Faure Gnassingbé vient pour la 4e fois, avec un groupe d’affidés adeptes de l’ésotérisme et des abus de pouvoir, de s’investir comme le Chef d’Etat du Togo, ce pour un quatrième mandat de 5 ans, 2020-2025. Finira-t-il ce mandat ? Nul ne le sait.

Restez à jour en vous abonnant à notre canal Telegram.

 Sur la scène internationale, ce régime militarisé ne reçoit des pays occidentaux que des remontrances de façade, en récompense de son ancrage dans la lignée des politiques libérales qui permettent à ces pays de rester en Afrique, non pas uniquement pour combattre les groupes terroristes, mais surtout pour préserver leurs intérêts économiques.

 En contrepartie, le système militarisé peut ainsi perdurer au Togo et permet de combattre toutes velléités d’oppositions frontales, larvées ou de façade, sauf si le Peuple togolais en décide autrement.

A LIRE AUSSI: [Secret de palais] : Bodjona-Faure, les non-dits d’une réconciliation!

1. LA TERREUR POUR PASSER D’UN MANDAT PRÉSIDENTIEL À UN AUTRE, MAIS PAS QUE…

Le Togo, qui a été qualifié par Amnesty International 1 « d’Etat de terreur », vient de démontrer que le système ésotérique, militaire et civil n’est pas une « dictature à bout de souffle 2 » mais en métamorphose constante. Avec l’impossible unité des dirigeants des partis politiques, dont certains ont choisi de participer et cautionner des élections de la contrevérité des urnes, le système politique militarisé des Gnassingbé a encore réussi à imposer le fils du père, comme candidat à sa propre succession, puis comme président, lors d’une élection présidentielle non validée par le comptage et recomptage des bulletins dans chaque bureau de vote.

Tous les faux dialogues qui ont précédé – 28 à ce jour – ont davantage servi à alimenter ou enrichir quelques entités dites de l’opposition togolaise. Ils ont surtout conduit le Peuple togolais à un profond désenchantement, voire une immense désillusion quant aux chances d’une alternative politique pacifique dans le pays. Le pire serait que cette situation entraine une démobilisation populaire de longue durée, et l’introduction imprévue de la guerre des archevêques « catholiques » n’a contribué qu’à augmenter la confusion. En effet, aujourd’hui, nul ne peut objectivement ne pas distinguer :

d’une part, entre le groupe conduit par l’archevêque hors classe, Mgr Philippe Fanoko Kossi Kpodzro qui a soutenu le candidat dit « unique » parmi 6 autres, en se déclarant dans l’opposition au pouvoir en place, et

d’autre part, le groupe avec à sa tête et souvent en toute discrétion et malice, Mgr. Barrigah Nicodème Anani Barrigah-Benissan, né à Ouagadougou en 1963, qui bon an mal an, a systématiquement accompagné l’autocratie et s’est toujours montré bien silencieux – vraisemblablement en prière – sur les crimes, les kidnappings et bien d’autres crimes ésotériques. Sauf que toutes les victimes du système dictatorial et autocratique au Togo sous le règne du système Gnassingbé n’ont pas trouvé de réparation à ce jour.

La fameuse CVJR – Commission Vérité Justice Réconciliation, dirigée par Mgr Barrigah-Benissan n’a servi qu’à gagner du temps et à légitimer le déni de justice aux victimes. En effet, les victimes identifiées soit n’ont pas été indemnisés, soit ne l’ont été que très marginalement par le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN). Une structure du gouvernement qui s’est érigée en une forme de « fausse juridiction du solde de tous comptes » en payant approximativement entre 1 % et 10 % des sommes dues, ce sans aucune trace écrite. Cela permet d’éviter, avec l’appui de « conseils intimidants » qui pèsent sur les victimes, que celles-ci aillent ester en justice.

A LIRE AUSSI: Trahison: un proche d’Agbéyomé rejoint Faure

C’est ainsi qu’au Togo, l’un des plus grands scandales sous Faure Gnassingbé perdure. Il s’agit des incendies simultanés et criminels des marchés de Lomé et de Kara destinés à faire inculper et condamner les dirigeants de l’opposition de l’époque. Comment sinon expliquer, pourquoi à ce jour, sept (7) ans après les faits, il n’y a toujours pas de plaintes déposées en justice de la part des victimes ?

