Le Togo ne finit pas de surprendre, et les bourreaux de la République s’y plaisent bien. A chaque fois que ces petits Messieurs qui ont mis la République en faillite sont coincés par l’étonnement des partenaires devant la singularité politico-démocratique de leur pays, ils marmonnent une réponse : « le problème du Togo est particulier ».

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Derrière ce fatalisme-échappatoire, qui refuse de les disculper d’ailleurs, la nouvelle génération dit non et l’opinion consciente ironise. Oui, peut-être, la singularité réside dans le fait qu’un père et son fils aient pu bailler un pays pour 53 ans; un président après 14 ans de règne n’a pas pu offrir à son peuple le plaisir de voir à ses côtés une première dame; un président économiste-gestionnaire qui parle à peine le jargon des études pointues dans lesquelles il s’est spécialité. « Quand vendredi doit être bon, les signes s’annoncent le jeudi », véhicule un adage-pop.

14 ans déjà, le Togolais attend encore de Faure Gnassingbé un miracle qui traîne à prendre corps. Pour démentir les rumeurs selon lesquelles, il est possible à certains chefs d’État sous les tropiques d’avoir d’alléchants diplômes sans aucune formation, de ma modeste plume de journaliste, je défie monsieur Faure Gnassingbé : les Togolais attendent de lui, ne serait-ce qu’une interview, non pas un discours écrit d’un conseillé économique; juste une interview de spécialiste, soit-elle purement théorique, sur les sciences économiques et de gestion, la crédibilité de la célèbre université de « Haward » aussi en dépend. Quel miracle peut faire un maître- forgeron qui, pendant son apprentissage a à peine maîtrisé les noms des outils de travail d’une forge ?

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En attendant, qu’il nous le démontre, monsieur Kodjo Faure Gnassingbé s’est débrouillé à mettre le pays à genou dans tous les domaines de l’économie au point de vendanger aux étrangers toutes les entrées névralgiques. Un président diplômé des meilleures universités anglaises qui traîne un interprète anglais, « ça n’existe pas, ça n’existe pas », pour reprendre Jean de la Fontaine. Que sais-je encore ? Excusez ma petite mémoire combien infidèle, elle n’est pas celle des gestionnaires particuliers. Pays particulier ? Toute cette alchimie ne marche plus, elle n’a jamais marché n’eut-été l’usage sauvage d’une force républicaine contre tout mécontentement légitime.

Il nous revient que Faure Gnassingbé sera, à une date encore à fixer, reçu par Macron; et puis quoi? Qu’il ait été reçu aujourd’hui ou demain ou à la minute présente en audience avec Macron ou même Trump, cela ne change pas la volonté des Togolais de voire l’alternance. Cela n’oblige pas le peuple en lutte à lui étaler un tapis rouge pour 2020. Ce n’est pas quand la France est en train de perdre même son fétichisme sur les affaires communautaires des africains comme le cas du FCFA, que les Togolais, soient-ils un peuple particulier, vont lui ouvrir, à deux battants, un sempiternel droit de regard sur les affaires du Togo. Plus on avance, plus la France va perdre ses terrains classiques et moins elle aura la chance des se réfugier sous une ombre France-africaine, soit-elle celle d’ « un pays particulier ». La vaillante diaspora veille comme du lait sur le feu pour accueillir le mal élu « made in Togo ». Ce sera une forte symbolique et les Togolais de l’extérieur, comme ils savent si bien le faire, s’y mettront pour y parvenir, certes, mais qu’il soit reçu ou pas, c’est un non évènement dans l’opinion.

Braquage, le binôme CNDH-Police en collaboration pour braquer la vérité

Concomitamment à cette audience, des menus fretins font jaser au Togo. Dans l’incertain climat des braquages qui deviennent dangereusement de vulgaires faits divers au Togo, une boîte grabataire du nom de la CNDH, Commission Nationale des Droits de l’Homme, vient de s’autosaisir, pour, dit-on, enquêter conjointement avec la police pour faire la lumière sur les présumés braqueurs abattus dans la périphérie sud de la capitale. Avec un tel engagement, la CNDH et la police espèrent que les Togolais doivent chanter et danser. Dans un communiqué signé de son actuel président Nakpa POLO ce 31 juillet, la commission écrit, je cite : « Suite à la polémique née autour des deux présumés malfaiteurs abattus par le Groupement d’Intervention et de Police Nationale (GIPN) dans la nuit du 27 au 28 juillet 2019 dans les environs de la société SOTOTOLES, la CNDH s’est autosaisie et a mis en place un groupe de travail pour faire la lumière sur cette affaire ». Sacrilège, faut-il en rire ou pleurer ?

En réalité, cette annonce n’est ni plus ni moins qu’une façon de couper l’herbe sous les pieds d’une enquête sérieuse afin d’étouffer la vérité. D’ailleurs, les Togolais préfèrent la CNDH dans son silence que dans son rôle de désinformation et de déformation des faits. Dans l’espoir qu’un jour les chantiers non ouverts le seront, l’opinion par exemple, étaient très à l’aise tout récemment avec la CNDH quand elle a décidé de ne pas publier, même sur une demi-page, un rapport sur les derniers malheureux évènements de Mango, Bafilo, Sokodé puis des quartiers ciblés de la capitale. Ce que disait jadis un grand homme dorénavant lèche cule du régime, Kofigoh Joseph, reste encore valable : « si ce que tu as à dire n’est pas plus bon que le silence, tais-toi».

