Le lundi 27 janvier dernier, la Cour Constitutionnelle du Togo a jugé irrecevable, le recours en invalidation de la candidature de Faure Gnassingbé à la Présidentielle de 2020 et la requête aux fins de récusation de deux membres de la Cour Constitutionnelle formulés par Jean- Pierre Fabre. Ceci, les jugeant anticonstitutionnels. Une décision, sans surprise, de la haute Cour qui renvoie à travailler une autre stratégie.

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Du Berger à la Bergère

Le 20 janvier 2020, le candidat Jean-Pierre Fabre portait à la connaissance du public deux recours formulés auprès de la Cour Constitutionnelle du Togo. L’un, en invalidation de la candidature de Faure qui, selon le candidat de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), est en violation de l’article 59 de la Constitution. L’autre, récusant deux membres de la Haute Cour dont le Président,   Aboudou Assouma. Après avoir statué sur ces recours, la Cour a jugé qu’aucun moyen avancé au soutien de la requête par le requérant ne saurait être accueilli. Et «décide, par conséquent, de l’irrecevabilité des deux requêtes». Sans surprise donc !

En clair, le Juge Assouma et ses collègues ont motivé leur décision par le caractère pertinent de l’article 106  de la Constitution révisée en mai 2019 qui stipule notamment en son alinéa 2 que les décisions de la Cour Constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours, et qu’elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités civiles, militaires, juridictionnelles et aux personnes physiques et morales. Une décision qui, à priori, devrait amener l’ancien Secrétaire Général de l’Ufc à se rétracter pour se concentrer à la remobilisation de ses troupes aux fins du rendez-vous du 22 février prochain. Mais c’est sans compter avec son Conseiller à la Communication, Eric Dupuy qui, dans une récente sortie, annonçait ne pas résigner. «L’ ANC ne s’arrête pas là. Il y a d autres actions en cours. Au niveau des Juridictions internationales aussi », a-t-il déclaré.  Et de poursuivre en évoquant une éventuelle saisine des Cours Sous- Regionales et Continentales. C’est à croire donc que le feuilleton, malgré le décision de la Cour Constitutionnelle du Togo, semble néanmoins encore loin de s’achever.

Et le travail sur le terrain ?

Mais alors, si le candidat Fabre est bien dans son droit de lorgner ailleurs,  tant qu’il se sent lésé dans la décision rendue par la Haute Cour du Togo, la question est tout de même de savoir si ce dernier aura gain de cause, quand on sait que les principes juridiques restent presque uniformes et ne sauraient faire objets d’interprétations diverses.

En clair, après la confirmation de ce que bon nombre de togolais savaient d’avance, il est également est plus pratique de s’atteler à percer le mammouth sur le terrain par d’autres stratégies plus envahissantes. Il est évident que face à la côte montante d’Agbeyomé Kodjo le recours de Fabre visait sans se tromper à lui faire remonter la pente. Ceci dit loin d’en espérer une issue favorable l’action était plus une communication politique. Aujourd’hui ce scenario est clos. L’ex président de la rue et ses lieutenants en ont certainement tirés des marrons, vue que le sujet a tant soit peu occupé la toile ses dernières heures. Mais il est temps de passer à plus de practicité si tant est que la volonté profonde est d’offrir l’alternance aux togolais le 22 février prochain.

Dès lors, de deux choses, l’une. Plutôt que prévoir une réplique à la décision de la Cour Constitutionnelle en attaquant cette dernière auprès de la Cour de Justice de la Cedeao, le Parti orange gagnerait mieux à peaufiner sa stratégie gagnante. Ceci, en travaillant d’arrache-pied sur le terrain en vue de galvaniser sa troupe encore indécise de la route à prendre d’une part, et maximiser les chances de transparence et de crédibilité du scrutin, de l’autre. Ceci, surtout à l’heure où le gouvernement déroule en solo sa machine dont la dernière en date est le déploiement des instruments de vote non sensible.

L’ultime combat pour sauver l’alternance

S’appuyant surtout sur la dernière déclaration de Gilbert Bawara qui lie l’échec programmé de l’opposition à leur désunion, il va sans dire que l’opposition démocratique est face à un choix cornélien. Soit consommer en toute complicité un quatrième mandat de Faure par une candidature plurielle, soit décrocher l’alternance au prix de sacrifices.

Et c’est là où les voix ne cessent de s’élever pour plaider en faveur d’une dynamique unitaire telle que déclenchée par le Prélat, l’Archevêque Émérite de Lomé , Mgr Philippe Fanoko Kpodzro. Aujourd’hui, c’est un constat que le candidat Agbeyome Kodjo a le vent en poupe, pour porter l’étendard de la dynamique unitaire. D’où la raison des ralliements qu’il ne cesse d’enregistrer dont la dernière en date est celle de la Conférence des Togolais de l’Etranger.

Aujourd’hui, le leader de l’ANC a plus à gagner qu’à perdre en épousant cette dynamique unitaire et se rallier au candidat Agbeyome. Non parce qu’il ne mérite pas de porter l’espoir de changement en 2020, mais parce que la dynamique est d’essayer autre stratégie et candidat que lui, après 2010 et 2015. De toute analyse faite, il en ressort que Fabre se veut le premier bénéficiaire d’une éventuelle victoire de Agbeyome le 22 février, puisque de la transition que propose le candidat de la dynamique Kpodzro et la présidence en 2025, le pas pourrait être vite franchi pour Jean-Pierre Fabre.

Ou alors, une éventuelle défaite, par coup de force comme à l’accoutumée, peut également permettre à l’Anc et son président, actuellement au creux des critiques, de revenir plus forts au soir du 22 Février. D’où la nécessité pour la parti Orange d’épouser la raison afin de donner une chance à cet ultime combat pour l’alternance politique au Togo.

fraternitenews.info

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