La France qui dispose du précieux rapport de ses experts, qui condamne le Gouvernement togolais en faisant apparaitre la véritable chaine de responsabilités, ne semble toujours pas disposée à le mettre à disposition du public et des médias. Alors la justice finira bien par obtenir ce rapport, à moins que les incendies criminels des marchés de Lomé et de Kara ne soient classés par la France comme « secret défense », ou que ce rapport ne soit à son tour falsifié comme ceux qui ont suivi !!!

2. EST-CE QUE LES CHANCELLERIES OCCIDENTALES CAUTIONNENT L’INVESTITURE ET LE KIDNAPPING ?

L’investiture de Faure Gnassingbé, – avec ou sans Coronavirus Covid-19, nul ne le sait – s’est déroulée sans confinement, mais sous un couvre-feu et des lois liberticides. La situation sécuritaire est caractérisée par des brutalités des forces dites de sécurité et des violences meurtrières, à tel point que le décompte du nombre de morts dus au COVID-19 pourrait s’avérer inférieur à celui du nombre de personnes qui ont subi les exactions policières durant le couvre-feu. Encore faut-il que les statistiques officielles soient fiables.

Mais l’investiture de la contrevérité des urnes pour le 4e mandat de Faure Gnassingbé repose sur les fraudes électroniques impossibles à prouver sans recomptage des bulletins bureau de vote par bureau de vote. Elle repose aussi sur le soutien de certains pays occidentaux à l’autocratie. En fait à l’excroissance militaire que constitue le cénacle des cadres togolais en charge de la sécurité, la plupart ayant été formés dans les écoles militaires françaises et ont été formatés pour faire d’abord allégeance à « la voix de son maître » avant d’obéir à la « voix de l’élève au Togo ». Mais l’autocratie qui se confond parfois avec la dictature, se nourrit des soutiens extérieurs et de leurs critiques de façade. On appelle cela « diplomatie, paraît-il ! ».

La France et l’Allemagne et par extension, les structures dépendantes de ces pays comme les Nations Unies, la CEDEAO, voire même l’Union africaine sont des adeptes invétérés du jeu de « qui perd, gagne », ou ce sont toujours eux qui gagnent, jamais les peuples. Une partie du Peuple togolais ne l’a pas encore compris et continue de croire que le salut viendra de l’extérieur. Une manière de reporter ses responsabilités sur autrui. Mais une lourde erreur d’appréciation ! La réalité est que l’on a assisté graduellement à une véritable déresponsabilisation des élites au pouvoir au Togo.

Est-il besoin en effet de rappeler, que des responsables et des journalistes de médias nationaux, africains et internationaux ne se privent pas d’émarger sur le registre de l’omerta, afin de pouvoir accéder à leurs « enveloppes », comme parfois les fameux « publi-reportages », qui proviendraient de la présidence togolaise 3. Si le Peuple togolais sort de son profond sommeil, il constatera également que les militaires et instructeurs, français, israéliens et de bien d’autres pays africains, parfois dissimulés derrière un statut privé et commercial, sont ceux qui forment, encadrent, renforcent, voire entérinent les actes contre le Peuple togolais.  Ces actes sont commis au Togo par la soldatesque, officielle de l’armée, officieuse des milices. En effet, au Togo, l’armée est davantage employée à la répression des mouvements populaires qu’à la défense du territoire.

Pour que le système fonctionne, les chancelleries occidentales doivent obligatoirement cautionner les processus de faux dialogues, fournir l’argent d’une aide au maintien du statu quo – aide à laquelle parfois peut émarger une certaine opposition alimentaire -, et enfin cautionner des élections de la contre-vérité des urnes, avant, pendant et après par un silence coupable sur les violences, les violations des droits humains, bref les kidnappings et les tueries.

Et Dieu dans tout ceci ?  Il observe ! Il n’a jamais eu de candidat attitré.

