Vendredi 05 avril 2019, le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé a lancé, à Tsévié, 35 Km de Lomé, une campagne de vulgarisation du Programme national de développement (PND, 2018-2022). L’objectif est, selon les initiateurs, d’amener les populations à s’impliquer dans la mise œuvre du PND.
Lire aussi: PND : Au-delà du folklore
Après son périple à l’étranger le mois dernier, en faveur du PND, qui l’a notamment amené aux Emirats Arabes Unis, au Rwanda et en Afrique du Sud, le Président de la République vient d’entamer la phase nationale de la mobilisation autour du PND dénommée « PND Tour ». Le Top départ a été donné vendredi dernier à Tsévié. En effet, Cette initiative gouvernementale entend impliquer toutes les forces vives de la nation dans la réalisation de la nouvelle stratégie nationale de développement. Le PND Tour va sillonner toute l’étendue du territoire. Au cours de ce périple, les différents axes du programme seront expliqués aux populations. Pour ce faire, des conférences-débats sur les enjeux du plan, des expositions sur les potentialités socio-économiques, ainsi que des rencontres d’affaires avec les entrepreneurs sont également prévues au menu du PND Tour.
Mais cette initiative n’est pas du goût de plusieurs observateurs qui dénoncent « un gaspillage » et des ambitions inavouées.
Du gâchis !!!
Pour réaliser le PND, le gouvernement a besoin de 4622 milliards de FCFA dont 62% doit provenir du secteur privé. Pour ce faire, l’Etat doit obligatoirement se démêner pour trouver ces fonds afin d’atteindre cette ambition. Mais paradoxalement, l’exécutif national se livre à d’autres dépenses qualifiées « d’inutiles» par certains observateurs, notamment politiques. C’est le cas de Agbéyomé, Kodjo, Président du Mouvement des patriotes pour la démocratie et le développement (MPDD). « Pour moi, le PND constitue un adjuvant pour le chef de l’Etat, qui lui permet d’avancer. C’est extrêmement ambitieux, car mobiliser plus de 4 000 milliards pour cette période, c’est difficile », a déclaré le Président du MPDD. « Le PND de la Côte d’Ivoire s’élève à 30 000 milliards de FCFA, du Burkina Faso à 17 000 milliards et la PAG (Programme d’action du gouvernement du Bénin) à 9 000 milliards. Tous ces pays n’ont pas folklorisé le PND », a fait remarquer Agbéyomé Kodjo.
Lire aussi: PND: les critiques nourries de Gilbert Houngbo!
L’ancien Premier Ministre pointe du doigt, la corruption « institutionnalisée » dans le pays. « On ne peut pas vouloir faire une croissance durable qui produit de l’emploi et laisser la corruption se développer. C’est devenu un sujet tabou qu’on ne veut pas évoquer dans les cercles officiels. On en parle à bas bruit. Je considère qu’on doit, pour ce pays, en faire un combat prioritaire si nous voulons sa réussite», a laissé entendre Agbéyomé Kodjo.
Selon le président du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD), cette tournée n’est pas indiquée pour faire adhérer les Togolais à la chose. Au lieu de folkloriser le programme, a-t-il insisté, il faut penser à comment régler les « problèmes internes » pour amener tout le monde à adhérer à ce programme. « Tout ce qu’on doit faire pour décliner le contenu du PND, c’est ce qui est important. Mais dire qu’on va circuler 19 localités, pour moi, les conseillers qui entourent le président Faure sont en train de lui raconter des histoires. Je suis un homme averti, le tour-là, ce n’est pas ça », a-t-il déclaré. « Beaucoup de gens se plaignent aujourd’hui que c’est difficilement qu’ils arrivent à faire un repas par jour. Ce défi, cherchons à le relever avant d’en créer d’autres. Faure Gnassingbé doit donner aux Togolais leur pain de chaque jour », a-t-il suggéré.
En outre, M. Kodjo n’écarte pas le fait que le PND soit utilisé à des fins politiques. Ainsi, Faure Gnassingbé profiterait de ce soit disant campagne de vulgarisation du PND pour entrer en précampagne dans la perspective des élections présidentielles de 2020.
Lire aussi: Togo : PND et PNP, Qui Voit le Rapport ?
Le fils sur les traces du père…
Comme le dirait l’autre, Faure est en train de ressusciter Eyadema. En effet, le mode de gestion des affaires du pays et bien autres aspects de la gouvernance de Faure Gnassingbé ressemblent, depuis un certain temps, à ce qu’avait instauré son défunt père depuis 98 jusqu’àson passage à trépas. Comme sous l’ère du Feu Général Gnassingbé Eyadéma, le culte de la personnalité est désormais au centre de la gouvernance du fils du père où on profite de la moindre occasion pour mettre le Chef de l’Etat en haut de l’affiche, tel un Superman.
Le culte de la personnalité, en effet, permet aux régimes dictatoriaux, la divulgation d’une mascarade, le dictateur apparaît « Grand », comme un « Sauveur », un « demi-dieu » en somme. Là, le culte commence car tout est bon pour diviniser le dictateur : affiches, œuvres en sa gloire, enrôlement de la jeunesse, défilés démesurés. Aujourd’hui, c’est le chemin que prends dangereusement Faure Gnassingbé. Une façon pour lui de faire « passer la pilule », de ces 14 ans de règne qui ont coûté la vie à des centaines de citoyens et placé le pays dans une situation économique délicate.
Pourtant en 2005, alors en campagne Faure Gnassingbé avait déclaré : « Je fais un rêve : celui d’un Togo modèle d’une Afrique moderne, conquérante, audacieuse. Le meilleur hommage que nous puissions rendre au père de la nation, le général Eyadéma, c’est d’atteindre cet objectif. Mais je suis conscient que nous n’y parviendrons pas en recopiant le style et les méthodes qui furent les siennes. Les temps ont changé. « Lui, c’était lui. Moi, je suis moi ». Le temps a passé et l’eau a coulé sous les ponts. Et plus ce temps passe, plus le Chef de l’Etat se rapproprie les méthodes de son père.
Lire aussi: PND Tour: Agbéyomé dézingue le plan de faure Gnassingbé
D’ailleurs dans la même interview, Faure Gnassingbé a avoué son admiration pour son père qui laissait déjà apparaître un signe. « Le président Eyadéma fut un grand homme, un grand président, un grand Togolais, c’est incontestable », dixit Faure Gnassingbé, avant d’ajouter, « seulement, aucune œuvre humaine n’est parfaite. Des erreurs ont été commises ». Curieusement, Faure Gnassingbé commet les mêmes erreurs que son défunt père.
Source : Fraternité

Restez à jour en vous abonnant à notre canal Telegram.

Tu pourrais aussi aimer

Laisser un commentaire

Plus dans:Opinions