Ils sont six candidats de l’opposition dans le starting-block à affronter le président sortant Faure Gnassingbé le 22 février prochain. Mais deux cristallisent l’actualité au Togo. Il s’agit de Jean-Pierre Fabre de l’Alliance nationale de changement (ANC) et de Messan Agbeyomé Kodjo du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD). Le second semble déjouer les pronostics.

Restez à jour en vous abonnant à notre canal Telegram.

En participant le 21 janvier dernier à la conférence de presse organisée par l’ANC, l’ancien premier ministre togolais Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo a fait coup double. Non seulement sa démarche a une fois de plus confirmé son désir de convaincre Jean-Pierre Fabre de le rallier mais aussi surtout réalisé un coup de communication. Il était l’attraction lors de la rencontre avec les médias organisée par l’ANC. Le président du MPDD a grappillé des points en attirant l’attention sur lui. Sa présence n’est donc pas anodine.

Messan Agbéyomé Kodjo renvoie une image qui pourrait retourner la situation en sa faveur. Il a su jusque-là résister à l’orage qu’est son passé relayé abondamment sur les réseaux sociaux. A mesure que le temps passe et presse, ses détracteurs semblent manquer d’arguments. Ils auraient contribué sans le savoir à « absoudre les péchés » d’Agbéyomé Kodjo dans la conscience collective des Togolais. Dans les discussions, beaucoup ne cachent pas leur envie d’essayer l’ancien président de l’Assemblée nationale togolaise lors de l’élection présidentielle prochaine. Sa cote s’améliore ainsi.

Aussi parallèlement à la fatwa dont il est la cible dans les forums de discussion et aux articles au vitriol, Agbéyomé Kodjo ne semble pas ébranlé. Il semble plutôt requinqué et engage des « discussions souterraines » qui portent des fruits à travers les membres de son équipe de campagne. Elle est un ensemble hétéroclite mais c’est bien pensé. En effet, le candidat choisi par la commission dirigée par l’évêque Philippe Kpodzro, comble sa lacune en base électorale par le débauchage qui ne dit pas son nom. Il s’entoure de Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, la présidente de la Convention collective des peuples africains (CDPA) de Fulbert Attisso, du parti Togo Autrement, de Gabriel Dosseh-Anyron du parti Le Nid, du Parti national panafricain (PNP), entre autres.

 Des membres de la société civile apportent aussi leurs soutiens à l’ancien premier ministre togolais. Certes ses détracteurs pourraient lui rétorquer que ce sont de micro partis. Toutefois, ce sont des forces non négligeables par rapport à leurs fiefs. En toile de fonds de ces cooptations tous azimuts, un « maillage du territoire ». Puisque du sud jusqu’au nord du pays Lomé, la « mayonnaise Agbéyomé » semble prendre.

Un bon carnet d’adresse

Pour avoir occupé des postes importants sous Eyadema, Agbéyomé dispose d’un bon carnet d’adresse sur le plan national et international. C’est un atout de taille qui a sans doute joué en sa faveur lors du choix du candidat unique de la commission mise en place par l’ancien évêque de Lomé. Le casting semble parfait.

Après la mise en place de son équipe de campagne, le candidat du MPDD va entamer dans les jours à venir une tournée internationale. Il compte ainsi réactiver ses « réseaux » et les convaincre de son ambition de briguer la magistrature suprême. Agbéyomé en a l’étoffe. Les remous suscités aux premières heures par sa candidature attestent que sans avoir une base électorale, il a un poids politique. Et c’est visiblement ce poids et son caractère de stratège qui font la différence pour le moment.

En nommant Max Savi Carmel, l’ancien président de l’Assemblée nationale togolaise fait un coup médiatique très important. Rédacteur en chef du site Afrika Stratégies France, Max Savi Carmel connaît bien l’univers médiatique togolais pour y avoir exercé de nombreuses années. Il garde de bonnes relations avec pas mal de directeurs de publication au Togo. Aussi il a des entrées dans des rédactions ouest-africaines et dans l’Hexagone où il a posé ses baluchons depuis quelques années. Autant d’ingrédients qui concourent.

Toutefois, Agbéyomé devra batailler dur. S’il récupère les « déçus de Fabre », l’ANC reste fortement implantée au Togo malgré les sorties hasardeuses de ses membres ces derniers temps. Le candidat du MPDD est conscient du poids électoral du parti orange et c’est ce qui justifie sa cour assidue à Jean-Pierre Fabre. Si Agbéyomé parvient (ce qui n’est pas impossible) à convaincre l’ancien chef de file de l’opposition togolaise, il aura franchi un cap important dans sa course vers la présidence.

afrikcaraibmontreal.com

Tu pourrais aussi aimer

Laisser un commentaire

Plus dans:News