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Nous voudrions bien croire à la bonne foi, oh, combien nationaliste de la CNDH. Mais où était-elle quand à Mango, Bafilo et Sokodé des Togolais étaient obligés suite aux évènements du 19 août de quitter leurs résidences pour dormir en brousse, quand les centres de soins n’étaient plus des lieux sûrs pour les blessés des exactions militaires, quand se découvraient dans les brousses périphériques de ces localités des corps sans vie en décomposition parce que les corps habillés les y ont jeté après passage torture et sévices corporelles, quand des militaires de Faure passaient de maison en maison pour tuer, bastonner les malades alités, les enfants de 3 ans, les non-voyants, les vieux et vieilles ? Bref, quand la vie était interdite dans ces contrées? La CNDH s’est-elle interrogée du pourquoi jusqu’ici 500 Togolais de Mango sont restés en exile à Tchereponi au Nord-Est du Ghana ? Est-ce parce que c’est l’État qui viole que la bien aimée commission nationale est obligée de se murer derrière ce silence de cimetière ?

Ironie des circonstances, au temps fort de cette crise, c’est un fils des milieux victimes qui étaient président de la CNDH, CISSE Alilou. Professeur à l’université, cet enseignant des lettres est rentré dans la tristement célèbre liste des faillites académiques de la République. Opposant converti au RPT-UNIR, il n’a pas pu résister à l’appât. Il faut manger et se taire, il a bien obéit à la règle. Même s’il quittera sa commission par une petite porte, il fut et reste un bon élève des gestionnaires particuliers. Inutile de rappeler qu’après qu’il ait été utilisé comme un vulgaire outil de travail, il a été jeté à côté, peu importe comment il est tombé. Ça a semblé anodin, mais ce fut une humiliation quand, au lieu de lui dire que la machine n’avait plus besoin de lui, le système ait laissé le mec se présenter pour sa réélection à la tête de la CNDH devant les parlementaires avant de lui attribuer un score inférieur ou égale à Zéro. Et pourtant, Alilou Cissé comptait sur sa maison familiale. Ainsi a-t-il été prié de quitter la Cndh alors qu’il léchait encore ses doigts. Aujourd’hui, son ancienne boîte dit vouloir faire une enquête avec la police.

Une piste sérieuse, si ce n’est pas l’unique pour remonter aux braquages à armes automatiques. Le plus idiot des Togolais sait bien que c’est l’armée qui organise les braquages pour deux raisons:

  • d’abord, notre armée est trop efficace, le pays trop militarisé et l’expertise française très étroite à ses côtés, pour que de tels délinquants, soient-ils outillés d’armes automatiques, filent sous les doigts à chaque coin de rue ;
  • ensuite et surtout, si on doit s’inspirer du passé pour comprendre le présent, cet exploit militaire n’est que le « bis-repetita » d’un exploit passé.

Alors qu’il régnait encore une certaine discipline dans l’armée togolaise, que l’autorité morale était encore forte au sommet sous feu Eyadema, qui aurait cru ; qui aurait cru que ce sont les militaires qui ont perpétré les plus dramatiques braquages de l’histoire du règne Eyadema ? C’est belle et bien Narcis Djoua Yoma qui avait braqué le notaire Togolo-ivoirien à quelques encablures de l’aéroport internationale pour lui retirer 7.500.000 CFA et sa voiture de luxe. Djoua Yoma était à l’époque le chef corps de la garde présidentielle. Il a eu le mérite d’être un des rares corps habillés de confiance qui, en dehors du tristement célèbre Ernest Gnassingbé, rentrait voir Eyadema sans être désarmé. Il a fallu ce braquage, par lui organisé et exécuté par son bras droit Pouyi, pour que, accablé par les médias internationaux et l’opinion, Eyadema insiste sur une enquête objective qui est conduite jusqu’au bout. La voiture, déjà repeinte et en route pour la vente à Abidjan, est arrêtée à la frontière Ghana-Côte d’Ivoire par une collaboration entre les forces des deux pays voisins. Le lendemain, Pouyi le Bourreau du braquage témoigne devant Eyadema et le chef corps baisse la tête devant tous ses éléments sous le drapeau. Ainsi est-il menotté devant ses hommes de troupe rassemblés par un clairon à Lomé II sur demande du chef suprême de l’armée. Point final aux braquages de l’armée à l’époque.

Donc si le ministre de la sécurité, le DG de la gendarmerie et celui de la police sont sérieux, ils savent par où commencer. Ils ne sont pas obligés de s’aimer pour être efficaces. Audience de Faure avec Macron ou enquête conjointe police-CNDH pour changer quoi dans l’opinion? De grâce, quand on tient le beurre et l’argent du beurre, on peut penser que les Togolais ne sont pas intelligents, mais ils ne sont pas cons.

Abi-Alfa

Source : Le Rendez-Vous

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