Elles demeurent l’épicentre de la crise politique au Togo. Une revendication portée par le PNP et qui créé les déchirements observés jusqu’à présent. Les réformes, puisque c’est de cela qu’il s’agit, cristallisent depuis lors, les passions convulsives et énergies vives au sein de la cité. La coalition de l’opposition en fait une condition sine qua non avant toute consultation électorale. Une fixation qui devait paraitre comme une solide garantie pour l’alternance. Mais, la question est de savoir si les réformes à elles-seules suffisent pour gagner des élections au Togo, lorsqu’on connait la litanie des élections tronquées, volées, fraudées, braquées…la liste n’est pas exhaustive, mais la réponse ne peut qu’être négative. Alors comment garantir la vérité des urnes au Togo ? Qui pour être à l’avant-garde cet autre combat et, quel discours pour quelle complicité avec la communauté internationale.

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« Qui veut voyager loin ménage sa monture ». Cette locution proverbiale constitue l’une des réflexions sensées de tout homme réfléchi qui veut construire à l’avenir sur des fondements solides, poser les bases d’une action durable ou établir le socle d’une vie qui ne se nourrirait plus tard de regrets. L’avenir se prépare aujourd’hui, enseigne un adage populaire. Dans cette logique, d’aucuns diront volontiers que 2020, c’est demain, et il faut dès à présent, se préparer en conséquence si l’on ne veut être surpris par les événements.
Ce rappel de conception de vie, est une invite pour les peuples en lutte pour l’alternance et le changement de sortir enfin de leur lit, de quitter les sentiers de la léthargie ou cette période d’hibernation qui ne peut profiter à quiconque veut réaliser de grands exploits dans moins d’un an. Les chantiers sont énormes, il faut alors se lever tôt parce que l’adversaire politique occupe du terrain. Conscient de l’enjeu, 2020 n’étant plus loin, le régime togolais pose déjà quelques jalons, multiple des actions d’envergure pour définitivement prendre de l’avance sur son temps. Pendant ce temps, la coalition de l’opposition en qui le peuple dans la majorité a foi, semble être dans un profond coma après le grand duel du 20 Décembre 2018. Une posture dangereuse aux conséquences imprévisibles, mais sûrement dévastatrices. Il faut changer.
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L’onde de la gagne…
Elle a déjà posé des actions par le passé qu’il faut maintenant assurer la survie et le suivi. Cette coalition de l’opposition veut casser toutes les stratégies de fraudes pour les prochaines échéances électorales en restant intransigeantes sur l’adoption des réformes constitutionnelles et institutionnelles. C’est une bonne mesure. Cependant, connaissant l’histoire des élections tronquées, même braquées dans cette République Togolaise, il apparait que l’on oublie un détail important dans cette lutte démocratique pour l’alternance et le changement. Il s’agit de poser d’autres balises contre la fraude électorale, de faire en sorte que le vote des électeurs ne soient plus volé par ceux qui en sont quasiment devenus de grands spécialistes.
Dans une récente analyse sur la situation au Togo, le Coordonnateur général du Collectif pour la Vérité des Urnes, Dr. Yves Ekoué Amaïzo écrit : « La vérité des urnes n’est pas possible avec le système Gnassingbé et ce système se perpétue de père en fils. L’état civil défaillant et donc faux, la falsification des procédures électorales, le verrouillage de toutes les institutions de promotion de la vérité des urnes et de la vérité des comptes publics à des fins de mascarade démocratique doublée d’une désinformation orchestrée, ne peuvent servir de doctrine pérenne pour le futur du Togo.