3. LES ABUS DU SYSTÈME MILITARISÉ AU TOGO : Ltd-Colonel MADJOULBA RETROUVÉ MORT AU BUREAU

Depuis la crise sociopolitique ouverte le 19 août 2017 par l’insurrection populaire contestant le pouvoir politique en place depuis plus de 53 ans, le Peuple togolais subit chaque jour des violences inouïes mal ou pas du tout relayées, à quelques rares exceptions près, par la plupart les médias eux-mêmes soumis au système de l’allégeance informationnelle.

Une forme de terreur des Gnassingbé s’est graduellement installée tant aux plans politique, culturel, religieux, social, économique et juridique. Le système Gnassingbé considère que la soumission et la répression par l’abus de la force et du droit de toute opposition est le seul moyen d’assurer le succès du maintien permanent au pouvoir. Seule une opposition d’accompagnement est tolérée. L’indépendance d’esprit est vécue comme un affront, empêchant innovation dans la vie civile, et renforçant l’arriération des mentalités au point de favoriser la promotion des systèmes religieux considérant le travail comme inutile au profit d’une forme de magie des invocations hasardeuses pour des résultats ésotériques.  A ce rythme, c’est la productivité globale du pays qui en pâtit. Si en plus, la mauvaise gouvernance, la corruption et la mauvaise répartition des richesses se conjuguent pour créer une compétition de plus serviables, le Togo est « mal » parti pour réussir une alternative politique pacifique.

Pour ce faire, le système militarisé doit y contribuer. Aussi les promotions dans l’armée et les services de sécurité se font plus sur la base du nombre de « morts, de blessés, de manifestations brisées, de violences et autres violations des droits humains commis, que de la promotion de la dignité et de valeur éthique d’un agent de la sécurité du Peuple togolais. Au Togo, les exécutions extrajudiciaires et les « disparitions », les « kidnapping d’humiliation sous les yeux des membres de la famille » se poursuivent en toute impunité dans ce pays, gouverné depuis 1967 par le système Gnassingbé. Les arrestations arbitraires suivies de torture et de mauvais traitements aboutissent quasi-systématiquement et encore trop souvent à des décès en détention, si le lieu de détention est connu.

Le Peuple victime est persécuté et tout particulièrement les jeunes et les militants de structures politiques et associatives indépendantes. On peut citer le cas des militants du Parti national panafricain (PNP), kidnappés ou forcés à l’exil. Le kidnapping est devenu un moyen institutionnalisé par lequel la dictature des Gnassingbé enlève et neutralise celles et ceux qui, refusant la paix des cimetières, pourraient constituer pour elle une menace.

Dans l’armée togolaise, le kidnapping est « interne » à l’armée. Comme le système sécuritaire togolais est régi par la loi du silence, il faut bien se demander comment va se résoudre la mort tragique du Lieutenant-colonel Bitala MADJOULBA, Chef corps du 1er Bataillon d’Intervention Rapide (BIR). Cet officier des Forces Armées Togolaises (FAT) a été retrouvé mort à son service. Poignardé selon les uns, assassiné froidement de plusieurs balles selon un autopsie non officialisée… Bref, il n’y a à ce jour aucune communication officielle de la hiérarchie militaire, à savoir en définitive de Faure Gnassingbé, Chef suprême des armées. Le Collectif des Associations contre l’impunité au Togo dit CACIT 4 a rappelé au Gouvernement togolais ses obligations à savoir : au minimum une « enquête indépendante et impartiale dans le respect des règles et procédures spéciales et générales en la matière », ce conformément à l’article 13 de la Constitution togolaise qui stipule que « L’Etat a l’obligation de garantir l’intégrité physique et mentale, la vie et la sécurité de toute personne vivant sur le territoire national…Nul ne peut être privé de sa vie… ». Mais est-ce que la Constitution prévoit une investiture pour une 4e mandat d’un président illégal un dimanche (3 mai 2020) au Togo ?

