Le propre de la dictature, c’est de profiter du silence du peuple qu’il marginalise et opprime, en présentant aux yeux de l’opinion une certaine paix dont la fragilité n’échappe personne. Au Togo, après le simulacre d’élections du 20 décembre dernier, le peuple togolais qui s’est battu dans les rues durant toute la période qui a précédé cette comédie électorale, semble se reposer d’un combat qui l’a un peu éreinté. Une occasion pour les apparatchiks du système cinquantenaire qui régente le pays, de verser dans une jubilation qui les amène à l’ouvrir partout où ils passent.
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Bien avant ces élections législatives qui ont accouché d’une « Assemblée monotone », selon l’expression de Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, Archevêque émérite de Lomé, c’était Gilbert Bawara, celui-là même qui ne sait pas se taire lorsque l’occasion l’exige, qui déclarait que le peuple togolais n’est plus derrière la Coalition des 14 partis de l’opposition. Mais la suite, tout ler monde la connaît, avec les mobilisations monstres que les manifestations de ce regroupement de partis de l’opposition ont engendrées à travers les rues de Lomé et de plusieurs villes du pays. En réalité, Gilbert Bawara avait voulu tout simplement faire plaisir à son « mentor » et, par ricochet, jeter du discrédit sur les leaders de la Coalition des 14. L’autre but poursuivi en faisant cette déclaration est de démobiliser les populations qui aspirent à une alternance au sommet de l’Etat. C’est d’ailleurs pourquoi elles sont dans les rues à chaque appel de la Coalition des 14 qui porte cette aspiration.
Aujourd’hui, la même campagne est en train d’être menée contre la Coalition des 14, surtout après les manifestations du samedi 26 janvier dernier qui n’ont pas rassemblé la foule qu’on a l’habitude de voir lors des marches. Outre ces associations et mouvements fantoches à la solde du régime RPT/UNIR qui demandent à la Coalition des 14 d’arrêter les manifestations de rue (parce que la jeunesse togolaise « consciente » en serait lassée), certains membres du clan se permettent aussi de donner des leçons à la C14. Il est curieux que Yark Damehame, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, soit devenu subitement le porte-parole de ces milliers de Togolais qui descendent dans les rues, en demandant à la C14 de les laisser vivre en paix. Parce que la mobilisation tant attendue le 26 janvier dernier n’était pas au rendez-vous.
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En réalité, le régime RPT/UNIR prend son pied dans le fait que la Coalition des 14 partis de l’opposition n’arrive pas à renouer avec les grandes mobilisations, après les simulacres d’élections législatives du 20 décembre dernier. Pour le régime, c’est un échec. Et il en profite pour crier sur tous les toits que les Togolais ont tourné la page de la crise sociopolitique et que maintenant, tout va pour le meilleur des mondes.
Une paix sous coupe réglée
Tôt ou tard, cette crise va rebondir. Et cela n’échappe à personne. Le régime de Faure Gnassingbé ne peut continuer à instaurer une paix avec les chars, les armes lourdes, avec en toile de fond le harcèlement des militants et responsables des partis politiques de l’opposition, notamment ceux rassemblés dans la Coalition. Aujourd’hui, c’est un simulacre d’apaisement du climat sociopolitique qu’on brandit au nez des Togolais, avec la libération de certains otages politiques, sous le couvert de « grâce présidentielle ». Avec le tapage médiatique qui s’en suit, on veut faire croire à l’opinion nationale et internationale que le régime est de bonne foi. Mais la vérité n’échappe pas aux esprits avertis.
En effet, Faure Gnassingbé s’est assuré que son plan pour concentrer tous les pouvoirs entre ses mains, fonctionne à merveille. Il a réussi le pari d’avoir organisé des élections législatives des plus scandaleuses dans la sous-région, et concocté une Assemblée nationale totalement acquise à sa cause. Ces députés, devenus des « béni-oui-oui » de Faure Gnassingbé, garantissent désormais le pouvoir à vie au Prince.
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Dans ce cas, rien ne semble faire obstacle à ce dessein. Il faut alors commencer par libérer à compte-goutte les otages, ces personnes qui ont usé de leurs droits pour dénoncer les travers de son régime à travers des manifestations de rue. Elles ont été arrêtées et jetées en prison comme de vulgaires bandits. Et c’est la libération de ces personnes que le régime cinquantenaire brandit comme un trophée de guerre.
Mais le régime de Faure Gnassingbé peut continuer à prendre son pied, surtout qu’actuellement tout semble rentrer dans l’ordre. Cette accalmie lui donne de l’euphorie, et c’est cela qui vaut une diarrhée langagière à certains membres du clan. Mais personne n’ignore le peuple et sa capacité à réagir quand il veut. Ses revendications restent entières.
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Pour de nombreux observateurs, le peuple ne sera tranquille que lorsqu’elles seront totalement satisfaites. Pour le moment, la jubilation peut continuer dans la « maison bleue ». L’avenir renseignera mieux.
Source: L’Alternative

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