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La réflexion de cet observateur avisé de la scène politique togolaise rappelle l’autre grand défi pour la coalition de l’opposition qui semble ne tabler que sur les multiples réformes prescrites par l’APG pour gagner. Ah non, il y a bien plus. La révision du code électoral, la réforme du fichier électoral, la refonte du découpage électoral, etc. tout cela ne suffit pour gagner des élections au Togo. Puisque dans ce pays, les obstacles pour l’alternance et le changement ne sont pas uniquement institutionnels, mais ils sont également structurels et quasiment sociétaux et annexent évidemment la question des ressources financières précédemment évoquée par notre rédaction. Donc aujourd’hui, c’est un gros risque que prend la coalition de l’opposition togolaise en faisant une fixation sur la question des réformes et en donnant l’impression qu’il suffit d’avoir de meilleurs réformes constitutionnelles, institutionnelles, électorales, etc. pour gagner. Aussi faut-il concevoir que dans cette lutte où le Togo depuis des lustres, semble être victime d’une démocratie sélective, une démocratie au clairon de la diplomatie occidentale, il faut bien plus que de simples réformes pour provoquer l’alternance. D’ailleurs, c’est un secret de Polichinelle de déclarer que la communauté internationale tant dans son ensemble que dans sa diversité, principalement les institutions multilatérales comme l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), l’Union Africaine (UA), la Communauté Économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les principaux présidents africains membres du « syndicat des chefs d’Etat », mais aussi les pays d’assistance bilatérale comme la France, l’Allemagne, les Etats-Unis etc. tous ont opté pour une complaisance à l’égard de Faure Gnassingbé et le cynisme de son régime. Ils ont pris fait et cause pour ce régime et pour l’autocratie au détriment des valeurs démocratiques et de la souffrance d’un peuple assujetti, opprimé et blessé. En 2005, l’image d’un militaire en fuite les urnes sous les aisselles, a fait le tour du monde en image grâce aux caméras des chaînes de télévision internationale. Qui aurait cru que ce régime peut tomber si bas ? Et pourtant, la communauté internationale s’est félicitée des « conditions globalement satisfaisantes dans lesquelles se sont déroulées les élections ». Il faut réfléchir profondément.
Le bon casting…
Dans un monde relationnel où les riches ne peuvent davantage qu’être plus riches et les pauvres misérablement plus pauvres, il convient d’établir que si le pauvre ne prend de sérieux engagements pour sortir de son indigence, personne ne devait s’apitoyer sur son sort. Pendant des années, le peuple togolais porte sa croix, une souffrance perpétuelle qui se définit par une servitude volontaire à l’autocratie et à la barbarie des hommes à la morale perdue. Le seul exploit comptable pour ce peuple est de dénoncer de manière discontinue le cynisme de ces autres-hommes. Mais aujourd’hui, il lui revient de pouvoir dire définitivement en bonne intelligence et bon courage : « Non, ça suffit ». Cela ne devait plus être une incantation sans fond prononcée sur le chaud soleil, mais des propos conçus, construits et tenus devant les prétendus « Seigneurs » de la cité. Pour ce faire, il faut d’abord trouver des hommes capables de conduire la détermination des illuminés, ces dévots décidés à enfin sortir de leur condition de misère. C’est cela le bon casting. Si pendant des années, le décollage n’a pu se faire, c’est aujourd’hui une obligation de pouvoir oser autre chose. Car, les conditions dans lesquelles se trouve actuellement les populations togolaises, exigent un changement de coach. Un constat que partagent les esprits avertis. Mais qui sera le nouveau manager ?
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Si sous d’autres cieux, la communauté internationale vole au secours des peuples suppliciés, c’est que devant, elle a trouvé un leader capable et en qui, on peut confier la destinée d’une nation. C’est pourquoi, loin de toutes réflexions anachroniques, partisanes et militantes, pour se sauver, le peuple togolais doit contribuer à trouver cet « oiseau rare ». Ce dernier doit incarner la carrure d’homme d’Etat qui maîtrise les enchaînements de la diplomatie intelligente et être à l’aise dans les officines diplomatiques de décision à grande influence. Si en Côte d’Ivoire, les mêmes qui ont refusé le recomptage des voix à Laurent Gbagbo pour introniser Alassane Ouattara, soient ceux qui exigent en RDC, le recomptage des voix pour Martin Fayulu contre Félix Tshisékédi, il faut en déduire que le Togo des peuples en lutte a besoin de rassurer pour que l’alternance soit une réalité. Même sans les réformes, s’ils en trouvent un qui soit capable d’assurer la pérennité de leurs intérêts, 2020 sera donc consacrée, année de l’alternance au Togo. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende !
Sylvestre BENI/ LaManchette

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