A LIRE AUSSI: « Ils sont prêts à me poignarder dans le dos »- Faure Gnassingbé

4. LE KIDNAPPING DE KOFFI RAPHAËL ZIDOL : LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR DOIT ÊTRE DÉMISSIONNÉ

C’est ainsi que dans la journée du 30 avril 2020, vers 9 h 30 mn, environ 16 éléments des forces de l’ordre et de sécurité, en tenue civile, armés de pistolets automatiques et de fusils AK-47, à bord d’un minibus blanc immatriculé RT 2605 BD, ont encerclé le domicile de Koffi Raphaël Zidol à Vogan, préfecture de Vogan 5 au Togo. Des « corps non habillés » ont pénétré dans la maison de Monsieur Zidol pour se saisir violemment de lui après avoir vainement perquisitionné son domicile. Ils ont confisqué aussi son passeport.

Koffi Raphaël Zidol est né en 1967, père d’une grande famille, artisan indépendant et compétent, bien apprécié par ses clients et son entourage. Il est connu comme un « militant actif » du parti de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) dirigé par M. Jean Pierre Fabre. Une de ses fonctions au sein de ce parti politique était d’assurer, entre autres, les fonctions du maintien du service d’ordre et accessoirement la sécurité lors des manifestations de son parti dans la préfecture de Vo.

Le 30 avril 2020, sans aucun mandat d’arrêt, sans aucune explication ni motif valablement opposable, il a été emmené manu militari, devant sa famille et plus particulièrement ses enfants en pleurs et choqués, vers une destination inconnue. Sa famille ne peut s’empêcher de craindre pour sa vie, et surtout qu’il fasse l’objet de la procédure institutionnelle de la torture qui débouche immanquablement sur une personne vidée de ses capacités, une personne empoisonnée, une personne tuée. La famille a contacté plusieurs dirigeants de l’opposition et des associations. Mais malheureusement à ce jour, il n’y a eu aucune réaction officielle de son parti politique, l’ANC. L’association Mouvement Martin Luther King (MMLK) dirigée par un leader religieux, Pasteur Edoh Komi, a été contactée. Cette association est connue sur le terrain pour œuvrer pour la promotion de la justice et des droits humains au Togo. Le MMLK a confirmé l’interpellation de M. Koffi Raphaël Zidol par la police nationale et que le prévenu serait gardé au niveau de la Garde interne de la police nationale (GIPN). Il n’y a à ce jour aucune motivation officielle de la raison de l’arrestation. Les relations du prévenu avec les membres de sa famille ou des amis dans la Diaspora relèvent du ridicule, puisqu’aucun citoyen togolais ne peut prétendre ne pas avoir de relation avec un de ses compatriotes à l’étranger.

L’arrestation de Koffi Raphaël Zidol s’apparente manifestement à une arrestation arbitraire qui viole le droit togolais notamment la Constitution en vigueur, le droit régional de la CEDEAO, le droit africain contenu dans la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), et le droit international dans la plupart des textes de l’Organisation des Nations Unies. Compte tenu de l’impossibilité d’obtenir justice au Togo et du fait de la non séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire, il faut se rendre à l’évidence que Faure Gnassingbé ne contrôle plus les groupes de militaires de plus en plus indépendants du pouvoir Gnassingbé. Même si ces groupes militaires anticonstitutionnels ont besoin de la personne de Faure Gnassingbé comme faire valoir pour commettre impunément leurs actes odieux et abjects.

Où sont-ils les grands donneurs de leçons des droits humains ? Où sont-ils ces grands humanistes que l’on retrouvait dans les ambassades occidentales ? Est-ce la faute au coronavirus ? A moins que le défenseur de la liberté au quotidien qu’est M. Koffi Raphaël Zidol n’ait été emmené pour servir de premier test « clinique » pour le COVID-19 ? La détérioration de la santé de ce citoyen sera imputée à Faure Gnassingbé. Car rien n’est impossible dans un pays où sans avocat indépendant, la vie d’une femme ou d’un homme ne tient qu’à Dieu. S’il s’agit de règlements de compte, alors que l’ANC ait le courage d’éclairer le Peuple togolais. Sinon, que tous les militants de ce parti qui ont tant lutté et souffert pour la liberté, prennent conscience que lorsqu’ils ou elles ont besoin du soutien de leur parti, c’est à ce moment qu’ils constatent le degré d’impuissance ou d’inertie, qui conduit à sacrifier les militants sur l’autel du « bouc émissaire », du fait des jeux d’intérêts croisés ou bien compris.

