Le sport en général, et le football en particulier, semble occuper une place de choix dans la vision d’un Togo Émergent, vision telle qu’elle a été définie par les autorités publiques, ne serait-ce que dans les déclarations.

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En 2005, sur la base d’un projet de société en 20 points, dénommé « Les 20 plus de Faure », celui qui sera désigné plus tard Président de la République Togolaise, promettait à son électorat, que durant les cinq années suivantes, il donnerait un nouveau visage au sport togolais. « Le sport sera popularisé avec la construction et l’aménagement de 1000 terrains de jeu », peut-on lire dans le document. Bien sûr qu’il ne s’agit pas, pour nous ici, de porter un jugement sur la réalisation ou non de cette promesse de campagne électorale de Faure Gnassingbé. Et comme pour démontrer son amour et son intérêt réel pour le sport, et donc pour le football, le chef de l’Etat, à la surprise générale, et au moment où justement la sélection nationale « Les Eperviers » traversait une crise généralisée de management, faisait engager le technicien français Claude Leroy, à coup de millions FCFA. Il (Claude Leroy) avait un objectif précis : réconcilier le public sportif avec sa sélection nationale et redonner du prestige au football togolais. Est-ce qu’il aura réussi sa mission au bout des deux ans et demi de contrat ?

L’on répondra à cette question le moment venu. Seulement, pour coordonner cette grande et difficile mission, une nomination en juin 2015, celle de celui qui aura déjà géré le portefeuille du Commerce et de la Promotion du secteur privé. Guy Madjé Lorenzo est le nouveau patron du sport togolais. Et en presque trois ans et demi de gestion, le sport togolais rayonne-t-il mieux comme le souhaite le chef de l’Etat? Quel rapport entretient véritablement le ministre Guy Madjé Lorenzo avec les différentes fédérations sportives ?

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Et pourtant… l’espoir était au commencement!

Après l’autre homme de main du Président, Christophe Tchao à la tête des Sports, les locataires qui se sont succédé ont brillé par le fétichisme (sic). De l’avis de leurs collaborateurs, à l’époque, ils ne maitrisaient pas grand-chose. Les ministres Fofana Bakalawa et Amouzou Djakey ont plus amusé leur monde que séduit par le travail bien fait.

Et c’est pour changer l’orientation globale de la conduite des affaires du sport qu’un malheureux sort s’est abattu sur celui qui est affectueusement surnommé « boxeur » par son entourage, ceci pour sa pingrerie incomparable. Guy Madjé Lorenzo, sa mission était claire, donner une nouvelle vie aux disciplines sportives dans une étroite collaboration avec les acteurs (athlètes et responsables) sur le terrain. Beau parleur, il a réussi à mettre tout le monde d’accord sur sa vision, donnant ainsi de l’espoir. Mais trois ans après, on peut affirmer sans risque de se tromper que les espoirs sont déçus. Et il n’y a presque plus de chance de voir rayonner ce sport cher à Faure Gnassingbé, sous Guy Lorenzo. Il est en conflit ouvert ou larvé selon qu’on se situe à droite ou à gauche de ses intérêts.

Guy Madjé Lorenzo, amoureux des intérêts générateurs de conflits……

Le rapport conflictuel entre Guy Madjé Lorenzo et presque toutes les fédérations sportives est permanent. Des histoires particulières le lient aux présidents des fédérations, parfois sur des détails, mais qui virent à des règlements de compte. Et pourtant, ce sont ses partenaires.

La Fédération Togolaise de Football et le ministère des Sports ne partiront jamais ensemble en vacances. Tout les oppose. Ce n’est pas une histoire nouvelle, c’est vrai, mais la crise est plus profonde entre les deux institutions. Le comité exécutif de la FTF dirigé par le Colonel de Gendarmerie Guy Akpovy a encore en mémoire les bisbilles ayant entouré le dépôt de la candidature de sa liste « Nouvel Élan » pour l’élection du Comex. Le ministre des Sports qui avait déjà son homme à l’époque, avait mis tout en œuvre pour décourager cette candidature. Le nom de Faure Gnassingbé aurait même été mis devant, avant l’échec de cette entreprise. Il n’est plus nécessaire de revoir ici les nombreux épisodes du feuilleton FTF-MS, notamment sur la question de l’équipementier des Eperviers, des budgets des matches de la sélection. Les deux Guy sont ensemble, mais se détestent étrangement. « Le ministre n’aime pas la FTF parce qu’il est difficile pour lui de faire des affaires avec le bureau…», confie un proche d’Akpovy qui a requis l’anonymat, avant d’évoquer, pour étayer ses propos, la dernière enquête de L’Alternative sur la « VOLATILISATION » des 600 millions de la CAN 2017.

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Les derniers faits d’arme du locataire du cabinet des sports donnent à réfléchir sur la nature réelle du type d’homme en question. Il déplace toujours le débat sur des terrains qui consacrent la confusion.

