Le texte ci-dessous est un extrait d’un dossier publié par le journal L’Alternative dans sa parution No 663.

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Depuis le 19 aout, le régime cinquantenaire de Faure est confronté à une vague de contestation sans précédente. Du sud au nord et au sein de la diaspora, ils sont des centaines de milliers de togolais à manifester tous les jours pour exiger le départ immédiat du prince de la république. Ce dernier qui rêve d’un bail à vie à la tête du Togo n’a autre choix que l’usage de la force brute pour réduire au silence ses compatriotes.

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Militaires et miliciens sont mis à contribution pour réprimer et tuer, blesser tous ceux qui manifestent dans les rues. Les villes de Mango, Sokodé et Bafilo soumises à siège permanent ont connu les pires atrocités. Des centaines de compatriotes ont pris le chemin de l’exil et de la brousse pour sauver leurs vies. La situation est tellement préoccupante qu’elle suscite l’inquiétude des chefs d’Etats de la sous-région. C’est ainsi qu’à la demande de Faure Gnassingbé, à la suite d’un voyage à Conakry, Alpha Condé avec sa casquette de président de l’union africaine (UA), s’est invité dans le bourbier togolais. Point n’est besoin ici de rappeler les contacts que le président de la Guinée a eu avec la coalition. Mais il est important de rappeler que c’est par l’ancien ministre de l’intérieur en exil, François Akila Esso Boko qu’Alpha Condé est entré en contact avec certains leaders de la coalition. Cette précision est utile pour comprendre la suite des événements.

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Pendant que les chefs d’Etats de la CEDEAO multipliaient les réunions sur le cas togolais, leur homologue guinéen auréolé de sa casquette de l’union africaine, jouait solo.  Les chefs d’Etats de la sous –région ont fini par désigner leur homologue du Ghana pour s’occuper du dossier togolais. Pendant ce temps, Alpha Condé multipliait les manœuvres pour faire venir la coalition à Conakry, une manière de prendre de court la CEDEAO. Mais au fil des jours et des semaines, des informations de sources bien renseignées ont alertés que le président de la guinée roule pour Faure Gnassingbé, comme ce fut le cas de Blaise Compaoré à l’époque .il ne peut en etre autrement pour un monsieur qui envisage dans son pays troisième mandat et s’oppose à toutes réformée politique interne.

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Plusieurs sources ont fait état de ce que des 15 présidents de l’Afrique de l’ouest sondé, 14 souhaitent que Faure Gnassingbé quitte le pouvoir en 2020 et seul Alpha Condé est contre, estimant que le dernier mot revient au peuple togolais. Il s’est fendu de la même déclaration à un de ses interlocuteurs, disant qu’il est inacceptable qu’on exige le départ d’un président dont le mandat est en cours et qu’en 2020, rien n’empêche Faure Gnassingbé d’être candidat.
A tous ces faisceaux d’information, des voix plus avisées ont souhaité à la coalition de ne pas se rendre à Conakry, histoire d’éviter le piège de Condé dont la mission est de voler au secours de Faure Gnassingbé. en dépit de ces appels à la vigilance, certain au sein de la coalition, pour des raisons qui leurs sont propres, étaient décidés à y aller. Il a fallu l’arrestation de l’imam de Sokodé pour que ce projet soit avorté, mais momentanément.

Alpha Condé et les manipulations de la lettre du continent

L’avion dépêché le 17 octobre à Lomé pour ramener sur Conakry les responsables de la coalition est reparti bredouille. L’arrestation de l’imam de Sokodé et la répression aveugle qui s’est abattu sur les villes de Sokodé, Baffilo, ont poussé certain à avorter ce déplacement. Mais Alpha Condé n’est pas un homme à renoncer aussi facilement à ses projets. Il est décidé à garder une main sur le dossier togolais et de saborder les initiatives des chefs d’Etats de la CEDEAO qui l’ont confié à leur homologue du Ghana lors du sommet extraordinaire à Niamey.

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Pour donner plus de poids à son plan, condé se rend à Paris où il invite certains leaders de la coalition qui ont sauté dans le premier avion. De Lomé, tous les regards étaient ainsi tournés sur Paris. Mais, ce qui est ressorti de cette rencontre, et il fallait s’y attendre n’a contribué qu’à créer une polémique inutile. Quelques heures après les entretiens avec les leaders et après une conférence de presse avec Emmanuel Macron, le journal en ligne « la lettre du continent » publie ce qu’elle appelle les dessous de la rencontre de Paris.

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Cet organe met sur la place publique certaines informations qui mettent à mal ceux qui ont fait le déplacement à Paris. La polémique enfle, on crie à la manipulation. Mais personne n’a vu derrière cette révélation qu’elle soit fondée ou non, la main soit du régime de Lomé ou celle de la guinée dont l’unique but est de fragiliser la coalition. Les uns et les autres se sont contentés de dire que c’est faux. La parenthèse venait ainsi d’être fermée. On aurait pu éviter ces genres de situations si les conseils appelants à éviter Alpha Condé avaient été entendus.

Une semaine plus tard, « la lettre du continent » revient à la charge le 1er décembre avec un titre qui vise carrément à nuire à la médiation conduite par la CEDEAO.