Nous venons d’apprendre le kidnapping de Mme Bernadette Adabadji, Présidente de la Synergie des jeunes patriotes (SYJEP) et membre active de la Dynamique Kpodzro. Elle aurait été enlevée le dimanche 2 mai 2020 à 18 heures à Lomé 6. Elle serait en fait la 18e victime avec les 17 autres membres de la Dynamique Kpodzro, séquestrés et emprisonnés illégalement pour avoir défendu le droit à la démocratie. Ces victime innocentes sont encore plus nombreuses à rester dans l’anonymat puisque la peur de la torture se multiplient et prennent paradoxalement la forme de voies de fait violent. Il s’agit au Togo de tentative avortée de brutalité, d’agression, de meurtre mais aussi toute insulte et toute menace ouvertement adressée aux autorités. Un acte de désobéissance aux demandes d’un représentant officiel ou officieux de la sécurité du système Gnassingbé peut aussi être considéré comme étant une voie de fait.

La morale de ces histoires est que l’incompétence du ministre en charge d’assurer la sécurité des citoyens togolais est de plus en plus criarde. Il faudra se faire à l’idée que le ministre de la sécurité et de la protection civile est incapable de protéger les citoyens togolais. Aussi, il doit être démissionné, à moins qu’il ne démissionne lui-même.

5. 4e MANDAT : LE RÈGNE DE L’INTIMIDATION ET DES RÈGLEMENTS DE COMPTE ?

Les menaces et intimidations à l’encontre des populations, des acteurs de la société civile ou des partis politiques, s’inscrivent dans la longue tradition de la gouvernance de la terreur et de l’impunité du système politique Gnassingbé. Tous les espaces démocratiques doivent disparaître et les règles d’un Etat de droit ne doivent s’appliquer que dans le cadre arbitraire des géométries variables. L’armée, plus précisément sa partie non républicaine, est donc de plus en plus instrumentalisée ou incontrôlée. En tous cas, elle ne rend pas compte au Peuple togolais. Les femmes des soldats qui commettent de telles exactions doivent en prendre conscience.

Il n’y a donc pas une armée au service du Peuple togolais, mais bien une armée au service d’une oligarchie, et qui pour la maintenir au pouvoir, travaille contre le Peuple togolais, est au service des intérêts de puissances étrangères de plus en plus privés. Pour cela il fallait intégrer l’armée togolaise à la vie politique et lui trouver un bouc émissaire intérieur, ce fut et reste le Peuple togolais. Tant que le Peuple ne se révoltera pas contre cet état de fait, les voies de l’alternative courent le risque de voir le marathon démocratique se rallonger.

Le système militarisé, clanique et ésotérique togolais a graduellement transformé la fonction régalienne de la défense du territoire, mais aussi la protection et la sécurité des populations en un dispositif sécuritaire de contrôle par les forces armées togolaises. En filigrane, c’est une idéologie de conservation ad aeternam du pouvoir qui a été mise en place, non sans l’aide des instructeurs des anciennes puissances coloniales.

