Albert Kan-Dapaah, le ministre de la sécurité nationale du Ghana et le ministre d’Etat à la présidence guinéenne, Tibou Kamara séjournent depuis mardi à Lomé. Ils ont été dépêchés au Togo par les présidents ghanéen, Nana Akufo-Addo et guinéen, Alpha Condé. De sources concordantes, cette mission fait suite aux derniers séjours de certains responsables de la coalition des 14 partis à Conakry et à Accra, et le sentiment de tergiversations et de flottement concernant le démarrage du dialogue.

Restez à jour en vous abonnant à notre canal Telegram.

Lire aussi:Dialogue au Togo: film d’une consultation à polémique

Les entretiens se déroulent à l’Hôtel 2 Février et plusieurs acteurs de la Coalition sont consultés. Selon toute vraisemblance, cette énième visite et les conciliabules en cours procèdent avant tout de l’initiative et de la volonté des autorités togolaises. Ainsi donc, le ministre Gilbert Bawara a été vu attablé dans les abords de l’Hôtel en pleine conversation avec les deux émissaires étrangers.

Depuis le retour au pays des leaders de l’opposition après leurs déplacements à Conakry et à Accra, il nous revient que de nombreux dirigeants et observateurs extérieurs ne comprennent pas les nouvelles exigences posées par l’opposition et qui empêchent l’ouverture du dialogue.

De même, de larges franges de la population togolaise perçoivent la question des conditions posées, surtout l’invocation du dossier des incendies des marchés de Kara et de Lomé, comme une pure manœuvre dilatoire de la part du Chef de file de l’opposition pour esquiver le dialogue politique attendu par les Togolais.

Au sein de l’opinion, le sentiment commence à prédominer que les préalables soulevés par la coalition ne seraient en réalité portés que par l’ANC et que cette attitude illustre à suffisance des dissensions et rivalités désormais béantes entre le PNP et l’ANC et entre leurs dirigeants respectifs. Ce qui corroborerait la thèse du combat d’égos pour le leadership de l’opposition, très souvent mal caché devant les médiateurs.

Pas de raisons de faire du dialogue une fixation ou une obsession

Point focal du gouvernement et de la majorité sur le dossier du dialogue, le ministre Gilbert Bawara, aperçu à plusieurs reprises ces deux derniers jours à l’hôtel du 2 Février, où des conciliabules semblent se poursuivre, n’a pas souhaité commenter les échanges qu’il aurait eus avec les émissaires ghanéen et guinéen.

Toutefois, ce ponte du pouvoir de Faure Gnassingbé s’est contenté de rappeler que le Chef de l’Etat Faure et le gouvernement demeurent constants, cohérents et persévérants dans leur volonté et le leur engagement pour le dialogue et pour les réformes politiques.

Lire aussi: Le Togo risque de perdre plus de 19 milliards si le dialogue n’est pas organisé

 « Il faudrait éviter de confondre, d’une part l’objectif fondamental poursuivi, à savoir opérer les réformes visant à la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit et au renforcement de la bonne gouvernance, et d’autre part la question du dialogue politique. Le dialogue a des vertus et avantages certains.

Le dialogue constitue en soi un facteur de décrispation et de confiance et il peut favoriser la contribution et l’adhésion de la classe politique autour des réformes ; mais le dialogue n’est pas une fin en soi et ne constitue nullement une procédure ou une modalité obligatoire de mise en œuvre des réformes. Il n’y a donc pas de raisons d’en faire une fixation ou une obsession », indique-t-il avant d’ajouter que l’essentiel reste les réformes, qui seront « absolument réalisées dans le respect des procédures et des règles constitutionnelles applicables ».

Revenant aux exigences et aux préalables constamment invoqués par certains acteurs politiques, et sur les objectifs que ces acteurs politiques disent poursuivre à travers le dialogue, le ministre Bawara estime que dans la vie de manière générale, il faut éviter de se lancer des défis dont on n’a pas les moyens. Il conseille donc à l’opposition de renoncer aux déclarations et aux postures démagogiques et populistes.

Le gouvernement avait déjà dit ce qu’il y avait à dire

Ainsi concernant spécifiquement les préalables liés à l’affaire des incendies et à la libération d’autres personnes poursuivies ou détenues pour infractions et délits divers commis en marge des manifestations, le ministre rappelle juste que le gouvernement avait déjà dit ce qu’il y avait à dire dans sa déclaration du 7 décembre dernier.

Lire aussi: Togo: les plans secrets de Faure Gnassingbé pour « torpiller » le dialogue

Au demeurant, Gilbert Bawara se dit convaincu qu’il n’est dans l’intérêt d’aucun acteur politique d’accréditer le sentiment que la situation politique actuelle serait instrumentalisée en vue de s’octroyer une immunité et une impunité ou pour un recyclage ou un blanchissement des infractions et dossiers criminels.

 « Personne ne le comprendrait et les citoyens ordinaires, quotidiennement en bute avec la justice, ne le comprendraient, surtout de la part de ceux qui se disent vertueux et proclament ostensiblement leur attachement à l’Etat de droit. Evitons donc de poser la question du climat d’apaisement et de décrispation de cette manière erronée », conclut-il.

Tu pourrais aussi aimer

Laisser un commentaire

Plus dans:News