Un élu local, dénoncé par le président Duterte en 2016 comme narcotrafiquant, a été abattu à son domicile ce dimanche 30 juillet par la police philippine, avec ses gardes du corps et une partie de ses proches. Des armes d’assaut et de la méthamphétamine ont été retrouvées dans les résidences du clan.
La « liste » des narcotrafiquants dressée par Duterte vient encore de raccourcir. Cette fois, c’est un élu local, abattu avec sa famille et ses gardes du corps, qui en a été rayé. Reynaldo « Aldong » Parojinog, le maire de la ville d’Ozamiz,dans le Misamis Occidental, a été la cible de plusieurs raids simultanés des forces de l’ordre ce dimanche 30 juillet. Selon le Manila Times, un rapport de la police locale fait état de 12 victimes, parmi lesquels figurent l’élu, sa femme Susan et son fils, Parojinog Junior. Nova Parojinog Eschavez, fille et adjointe du défunt maire, a été arrêtée et placée en garde à vue par le Criminal Investigation and Detection Group (CIDG).
12 morts, parmi lesquels la famille du maire, des journalistes et des miliciens
Le raid meurtrier s’est déroulé à 2h du matin dans la nuit de samedi à dimanche. Munis de six mandats de perquisition, des officiers de la police provinciale, de la police locale et du CIDG ont débarqué dans les résidences de la famille Parojinog. Selon le porte-parole de la police Lemuel Gonda, cité par le Manila Times, les mandats d’arrêt visaient le maire Parojinog et son adjointe, ainsi qu’un membre du conseil d’administration de la ville. Dans la résidence principale de Barangay San Roque, les agents de sécurité du maire auraient ouvert le feu sur les forces de l’ordre, qui auraient riposté. Le maire, sa femme et son fils, ainsi que les gardes du corps, sont morts dans la fusillade.
Etrangement, deux journalistes de la chaîne locale Lumad TV figurent également parmi les victimes identifiées, rapporte le Manila Times, qui précise que « les circonstances de leur présence au domicile du maire ne sont pas claires ». Quatre membres de la Barangay Peacekeeping Action Team (BPAT) ont été tués, sans que l’on sache s’ils se trouvaient du côté des forces de l’ordre ou des agents de sécurité de Parojinog.
Chez le maire lui-même, mais aussi chez son frère, Ricardo Parojinog, les policiers ont découvert un arsenal impressionnant : un fusil de chasse, trois lance-roquettes et deux grenades à main, recense le Manila Times, ainsi qu’un lance-grenades M79 – un modèle utilisé par l’US Army lors de la guerre du Vietnam, et par Terminator dans le film éponyme de James Cameron. Thata Roxas, reporter pour la chaîne Mindanaoan Broadcasting Channel, rapporte également, images à l’appui, que de l’argent liquide et des sachets de drogue ont été trouvés sur place. Il s’agit vraisemblablement de « shabu », de la méthamphétamine crystal.
« Ozamiz est un endroit dangereux »
En 2016, les Parojinog avaient déjà été visés par la Philippine National Police (PNP), qui avait perquisitionné leurs résidences à la recherche de drogue et d’armes à feu. Placé par le président Rodrigo Duterte sur la liste des politiciens suspectés de narcotrafic, le maire avait alors nié en bloc. Selon le Mindanao Examiner, sa fille Nova Parojinog Eschavez était en relation avec Herbert Colangco, un baron de la drogue incarcéré à la prison de New Bilibid, à Manille. Le journal affirmait également que le maire Parojinog avait monté dans sa ville une véritable milice privée. « Ozamiz est un endroit dangereux », reconnaissait un résident interrogé par le Manila Times ce dimanche matin.
C’est la troisième fois que le gouvernement Duterte fait abattre un maire dans le cadre de sa lutte contre le trafic de drogue, placée par le président en tête de ses priorités de mandat. En 2016, deux élus locaux, Rolando Espinosa à Albuera, dans la province de Leyte, et un autre maire du sud des Philippines, avaient été tués en l’espace d’une semaine. Eux aussi figuraient parmi les 160 politiciens mentionnés dans la « liste » de Duterte, lequel s’est engagé à ne pas mettre un terme à la répression avant que tous les narcotrafiquants aient été éliminés.

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