A LIRE AUSSI: Togo: Faure ne voulait pas prêter serment si…

Les forces armées se sont donc substituées aux forces de police, de gendarmerie. Elles se sont adjointes des nouveaux acteurs non officiels comme les milices paramilitaires, souvent cachées derrière des sociétés dites de sécurité ou de gardiennage. On retrouve ces dernières systématiquement lorsque les possibilités de voir le régime basculer pointent à l’horizon. Mais au cours des périodes électorales, il faut bien constater que ces forces hors-la-loi viennent prêter main forte à l’armée, engendrant de la confusion, une plus grande insécurité, fondée sur une gouvernance de l’impunité. Paradoxalement, les milices paramilitaires et alignées sur le pouvoir peuvent aussi se présenter sous la forme d’associations. On peut les retrouver notamment pour les activités de délation, diplomatiquement appelées « renseignement », au niveau de certaines associations estudiantines, ou des extrapolations du parti RPT/UNIR, mais de plus en plus dans les œuvres sociales et de charité, et même dans les églises… Il y a aussi des militaires retraités et d’anciens combattants désireux d’arrondir leur fin de mois, qui pour lutter contre la délinquance et la criminalité, deviennent eux-mêmes des délinquants et des criminels. Certains se sont spécialisés dans les forces anti-émeutes et ont des liens incestueux avec différents réseaux ésotériques, d’argent, militaires et bien sûr avec la françafrique.

6. LA DÉSILLUSION DU PEUPLE TOGOLAIS

Après le déclenchement de l’insurrection populaire en août 2017, un très grand nombre de citoyens togolais n’aurait pas imaginé que trois ans plus tard, en mai 2020, Faure Gnassingbé prêterait serment pour un quatrième mandat. Bien que prévenu à plusieurs reprises à travers de multiples communiqués, lettres ou analyses, régulièrement adressés au Peuple togolais par les associations indépendantes du système Gnassingbé, il faut bien constater que ce Peuple n’a pas entendu le message et s’est retrouvé dans une impasse prévisible. Depuis 53 ans ceux qui ont gagné les élections au Togo ont toujours été privés d’exercer le pouvoir. Tant que le système politique oligarchique Gnassingbé durera, il en sera ainsi !

Cette leçon depuis longtemps apprise, devrait constituer le postulat d’analyse de toute formation politique qui prétend sérieusement lutter pour une véritable alternative politique. Mais manifestement nombreux sont encore ceux qui choisissent de se porter caution du système en participant aux élections de la contrevérité des urnes, qu’il s’agisse des élections locales, législatives, ou présidentielles. Dans le Togo des Gnassingbé, le pouvoir n’est jamais remis à un représentant véritablement choisi par le Peuple. Ainsi, au fil des élections et des trahisons répétées de la volonté populaire, la mobilisation du Peuple a perdu de son entrain. L’impasse politique actuelle résulte du fait que l’on n’impose pas arbitrairement une candidature unique, mais on construit patiemment le socle politique qui permet une candidature commune. Le refus d’unité des partis dits d’opposition, mais aussi leur refus d’écouter la grande majorité du Peuple, les a décrédibilisés. Les impasses résultant des multiples erreurs stratégiques pré-électorales sont difficiles à corriger en période post-électorale.

7. LES LEÇONS DU PASSÉ À NE PAS RENOUVELER

Rappelons qu’il ne fallait pas accepter des compromis sur certains points clés du système de validation de la contre-vérité des urnes. Au nombre de ces points, on peut en citer au moins deux.

7.1 – L’acceptation des décisions d’une cour constitutionnelle inconstitutionnelle et illégale : la Cour Constitutionnelle actuelle étant illégale, toutes les décisions prises par cette Cour sont invalides, nulles et non avenues. En acceptant de participer à des élections qui seront validées par cette Cour Constitutionnelle, tous les participants ont tacitement légitimé la Cour Constitutionnelle actuelle et de facto pris l’engagement de respecter son verdict. RCDTI et CVU Togo Diaspora anticipant une autre forfaiture électorale ont pourtant invité les 6 participants déclarés opposants à Faure Gnassingbé à se retirer en bloc pour exiger l’établissement d’une Cour constitutionnelle légale et constitutionnelle selon les lois togolaises. Cela étant une des multiples conditions nécessaires pour que ces élections présidentielles soient crédibles et transparentes. Il est toujours plus difficile de remettre en cause l’illégalité et la non-constitutionnalité de la Cour Constitutionnelle après un processus électoral vicié. Toutefois, le droit togolais et celui de la CEDEAO le permet. Il fallait donc demander en urgence et au fond, une annulation de l’élection présidentielle. Un parti politique a engagé la procédure, apparemment pas en urgence.