 

« Nana Akufo Addo fragilisé dans le dialogue entre Faure Gnassingbé et ses opposants : l’opposition pourait claquer la porte des négociations prévus le 5 décembre à lomé dans le cadre du dialogue politique avec le régime de Faure Gnassingbé. En privé, ces trois leaders Jean Pierre Fabre, Tikpi Atchadam et Brigitte Adjamagbo contestent de plus en plus la médiation de Nana Akufo-Addo évoquant sa faible connaissance des problématiques togolaises, mais aussi les collusions supposées avec les autorités de ce pays. Le président ghanéen est favorable au maintien de l’ordre constitutionnel avant l’adoption de réformes et d’organisation d’une nouvelle présidentielle. Les opposants contestent ces propositions et souhaitent, à l’inverse de l’instauration d’un gouvernement d’union nationale avant la tenue d’un tel scrutin. (LC N° 765).

Selon nos sources, cette discorde tient également dans l’implication discrète de l’avocat François Boko dans ces pourparlers. Ce dernier, ex ministre de l’intérieure de Gnassingbé Eyadéma décédé en 2005, se trouve être un proche du chef de l’Etat ghanéen, également avocat de formation. Jean Pierre Fabre, Tikpi Atchadam et Brigitte Adjamagbo préfèrent la seul médiation d’Alpha condé, celle-ci ayant d’avantage d’envergure puisque venant du président en exercice de l’union africaine (UA).Le chef d’Etat guinéen s’appuie déjà sur son conseiller Tibou Camara pour accompagner ce dialogue. Tibou Camara avait été déjà au cœur des tractations pour le départ du pouvoir de Yahya Jammeh, en Gambie, début 2017. »

En langage journalistique, on dirait que cet article est bien commandé. On n’a pas besoin d’être un devin pour déduire qu’il sort directement d’un laboratoire d’Alpha Condé et que « la lettre du continent » n’a pas rendu ce service bénévolement. Le titre seul indique que l’objectif recherché est de torpiller la médiation de la CEDEAO confié au président du Ghana, le voisin immédiat qu’on accuse de ne pas maitriser le dossier togolais. Extraordinaire n’est-ce pas ?

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Veut on nous faire croire qu’Alpha Condé n’est plus à 2000 km du Togo, maitrise mieux les problèmes de ce pays que le voisin du Ghana, avec des peuples qui se retrouvent de part et d’autre des frontières ?
Lorsqu’on lit l’article de la lettre du continent, il fait porter la responsabilité du rejet de la médiation du président du Ghana sur les trois leaders de l’opposition, d’abord par une prétendue position du médiateur sur les questions politiques, ensuite sur la consultation de monsieur François Akila Esso Boko à Londres.

 

Sur ces deux questions, il serait souhaitable que les trois leaders, pour la clarté non seulement du débat, mais aussi de leurs démarches, se prononce publiquement sur ce qui semble être des accusations .Mais qu’à cela ne tienne, « la lettre du continent » au service chèrement rémunéré d’Alpha Condé à des raisons, sinon le président guinéen lui-même d’égratigner François Akila Esso Boko. Alpha Condé pense à tort ou à raison que c’est sur le conseil de l’ancien ministre de l’intérieur, celui même par qui il est entré en contact avec la coalition, que les leaders ne se sont pas rendus à Conakry. Ce n’est pas exclu que certains parmi ces dernier aient eu la langue trop pendante. Mais ce qui frise le ridicule, c’est le fait de vouloir faire passer François Akila’ Esso Boko comme un proche de Nana Akufo Addo.
C’est vrai que les deux hommes sont des avocats. Selon plusieurs proches de l’ancien ministre, ce dernier n’a jamais connu le président ghanéen de sa vie, avant cette rencontre de Londres ou il s’est rendu volontiers, à la demande du médiateur, pour donner son avis.

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Le communiqué qu’il a d’ailleurs rendu publique pour des raisons de transparence à l’issu de cette rencontre en dit long. Et depuis il retourné à ses activités professionnelles .On peut pousser la réflexion plus loin en posant la question de savoir pourquoi les leaders en question ne se sont pas offusqués de la consultation de Pascal Bodjona. Faut-il rappeler que ce dernier à été le tout premier à être consulté par Alasane Ouattarra et Nana Akufo Addo à Accra avant la coalition.

Le président guinéen du haut de sa suffisance, n’a certainement pas digéré le fait que François Akila –Esso Boko, quoi qu’on dise, mieux renseigné, connaissant les dessous des cartes qui se jouaient en Guinée ait boudé Conakry, mais a accepté rencontrer le médiateur ghanéen à Londres. Alors il faut inventer une proximité factice entre les deux hommes pour flouer l’opinion. Enfin une dernière et non la moindre, la question du gouvernement d’union nationale revient en constance dans les parutions de « la lettre du continent ». Celle du 1er décembre l’attribut même aux opposants. Qui sont ceux qui au sein de la coalition sont porteurs de cette idée farfelue ? Il faudra là aussi une clarification.

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Les togolais qui sont dans la rue depuis le 19 Aout et qui en meurent tous les jours, ne font pas ce sacrifice pour que certain leaders aillent dans un supposé gouvernement d’union national. Quoi qu’il en soit, le temps nous révèlera les dessous des cartes.

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