Très prisée par les femmes et trouvée sur des roches sédimentaires en Chine, l’argile puisque c’est d’elle qu’il s’agit est au fil des temps devenue un produit très commercialisé et comestible. Appelée Kew au Sénégal, Lokpo en Côte d’Ivoire ou encore Bogoni au Mali, le Kalaba dérivé du mot Chinois ‘’Gaoling’’ est majoritairement consommée par les femmes enceintes en Afrique centrale et de l’ouest. Considérée comme une drogue, la consommation du kalaba n’est pas sans effet sur la santé.
Lire aussi:Togo: inquiétante consommation de la drogue chez les jeunes [étude]
Dans les marchés et sur les étalages des bonnes dames des quartiers, il n’est pas rare de voir posés sur un plateau, des tas d’argile blanche fumée ou salée qui font la merveille des papilles des femmes. Vendu à 10 francs ou 25 FCFA, le kalaba devient une sorte de drogue chez certaines femmes enceintes tout au long de la grossesse, car difficile de s’en passer.
Pour elles, l’odeur et le goût de cette substance leur permet de stopper les nausées et les remontées acides. Pour une autre catégorie, il est un dessert dont on ne peut se priver après le repas. Une femme enceinte nous confie qu’elle consomme en moyenne 6 à 8 morceaux de kalaba par jour, l’équivalent de 250ml d’eau quotidiens.
« Je suis à 7mois de ma grossesse mais j’ai commencé par consommer le kalaba depuis ma sixième semaine. Je sais pertinemment que cela peut avoir des répercussions sur ma santé et celle du bébé. Pour cela, je fais l’effort de revoir à la baisse ma dose journalière, mais impossible pour moi d’arrêter d’en consommer ».
Kafui et Henriette, deux consommatrices, révèlent quant à elles avoir tenté en vain d’arrêter. « Il m’est plusieurs fois arrivé de me lever dans la nuit profonde et de me rendre au bord de la route pour chercher du kalaba, lorsque je suis en rupture de stock. J’en suis devenue dépendante » regrette Kafui. Quant à Henriette, un homme de Dieu lui aurait fait comprendre qu’elle est possédée par l’esprit de serpent. « Étant une fervente chrétienne, j’ai avoué à mon pasteur mon addiction au kalaba. Ce dernier m’a fait comprendre qu’en réalité dans la Bible il s’agissait d’une malédiction».
Lire aussi:Santé: Energy Drink, des poisons en plein canettes
Selon les psychologues, il s’agit d’un trouble alimentaire appelé le syndrome de PICA qui serait lié à une carence alimentaire ou affective. Cela signifie « un comportement alimentaire caractérisé par une envie excessive ou anormale à consommer une substance non nutritive qui peut être relativement inoffensive ou potentiellement nuisible à la santé (argile…) ».
Pour cette nutritionniste que nous avons rencontrée, la consommation du kalaba ou kaolin entraine de graves problèmes de santé. L’intolérance digestive de cette substance peut causer le ballonnement de ventre, la constipation, l’anémie sévère dont le cas est encore plus grave chez la femme enceinte (augmentant le risque de fausse couche). La pâte que forme le kalaba dans l’organisme est stockée dans une partie du corps et peut à la longue provoquer des caillots de sang au niveau des reins…
Lire aussi:Togo : sexe, drogue, magie… Bienvenue à Kpalimé !
« Etant devenu une drogue pour la personne qui le consomme, il est extrêmement difficile d’arrêter de consommer le kalaba » nous explique une sage-femme. Selon l’auxiliaire médical, pour se soigner de ce mal, l’addictif aurait besoin d’une aide psychologique. « Face au manque de moyens des populations de se payer cette thérapie, tout le corps médical est appelé à se mobiliser afin de lever le ton sur les effets de cette roche sur la santé» estime –t-elle.
Par ailleurs, il est conseillé aux consommateurs qui souhaitent sortir de cette dépendance de recourir au chewing gum, à chaque fois que l’envie leur prend de croquer du kalaba. Et pour ceux qui ont les moyens, il est recommandé de se faire consulter par un médecin.
Source: Focus Infos No 2018

Restez à jour en vous abonnant à notre canal Telegram.

Tu pourrais aussi aimer

Laisser un commentaire

Plus dans:Médecine