7.2 – L’absence de projet de société commun, les critères et la procédure choisis pour identifier un candidat. Le peuple togolais a régulièrement souhaité mettre fin à un système dictatorial et autocratique. L’insurrection du 19 août 2017 ne fait que rappeler cette constance. Le Peuple togolais a toujours dans sa grande majorité, opté pour un changement de système politique dans lequel il verrait son quotidien s’améliorer. Pour cela, l’instauration d’une démocratie basée sur la vérité des urnes et des comptes, d’une économie de création de richesses et de juste répartition de celles-ci, de création d’emplois décents, étaient nécessaires. C’est donc cela l’alternative d’un projet de société.  Ce projet de société doit pouvoir être commun au grand nombre. Il doit être une alternative à celui actuel qui ne dit pas son nom mais est basé sur la gouvernance de la terreur et de l’arbitraire et des abus de tous genres. Ce projet de société commun, inclusif a besoin d’être débattu au préalable, d’où la nécessité d’organiser des conférences inclusives. Ces échanges doivent former le socle inamovible d’une unité et d’une identité nationales retrouvées. Ce projet viendra alors intégrer les aspirations et la vision commune d’un Togo nouveau, ce dans le cadre d’un budget soutenable et n’augmentant pas la dépendance du Togo et la perte de sa souveraineté. C’est ainsi que graduellement, des candidatures communes pourront apparaître et laisser le champ à la confrontation des idées et des stratégies gagnantes pour le peuple togolais. Un système démocratique et transparent de sélection des candidatures communes pourra alors faire émerger une équipe au service du Peuple togolais, un collectif nouveau, sans exclusive. C’est ce document fédérateur qui a manqué.

De nombreux candidats ont confondu un projet de société commun avec plateforme électorale ou plan national de développement, taillés principalement pour la communication de campagne électorale. Pour ce qui est du PND du gouvernement de Faure Gnassingbé, chaque citoyen attend toujours qu’il rende des comptes des 15 ans passés en termes de mauvaises allocations de ressources… Ce qui a pour conséquence, entre autres exemples, l’état déplorable et même dangereux parfois de l’hôpital de référence Sylvanus Olympio, privé des moyens pour offrir des soins à la population… Si avec plus de 53 ans de règne, malgré les ressources financières incommensurables, aucun projet de société commun n’a pu être élaboré et approuvé par le Peuple, c’est qu’il y avait d’autres priorités, et vraisemblablement aussi un manque de vision et de leadership. Il est difficile d’atteindre un résultat pour le Peuple sans que le Peuple ne soit consulté. Par ailleurs, il suffit de faire l’état des comptes du cercle rapproché du système Gnassingbé et du parti RPT/UNIR, en termes de richesses personnelles accumulées, pour se rendre compte qu’il y a au Togo un vrai problème de redistribution des richesses. Si le Peuple togolais s’était engagé derrière un Projet de société commun et non derrière des individus, alors l’identification de l’équipe qui conduirait le Peuple à la victoire aurait récolté des appuis militaires et financiers à l’international.

La corrélation entre le vote du Peuple togolais et l’exercice du pouvoir par la voie démocratique aurait été facilitée avec une mobilisation qui aurait dépassé les frontières du Togo. On aurait ainsi promu une approche collective fondée sur un projet de société commun et une équipe de gouvernance commune. Mais, le choix opéré a été différent. Il comporte aussi des conséquences car cela a « clivé » les forces de l’opposition. L’adhésion de tous n’a pas suivi. Il faut faire l’effort d’en faire un constat objectif pour pouvoir s’engager vers une troisième voie.

A LIRE AUSSI: Encore un proche d’Agbéyomé dans le viseur de Faure

8. RECOMMANDATIONS DE RCDTI ET CVU-TOGO-DIASPORA : ORGANISER LA 3e VOIE

RCDTI et CVU-Togo-Diaspora rappellent à l’Etat Gnassingbé, que dès lors que les forces de l’ordre et de sécurité optent pour le non-respect des droits humains contenus dans la Constitution, le Droit togolais et tous les traités juridiques des Droits humains et des Droits des Peuples, alors c’est un système qui est en délitement. C’est un système arbitraire qui nie l’état de droit, ou les règlements de compte et parfois la vendetta remplacent la justice, où le mal et la violence récurrents faits à autrui font office de gouvernance, hélas bénie par certains ecclésiastiques.

