejeter le 30 juin 2014, le projet de loi adopté en conseil des ministres et introduit par le gouvernement. Le pouvoir est abondamment revenu à la charge, au cours des dernières tractations de mise en œuvre des réformes ayant précédé les législatives de décembre 2018.

Silence stratégique de Faure

Depuis que le débat sur sa candidature à un 4e mandat est lancé, l’homme s’est muré dans un silence sépulcral, laissant ses inconditionnels parler et agir à sa place.

On se rappelle, c’est le Premier ministre Sélom Komi Klassou qui avait ouvert le bal, au lendemain des législatives de décembre dernier, annonçant non seulement leur « champion » candidat, mais aussi et surtout vainqueur de la présidentielle de 2020. Après lui, le Secrétaire Exécutif du RPT/UNIR, Aklesso Atcholé. Au cours d’une descente d’une délégation de députés de la Binah sur le terrain, il a informé ses interlocuteurs de la candidature de leur « champion » incontesté de la boulimie du pouvoir. Une pseudo-cellule de réflexion du parti au pouvoir est aussi allée sur la même piste…

L’un des derniers collabos à s’illustrer avant le bouquet final (sic) de Komi Klassou lundi dernier, c’est forcément Robert Dussey. En marge d’une visite au Quai d’Orsay pour mendier une audience à leur « champion », le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration et des Togolais de l’Extérieur a été assez explicite le 25 juillet dernier sur la question, ne voyant pas Faure Gnassingbé ne pas être candidat pour son bilan super positif (sic) à la tête du pays…

Lire aussi:Présidentielle 2020: le curieux appel de Faure Gnassingbé à ses collègues de l’opposition

Dans toute cette histoire, le concerné garde le silence, donnant l’impression d’être loin de toute cette agitation et surtout de n’être pas intéressé par un 4e mandat. Lorsqu’il viendra à rompre le silence, ce serait d’avoir entendu tous ces appels et de répondre positivement à ces sollicitations…

Tino Kossi

Source : Liberté

Tu pourrais aussi aimer

Laisser un commentaire