Le calvaire des agents de la Société Nationale des Editions du Togo (EDITOGO) se poursuit. Depuis le dernier trimestre de l’année 2019, les mouvements de grève ont été tus par les organisations syndicales de la société. Pour autant, les difficultés auxquelles ils font face n’ont pas diminué, encore moins été résolues.

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Durant les nombreuses grèves qui ont secoué la société, l’une des principales revendications du Syndicat des agents de l’Editogo (Syna-Editogo) a été l’amélioration des conditions de travail et de vie. Et pour cause, depuis plusieurs années, le traitement salarial ne répond pas aux besoins, même les plus élémentaires des employés.

Toutes les augmentations décrétées par le gouvernement ont été bloquées. C’est le cas notamment des primes de 20.000 et 30.000 FCFA octroyées aux employés de la fonction publique en 2013.

« Depuis plusieurs années, toutes les décisions du gouvernement en faveur des agents de la Fonction publique sont systématiquement bloquées. Aucune n’a été appliquée jusqu’à ce jour », indique un agent qui rappelle qu’en 2008, des primes forfaitaires de 8000 et 6500 FCFA ont été octroyées aux agents de la Fonction publique, mais bloquées pour eux par le DG.

A la manette, le retraité Rémy Banafey Assih, l’une de ces nombreuses personnes qui considèrent leurs postes comme des patrimoines à elles légués par feu Gnassingbé Eyadéma. Avant son arrivée, raconte une source qui a préféré garder l’anonymat, les employés de l’Editogo étaient parmi les plus enviés de la Fonction Publique, de par leur traitement. « Il y a longtemps que les agents de cette société ont perdu l’honneur qu’ils avaient de travailler dans une boite qui était si grande et performante.

Leurs salaires étaient bien meilleurs à ceux de leurs collègues des autres départements parce que les ressources étaient dans de meilleures mains », explique-t-elle. Et de donner un exemple : « Les autres cadres de la Fonction Publique dépassent ceux de l’Editogo en termes de salaires. Comme les avancements et les salaires n’évoluent pas, à l’Editogo, on va à la retraite avec une pension qui atteint rarement les 40% de la rémunération, alors que certains vont jusqu’à 70 voire 80% ».

L’autre fait qui inquiète les agents depuis des années est que l’entreprise présenterait des chiffres toujours dans le rouge. Autrement dit, Editogo est en voie de faire faillite, si ce n’est déjà le cas. « A l’exercice clos le 31 décembre 2018, le compte résultat de l’Editogo présente un déficit de 51.200.504F CFA. Malgré nos efforts, une bonne partie du matériel de production est vétuste et reste à renouveler », note le DG dans son courrier adressé aux agents.

Mais, assure notre interlocuteur, ce ne sont pas les marchés qui manquent. C’est un fait que depuis 2018, le Togo a connu plusieurs échéances électorales. D’abord les législatives de décembre 2018, ensuite les locales de juin 2019 et la dernière présidentielle organisée en février 2020. Pour toutes ces élections, les travaux de publication de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ont été exclusivement  exécutés par l’Editogo.

« Ce sont des montants importants qui ont encaissés par Editogo, mais on ne sait pas exactement à quoi cela a servi pour qu’on refuse de satisfaire les demandes les plus simples des employés », déplore la source. A l’en croire, la gestion de ces fonds a été à la source de conflits entre un ancien Directeur Commercial de la boîte et le DG Assih.

« Le DG a réclamé sa commission de 10% sur l’argent donné par la CENI, mais le Directeur Commercial a refusé. Pour le punir, le DG l’a déplacé vers un nouveau bureau où il ne fait aucun travail », s’indigne la source. 

 Les présidents de Conseil d’Administration (les ministres en charge de la Communication) qui se sont succédé n’ont rien pu faire pour changer les choses. « Ils viennent et s’installent. Quand les organisations syndicales les rencontrent, ils prennent au sérieux les difficultés de l’entreprise ; mais après être passés par la caisse, ils oublient qu’il y a des problèmes à l’Editogo », s’insurge un employé.

Pour contourner les syndicats et leurs mots d’ordre de grève qui perturbent le fonctionnement de l’entreprise, des services parallèles ont été créés et des grévistes nommés à des postes de responsabilité pour affaiblir la contestation.

« Tout est sens dessus dessous. Même les moindres sollicitations sont rejetées. Une employée a eu des problèmes de santé et a requis de l’aide de la part de la Direction pour se faire soigner, mais cela lui a été refusé. Elle a demandé qu’on lui fasse une avance sur salaire, mais le DG et son adjoint on dit niet. Il a fallu faire des tractations en impliquant les syndicats pour qu’on accepte de lui donner quelque chose », nous a-t-on confié.

C’est dans ce contexte que se fête aujourd’hui la Journée internationale des droits de la femme 2020. Pour l’occasion, le DG aurait débloqué une somme de 850.000 FCFA pour l’organisation. « Les femmes réclament des droits que le DG refuse de leur accorder, mais il sort 850.000 FCFA pour qu’elles viennent manger et boire. Pourtant le 08 mars n’est pas une fête, mais une occasion pour renforcer les droits des femmes », s’insurge notre source.

Vivement qu’après la fête, le DG se résolve à satisfaire les doléances des agents parmi lesquels se trouvent les femmes.

Liberté

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