Trouver un emploi stable au Togo est un véritable parcours de combattant. Le chômage est le dénominateur commun des Togolais, la jeunesse particulièrement. Les jeunes togolais peinent à trouver un boulot à l’issue de  leurs formations. L’emploi étant devenu une denrée rare, presque introuvable, les autorités ont pris l’initiative de mettre sur pied, à l’instar de plusieurs pays de la sous-région, une institution pour jouer le rôle de canal entre les entreprises ou les employeurs et les jeunes diplômés à la recherche de l’emploi. Ainsi, l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) a été mise sur pied au terme de la loi N° 2006-010 du 13 décembre 2006 portant code du travail et a débuté ses activités en aout 2010 à la suite du décret N°2008-069/PR. Contribuer à l’élaboration de la politique nationale en matière d’emploi et de promouvoir l’emploi, lutter contre le chômage, promouvoir les emplois disponibles, développer les relations en entreprise, recevoir les demandes et les offres d’emplois sont, entre autres, les points nécessaires sur lesquels l’ANPE devrait travailler. A l’image d’autres structures, l’ANPE est en déconfiture totale « grâce » au « génie destructeur » du tout-puissant Edmond Amoussou.

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Si selon les statistiques sur le papier, les résultats des actions menées par l’ANPE semblent encourageants, sur le terrain, la situation est tout autre. Des jeunes diplômés sur le marché peinent à trouver de l’emploi. Pourtant, ce n’est pas les projets ou les programmes qui manquent. Cette contre-performance de l’ANPE ne serait que le reflet de la gestion faite de l’institution par son Directeur, Edmond Amoussou. Selon les informations, la gestion de M. Amoussou à la tête de cette institution est à l’image de la gestion qui est faite au plus haut sommet de l’Etat. Ce cercle vicieux autour du chef de l’Etat dont les membres gèrent les structures à la tête desquelles ils sont placés comme des entreprises personnelles.

Directeur d’une structure censée faire la promotion de l’emploi, M. Amoussou, officiellement admis à la retraite depuis 5 ans, continue d’exercer ses fonctions, sans contrat, mais payé par le contribuable. Pendant ce temps, des jeunes compétents sont là et attendent seulement d’être sollicités. Quel paradoxe !

Nul besoin de rappeler l’autoritarisme de ces Directeurs généraux aux commandes des structures au Togo. Edmond Amoussou n’en fait pas exception puisque, à en croire certaines sources, il dit à qui veut l’entendre, à ses réunions avec les collaborateurs de l’ANPE, qu’il est le « Dieu de l’ANPE » et que personne ne pourra nuire à ses intérêts ou aller contre ses décisions.

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Il s’est illustré dans une affaire qui l’a opposé entre-temps au Directeur du Département d’Appui à la Création d’Emploi (DACE), M. Poutouli Essoheina Réné. En effet, celui-ci, tombé malade pendant quelques mois, a même fait une dépression et a été admis à l’hôpital psychiatrique de Zébé à Aného. Actuellement, il est bien portant et a repris le travail. Mais à sa reprise de fonction, il a découvert de graves anomalies, encore plus graves que ce qu’il a toujours dénoncé. Il se trouve que le DG de l’ANPE dispose d’un cabinet privé dénommé « CONSEILS REUNIS ». Et c’est là où il a l’habitude de traiter des dossiers de recrutement et de promotion de l’emploi (une sorte de détournement d’objectifs à l’ANPE). Des jeunes qu’il a fait recruter à l’ANPE sous le Directeur Poutouli et qui clameraient qu’ils sont des militants du parti UNIR et qu’ils sont proches  d’un député, frère du chef de l’Etat, ont créé de toutes pièces une entreprise privée du nom de « CYL CONSULT » vers laquelle ils auraient détourné des projets de l’ANPE, en l’absence de leur supérieur hiérarchique qui est le Directeur Poutouli, pendant son admission à l’hôpital.

Cette situation a créé des tensions quand M. Poutouli a repris service. Ayant constaté que les projets sur lesquels il travaillait, ont été détournés par ces jeunes de l’ANPE qui sont sous sa responsabilité, il a demandé des comptes, multipliant les réunions et autres séances de travail. Les choses ont tourné au vinaigre entre M. Poutouli et M. Amoussou qui a préféré plutôt couvrir les jeunes en question. Il aurait présenté le Directeur du DACE comme un psychopathe, un fou, ayant même fait l’hôpital de Zébé, et qu’il représenterait un danger pour le personnel de l’ANPE. L’affaire a été portée au ministère de la Fonction Publique, auprès du ministre Gilbert Bawara pour un règlement afin d’enterrer la hache de guerre. Malheureusement, rien n’a bougé et la situation a empiré.

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Finalement contre toute attente, M. Amoussou, fonctionnaire de l’Etat a pris une note de service pour révoquer de ses fonctions, M. Poutouli, également fonctionnaire d’Etat. Une décision jugée absurde, juridiquement nulle et de nul effet, puisque le DG de l’ANPE s’est substitué au ministre de la Fonction Publique, donc au gouvernement qui organise les concours de recrutement dans la Fonction Publique et procède aux affectations pour les nécessités de service. Dans la note de service en question, M. Amoussou relève M. Poutouli de ses fonctions de directeur pour le nommer conseiller. Une situation qui a surpris plus d’un. Le calvaire de M. Poutouli est loin d’être fini puisqu’il nous revient que le DG de l’ANPE a pris depuis quelques jours un agent de sécurité spécial qu’il positionne devant son bureau pour filtrer les entrées et sorties, avec interdiction formelle de laisser entrer M. Poutouli, qu’il présente comme un fou. Cette gestion de l’Agence Nationale pour l’Emploi, loin des règles de l’art, a créé une atmosphère de méfiance et de peur actuellement au sein de la structure. Chacun se méfie de l’autre.

Au-delà de ces anomalies, il est également signalé des magouilles sur de nombreux projets entre les premiers responsables de l’ANPE et d’autres complices sur des projets dont le programme Aide à l’Insertion et au Développement de l’Embauche (AIDE). Ce projet est l’un des trois programmes d’adaptation, de reconversion, d’employabilité des jeunes demandeurs d’emplois, mis en place par l’ANPE. Il consiste à trouver des stages aux jeunes diplômés sans emploi inscrits à l’ANPE. L’Agence informe les employeurs sur les conditions de placement des stagiaires. Selon les informations, ce programme comporterait des bénéficiaires fictifs dont les montants alloués prendraient d’autres destinations.

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Cette structure qui devrait aider les jeunes diplômés à faire face aux problèmes d’emplois dans le pays est devenue un foyer où l’affinité prime sur la compétence, où l’intérêt personnel prime sur l’intérêt général et où les conflits intérieurs risquent d’enfoncer davantage dans la précarité les jeunes diplômés à la recherche de l’emploi.

Toutes nos tentatives pour avoir la version de M. Amoussou se sont révélées infructueuses. Ce dernier, hors du territoire a bien évidemment reçu nos questions mais n’a pas pris la peine de nous laisser ne serait-ce que quelques mots. Nous avons en toute responsabilité décidé de publier l’article.

source : Pierre C / Liberté Togo

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