Plus on résiste à l’envie d’arrêter de lire ce discours, plus on est frustré dans la progression. Monsieur 70% a enfin parlé. Mais à l’analyse, on s’interroge sur ceux qui conseillent Faure Gnassingbé. On en vient même à se demander s’il accepte d’être conseillé. Dans l’affirmative, voici en guise de contribution notre apport.

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Trop parler, c’est maladie, a chanté un artiste. Faure Gnassingbé a attendu le 34ème cas de contamination, mais surtout une ordonnance pour enfin sortir de son silence. Et pour quels résultats ?

Charité bien ordonnée commence par soi. Monsieur 70% s’est permis de saluer entre autres secteurs d’activités, le travail des journalistes qui « œuvrent inlassablement pour que notre pays sorte victorieux de cette épreuve ». Il n’a que trop raison ; il suffit de consulter LIBERTE, L’ALTERNATIVE et FRATERNITE pour s’en convaincre. Du moins jusqu’à leur fermeture. Mais qu’a fait ou dit Faure Gnassingbé, celui qui détient la clé des grâces depuis lors ? Normal que les conditions dans lesquelles la HAAC a jugé utile de plonger tous les acteurs de ces journaux n’émeuvent pas celui qui est né avec une cuillère en argent entre les lèvres. Aussi cette « reconnaissance » frise-t-elle le ridicule.

Contrairement aux propos de Faure, la production, la consommation et l’emploi sont déjà durement atteints. Il suffit de faire un sondage sur le terrain pour s’en convaincre. « Nous voulons affirmer que face à cette épreuve, la solidarité nationale sera au rendez-vous pour aider les plus démunis d’entre nous, les plus faibles, les plus défavorisés. Aucun Togolais ne sera laissé pour compte dans cette bataille que nous engageons ensemble ». S’il était donné à l’auteur de ces propos de sillonner le pays pour toucher les réalités, il y a des craintes qu’il ressente les malaises du mal qu’il prétend combattre ; non pas parce qu’il sera atteint par le Covid19 –loin de là-, mais il réaliserait qu’il méconnaît les souffrances réelles de « son » peuple. Et s’il voulait être transparent et montrer la bonne voie, il annoncerait concrètement la part de contribution qu’il met personnellement dans la cagnotte et celle des ministres, directeurs généraux, députés et autres sommités qui profitent des richesses du Togo.

Hier soir, je rentrais à peine quand mes colocataires jubilaient. « Pendant trois mois, plus de facture d’eau et d’électricité », criaient-ils. Quand j’ai pris le temps d’en connaître la source, je n’ai pas regretté d’avoir bémolisé leur ardeur.

Gratuité « de la tranche sociale » des factures d’eau et d’électricité. Comme une épée fendant l’eau. N’aurait-il pas mieux fallu ne rien annoncer ? « Nous allons également rendre gratuits pour trois mois, l’eau et l’électricité pour les tranches sociales », a annoncé Faure. Quid de la masse prolétaire qui achète l’eau aux bornes fontaines au quotidien ? Quid des milliers de foyer sans électricité ?

Six mois de gestion par voie d’ordonnance, c’est un boulevard pour « tout ». Et déjà, le ton guerrier transparaît quand on lit : « Aucun écart ou manquement ne sera toléré ». Mais l’autorité se permet de laisser dans le dénuement total les structures sanitaires, d’adouber les détournements de deniers publics. Ces écarts par contre sont tolérés !

Mesures prises comme l’arrêt des vols, parlons-en. « Aussitôt le premier cas confirmé, nous avons pris des mesures de prévention et de restrictions pour limiter la propagation du coronavirus dans notre pays et protéger nos frontières : suspension des vols internationaux en provenance des pays à haut risque, fermeture des frontières… ».

Pourquoi Faure cherche-t-il à faire avaler l’engourdissement de son équipe et ses conseillers aux populations ? De quelle suspension des vols parle-t-il avec le cirque de Gnama Latta à l’aéroport de Lomé? Les archives sont toujours là pour déterminer le degré de mensonge dans cette déclaration.

Qui feront désormais partie des « plus pauvres » devant bénéficier de transferts monétaires ? S’il est un conseil d’urgence à donner, c’est que les prix des produits pétroliers qui affectent tout le monde soient revus sans délai. Bien que les stations d’essence soient les propriétés de la minorité dans leur majorité. Ce ne sera pas une faveur, mais une justice sociale, les prix du baril à l’international ayant dégringolé depuis janvier.

Les populations se portaient assez mieux, avant cette sortie d’hier qui, à force de susciter doutes et déceptions, risque de vulnérabiliser d’autres citoyens face à la pandémie.

Rien par contre n’a été dit sur la précarité dans laquelle les enseignants du secteur privé sont plongés, la plupart émargeant selon les jours travaillés ; contrairement à leurs collègues du public. Tout comme la situation de risque des détenus encore en détention. Il est vrai qu’une annonce de relaxe de 1048 d’entre eux est dans les bacs, mais quelles dispositions l’administration pénitentiaire prend-elle pour s’assurer que les « nouveaux locataires » qui continuent d’arriver dans les prisons, ne sont pas des porteurs sains de la maladie qui pourrait se développer dans les jours et semaines à venir ? Ce serait une hécatombe en morbidité et mortalité.

Avec le coronavirus, la problématique de l’indépendance monétaire et budgétaire revient sur le devant de la scène. A développer très prochainement.

Godson K

(Quotidien LIBERTE)

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