On était au lendemain du match Togo-Benin disputé à Lomé le 09 Septembre 2018…Pour ce match, comptant pour la qualification pour la CAN Cameroun 2019, le public sportif n’a pu suivre à la télé (TVT) la retransmission en direct. Selon les services de la FTF, la TVT ne se serait pas accréditée et positionnée pour la diffusion du match (Droit TV). Une guerre de communication s’engageait alors entre les services de la FTF et ceux de la TVT, soutenue par le ministre Guy Lorenzo en personne. Les échanges bien que se passant de loin, étaient vigoureux. Les porte-flingue des deux côtés étaient bien choisis. Seulement voila, quelques jours plus tard arrivent les représailles. Innocent PATO, administrateur de radio diffusion en poste à la TVT, et détaché il y a un an à la FTF comme chargé de communication, a reçu de son ministre une décision de mutation vers l’Agence togolaise de presse. La décision ne renseigne pas sur les mobiles de ce rappel punitif. Alors, Guy Madjé Lorenzo est-il en « mode » représailles avec pour innocent PATO, la première victime parmi tant de « chiens » à abattre? Mais une chose est étonnante. M. Pato, malgré son statut d’agent de l’Etat, n’avait-il pas le droit de défendre l’institution qui l’emploie ? Aujourd’hui, un administrateur de radio diffusion est affecté à l’ATOP. Ce sujet pose un réel problème de gestion de ressources humaines.

Rancunier et expert en règlement de divers comptes sulfureux, M. Lorenzo est indécrottable coutumier des faits. Quelques semaines auparavant, toujours à la TVT, il affecte un journaliste du nom de Norbert Amegninou, chef des reportages, à Radio Kara. Sa faute, c’était d’avoir soutenu Xavier Allado dans le conflit entre SOTOPLA (Société Togolaise de Plaques) et la Direction des Transports routiers. Il avait fallu l’intervention d’un homme politique pour que l’affectation soit annulée et qu’il regagne son poste à la télévision togolaise. Voilà aussi à quoi ressemble l’inénarrable Guy Madjé Lorenzo.

Il y a quelques mois, à travers une enquête publiée par L’Alternative, nous découvrions alors un ministre qui n’hésite pas à « dealer » avec ses amis (même dans le monde des medias) l’attribution des marchés même si, et surtout si c’est au détriment de l’État qu’il est censé servir. C’est ainsi que vous le verrez se pavaner dans les quartiers de Lomé et à l’intérieur du pays pour ouvrir les activités sportives de ses amis avec qui il s’entend généralement sur le dos du contribuable. Il suffit qu’un de ses amis ne soit pas sélectionné dans l’attribution d’un marché, qu’il veuille enjamber la terre, prendre le monde entre les reins ! On a encore en mémoire le feuilleton des équipements « Sergio sport », son refus de régler l’équipementier qui a habillé les Eperviers à la dernière coupe d’Afrique des Nations de Football (situation réglée par le président de la république) et la concession de l’organisation des matches de l’équipe nationale. Et aujourd’hui il est rare de voir l’homme aux cotés de l’équipe nationale. La traditionnelle visite du ministre aux Eperviers, à la veille des matches est devenue chose rare. A la FTF, « on s’en fout de lui » lance un membre du comité exécutif rencontré à la séance d’entraînement de l’équipe qui reçoit ce vendredi 12 Octobre la Gambie.

Guy Madjé Lorenzo et la carte de l’hypocrisie…

Outre la FTF, nous pouvons aussi évoquer le cas de la Fédération Togolaise de Maracana dirigée par Etienne Bafaï. Créée officiellement en avril 2012, la FETOMA a réussi un exploit en remportant un mois plus tard dans la catégorie des séniors, la première édition de la CAN de Maracana qui s’est déroulée à Yamoussoukro en Côte d’ivoire. Suivront deux autres titres continentaux, en 2013 puis en 2015 à Lomé, sous les yeux du ministre Guy Lorenzo. Cette année-là, subjugué par le talent et la qualité des athlètes togolais, M. Lorenzo ne s’est pas privé d’éloges à leur endroit. Plus loin, il promettra même la création du temple de Maracana. Que de discours ! Puisque trois ans après, et le site dont il disait être déjà en possession à l’époque, et le temple ne connaîtront même pas en rêve un début d’exécution. « C’est un beau parleur celui-là », assure un de ses anciens collaborateurs aujourd’hui admis à la retraite. Il ne répond ni aux appels, ni aux nombreux courriers de la FETOMA, raconte avec regret un des joueurs de la sélection, qui a l’air bien renseigné.

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Pour bien des observateurs, l’objet de la mésentente pourrait être le Président de la Fédération. Qu’est-ce-qui peut autant les opposer, au point que les amis d’hier ne soient plus capables de travailler ensemble ? Là encore, et sans doute, la gloutonnerie légendaire et destructrice de celui que l’on connait, si bien hélas ! Et pourtant, depuis 6 ans que cette discipline sportive est pratiquée au Togo, elle a remporté 3 phases finales de la CAN, sans aucun franc du ministère des Sports. Pour la compétition de cette année, un budget d’environ 64 millions de FCFA a été soumis au ministère. Malgré les promesses et les assurances données, la FETOMA ne recevra rien, donc ne volera que par ses propres ailes. Elle aura été néanmoins finaliste dans la catégorie seniors et super séniors.

Mais là où le ministre des Sports aura poussé très loin son cynisme, c’est qu’après avoir roulé dans la farine les responsables de la Fédération en refusant même de les recevoir, ne serait-ce que pour la remise du drapeau national, il déclare devant témoins (des journalistes) que «le Maracana est un loisir et qu’il (le ministre) ne pourra jamais financer les loisirs de certains qui ont fini de manger et veulent aller s’amuser».

Ces propos outrageux et offensants du patron des sports togolais contrastent avec les discours énoncés auparavant. On se rappelle encore la déclaration de Guy Madjé Lorenzo lors des travaux ayant consacré la mise sur pied de la FIMA (Fédération Internationale de Maracana) en 2015 à Lomé. Oh ! Que les intérêts peuvent subitement changer l’homme.

Source : L’Alternance No.743 du 12 octobre 2018

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