Le phénomène de la corruption au Togo a fait l’objet d’enquêtes dont les résultats ont été rendus publics hier par la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA). Magistrats, ministres, préfets et riches sont ceux qui initient la corruption qui prospère à cause de la pauvreté et de la faiblesse des revenus, selon le rapport.

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Une dizaine de milliards de FCFA est versée chaque année au Togo par des particuliers et des entreprises sous la forme de pots-de-vin. L’information émane d’un rapport de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) présenté ce jeudi 6 août à Lomé.

Cette étude sur la perception et le coût de la corruption au Togo (EPCCT) a été menée en collaboration avec l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographique  décembre (INSEED) sur la période du 17 décembre 2019 au 03 janvier 2020 auprès de 2645 personnes et 400 petites sociétés.

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« Le présent rapport constitue un outil-diagnostic de la corruption au Togo. Les données illustrent bien que le phénomène n’est pas étranger dans notre pays », indique Essohana Wiyao, président de la HAPLUCIA.

Selon le rapport, il ressort de l’analyse de la perception de la corruption que 91% des personnes enquêtées ont déclaré savoir ce qu’est la corruption. Ce phénomène fait intervenir plusieurs acteurs dont l’initiateur. Au Togo, les initiateurs de la corruption sont constitués pour la plupart des personnes disposant de moyens financiers importants, les riches. 77,2 % de cette catégorie d’acteurs entretiennent le phénomène de la corruption. Les initiateurs se retrouvent également dans le camp des acteurs disposant de mandat électif ou nominatif. Ce sont les ministres, les préfets ou les magistrats parmi lesquels 57,2% initient l’acte de corruption.

Le rapport donne une idée des composantes de la société qui cèdent le plus à la corruption. Ils représentent 70,0% chez les agents de la justice et 43,3% chez les financiers ou comptables. Quant aux principales causes de la corruption, ce sont la pauvreté (77%) et la faiblesse des revenus (56,3%).

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Le Togo dispose donc d’une référence sur le phénomène de la corruption, même si la situation décrite dans le rapport n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Un phénomène plus important

10 milliards de FCFA versés en termes de corruption, cela ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une estimation. Nous ne sommes pas en train de contredire le président de la HAPLUCIA qui a indiqué qu’il s’agit d’un « outil diagnostic de la corruption au Togo », une illustration du phénomène.

Selon l’indice de perception de la corruption 2019 publié par l’ONG Transparency International, le Togo est classé 44ème pays le plus corrompu au monde, avec une note de 29 sur 100. Dans le même classement, des pays comme le Ghana, le Bénin et le Burkina Faso font partie des pays les mieux classés du continent africain.

Pour mettre fin à la corruption et rétablir la confiance dans la politique, Transparency International insistait sur l’impératif « d’empêcher les occasions de corruption politique et de promouvoir l’intégrité des systèmes politiques ».

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L’ONG avait recommandé une gestion des conflits d’intérêts en renforçant les contrôles des intérêts financiers et autres des fonctionnaires ; un contrôle du financement politique pour éviter un excès d’argent et d’influence en politique ; le renforcement de l’intégrité électorale à travers des élections libres et équitables ; une réglementation des activités de lobbying ; la lutte contre les traitements préférentiels ; la protection des libertés civiles et des droits politiques, y compris la liberté d’expression et la liberté d’association ; et la promotion de la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice et la préservation des freins et contrepoids. Toutes ces recommandations sont d’actualité au Togo.

Pour donner une idée de l’ampleur des chiffres fournis par la HAPLUCIA, et en supposant qu’un bâtiment de 3 classes avec direction coûte environ 15 millions FCFA, 10 milliards de pots-de-vin représentent plus de 650 bâtiments scolaires. C’est dire que le pays perd de l’argent pour son développement si rien n’est fait pour endiguer le fléau.

Liberté

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