Le temps de la justice est cyclique. La nuit est longue mais le jour vient… Il se lèvera et le soleil brillera sur le Togo qui aura choisi la troisième voie, celle de la refondation de la dignité humaine pour chaque citoyen et des valeurs qui fondent le vivre ensemble sans abus.

Au cas où Koffi Raphaël Zidol, membre de l’Alliance Nationale pour le Changement, Mme Bernadette Adabadji, Présidente de la Synergie des jeunes patriotes (SYJEP) et les 17 autres membres de la Dynamique Kpodzro auraient fait l’objet de tortures ou auraient été soumis à des traitements cruels, inhumains et dégradants, RCDTI et CVU-Togo-Diaspora, avec le soutien de la famille et des témoins, se réservent le droit d’ester en justice pour que les coupables ne restent pas impunis.

RCDTI et CVU-Togo-Diaspora s’associent à tous les citoyennes et citoyens épris de justice, de dignité et de liberté, pour soutenir la constitution d’une plainte auprès d’une juridiction indépendante afin d’influencer la libération immédiate et inconditionnelle de Koffi Raphaël Zidol, de Mme Adabadji, des 17 membres de la Dynamique Kpodzro et de tous les anonymes emprisonnés et torturés au Togo.

Enfin, La gouvernance suppose pour qu’il y ait efficacité, de comparer le résultat obtenu à celui qui était escompté. Encore, aurait-t-il fallu qu’il y ait un projet structuré pour pouvoir faire un contrôle et une analyse des résultats obtenus. Cette erreur ne doit plus se répéter dans le travail de structuration et d’organisation de la troisième voie qui conduira à l’alternative politique au Togo.

RCDTI et CVU-Togo-Diaspora rappellent que la troisième voie n’est pas une voie de l’exclusivité mais bien de l’engagement collectif et pluraliste. Si une majorité du Peuple ne le souhaite pas, elle pourra toujours réexpérimenter la validité des expériences passées qui ont toujours conduit à des impasses politiques.

Aucune togolaise, aucun togolais ne doit accepter que l’abus de pouvoir au Togo soit encore légitimé entre 2020-2025. La détention arbitraire, la torture, les exécutions extra-judiciaires ne peuvent plus faire partie du projet de société commun au Togo. La formation au respect des droits humains figurera en priorité. D’autres considérations comme les mystères de Dieu doivent être prises en compte !

Si l’investiture pour une 4e mandat un dimanche signifie plus de kidnappings et de morts violentes sans explications, l’abus de pouvoir entre 2020-2025 risque de forcer à une division de l’armée togolaise. La partie qui rejoindra la lutte du Peuple togolais accélèrera l’avènement de l’alternative au Togo.

Le 07 mai 2020.

La Direction du :

Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et du

Collectif pour la Vérité des Urnes-Diaspora Togo (CVU-TOGO-DIASPORA) en partenariat avec toutes personnalités ou structures de la société civile indépendantes de la mouvance présidentielle au Togo.

Comité de Rédaction : RCDTI, CVU-TOGO-DIASPORA, SURSAUT-TOGO, RASSEMBLEMENT NATIONAL POUR LA DEMOCRATIE ET LE PANAFRICANISME (RNDP), FORCES DU CONSENSUS DÉMOCRATIQUE ET PARTENAIRES :

Yves Ekoué AMAÏZO, Dr.

Jean-Pierre Akoété BALIKPO

Ernesto D’ALMEIDA, Dr.

Mathieu D’ALMEIDA

Koffi DEKU, Ing.

EGBEKOU, Segnon

François FABREGAT

Apélété Félix KODJO

Antoine Koffi OKOUTA

Antoine RANDOLPH, Dr.

Tu pourrais aussi aimer

Laisser un commentaire

Plus dans:Opinions