La diaspora togolaise en France a manifesté samedi dernier devant l’ambassade du Togo à Paris. Une occasion pour Dr Antoine Randolph de livrer son message concernant la crise politique togolaise. Lisez plutôt !
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DECLARATION DU Dr ANTOINE ATI RANDOLPH A L’OCCASION DE LA MANIFESTATION DE PARIS
LE 15 DECEMBRE 2018
Chers organisateurs de cette manifestation de la Diaspora togolaise en Europe
Chers sœurs et chers frères,
Chers compatriotes,
Peuple souverain,
Je vous salue tous de tout mon cœur et vous remercie vivement de participer massivement à cette manifestation de protestation contre la folie meurtrière de la dictature néocoloniale, cinquantenaire, mafieuse et démoniaque dirigée par Faure Gnassingbé, manifestation qui se déroule devant notre ambassade durant laquelle nous crierons notre ras-le-bol et exigerons la révocation de ce tyran et la fin de la République des gangsters.
Je voudrais saluer en vous votre patriotisme et votre détermination à en finir définitivement avec cette dictature, la plus vieille du continent, qui a couvert de honte non seulement notre pays mais aussi l’Afrique tout entière. Elle est un frein à l’émancipation et au développement des peuples africains. Aussi le combat que nous menons au Togo est-il également celui de tous les Africains. Je souhaite que plusieurs types de ce combat, plusieurs types de cette lutte naissent et se déroulent de façon concomitante dans plusieurs autres pays africains. Cela nécessiterait et renforcerait la solidarité entre les peuples pour ébranler le syndicat des Chefs d’Etat de la CEDEAO et celui des Chefs d’Etat de l’Unité Africaine.
Dans cet esprit de solidarité des peuples africains, il conviendrait que la Coalition des 14 récuse désormais le président Alpha Condé dans son rôle de facilitateur dans notre juste lutte de libération nationale, alors qu’il cherche par tous les moyens à tripatouiller la constitution guinéenne pour briguer un 3ème mandat, allant jusqu’à massacrer son peuple qui conteste son pouvoir. Il est également adepte de la mauvaise gouvernance et du brigandage économique. En effet, il est compromis dans l’affaire Bolloré tout comme l’est Faure Gnassingbé ! Même pipe, même tabac, selon l’adage français !
Chers compatriotes, soyons tous de vrais patriotes ! Le patriotisme se traduit d’abord par l’amour de la patrie et la volonté de la défendre jusqu’au sacrifice suprême lorsqu’elle est en danger. Pour moi, le patriotisme est l’expression de l’âme collective du peuple. Il est exalté pour la quête d’un idéal, par exemple la quête de la liberté, la lutte pour l’indépendance ou pour contrer un danger, une menace comme le terrorisme, la dictature etc…
Les générations de la lutte pour l’indépendance ont su cristalliser en elles le patriotisme. Notre doyen, âgé d’environ 91 ans, Tété Godwin, en parlant de ces générations a écrit dans son livre l’Histoire du Togo : la palpitante quête de l’Ablodé : » En fait, dans le feu de la lutte, le patriotisme togolais s’est maintenant trempé comme l’acier, cristallisé comme l’amour à la Stendhal, pétrifié comme une force matérielle qui, nous le verrons, emportera tout sur son parcours » C’est pourquoi elles ont pu, avec peu de cadres et de moyens, accomplir avec dignité et honneur, leur mission historique en obtenant Ablodé !
C’est maintenant à notre tour de relever le défi dictatorial des Gnassingbé et d’accomplir aussi notre mission historique, celle de restaurer l’Etat de droit et de reconstruire le Togo, pour le bien de tous. Pour ce faire, nous devons détruire en nous la culture du parti dictatorial, imposée à nous depuis 52 ans, cette culture étant régentée par l’esprit de division. En faisant un travail remarquable sur le terrain, le parti national panafricain – PNP – a su renouer la solidarité entre les différentes populations et redonner le courage et l’espérance au peuple. Ce qui nous manquait par le passé étaient aussi la détermination et l’endurance. Ces deux qualités sont vraiment nécessaires pour atteindre un objectif qu’on s’est fixé. Aujourd’hui, le peuple togolais et sa diaspora ont surpris le monde en faisant panache de ces qualités-là.
Alors, je peux vous assurer que si l’on développe l’amour, la détermination et l’endurance on ne sera plus loin d’atteindre l’objectif fixé ; nous atteindrons bientôt le nôtre car la victoire de notre lutte de libération est certaine, elle approche à grands pas. Nous devons construire la résistance, compter sur nos propres forces, prendre nos responsabilités et des initiatives et imposer notre rythme de guerriers à ceux que nous combattons, refusant de suivre le leur.
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Notre lutte est juste, légitime et constitutionnelle. Sa base est fondée sur le préambule et l’article 150 de notre constitution. Nous pouvons nous inspirer aussi de la Charte de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations-Unies et aussi de l’article 35 de la Déclaration des droits de l’homme et des citoyens, 24 juin 1793 qui est la 1ère constitution de la France révolutionnaire: « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » La France actuelle, principal soutien de la dictature des Gnassingbé, se targue d’être le berceau des droits de l’homme. Or, elle s’est assise sur ces droits en Afrique et, de ce fait, elle a transformé son berceau en cercueil des droits de l’homme.
Plus la victoire approche et plus la dictature s’affole, tremble et tombe dans une frénésie hystérique, l’amenant à commettre de grossières erreurs. Elle pense retarder sa chute en recourant à l’achat des consciences et à la terreur – arrestations, gazage et bastonnades entraînant des blessures et des lésions graves souvent handicapantes, massacres de manifestants pacifiques, tirs à balles réelles fauchant la vie des enfants, siège de certaines villes etc.. Pour paraphraser notre compatriote Nathaniel Olympio, membre de la Coalition 14, peut-on se taire lorsque les forces de sécurité tirent à balles réelles sur les enfants ? La République togolaise n’est-elle pas en danger ? La dictature pense également retarder sa chute en violant la feuille de route comme elle a l’habitude de violer constitution, accords et engagements, en fonçant tête baissée pour organiser unilatéralement des élections législatives et locales non transparentes et non consensuelles sans avoir fait les réformes exigées dans les dispositions de la feuille de route. Toutes ces erreurs ont provoqué l’exaspération du peuple, entraîné le boycott de ces élections décidé par la coalition 14 et soulevé de nombreuses voix de protestations tant laïques que religieuses pour demander leur report. Mais devant tous ces agissements du régime dictatorial décadent, la CEDEAO et le groupe des 5 (ONU, UE, Etats-Unis, France et Allemagne) restent curieusement silencieux et n’osent pas condamner officiellement leur poulain dont ils sont complices. Mais tout converge pour faire de ce poulain le point focal du problème togolais et seul son départ est la clé, la solution permettant de résoudre pacifiquement et durablement la crise. En effet, la démission ou la révocation de Faure Gnassingbé englobe la résolution de la totalité des autres revendications du peuple, ce qui veut dire que le tout est contenu dans le un et le un engendre le tout! N’est-ce pas encore assez clair pour ceux qui hésitent encore à exiger sa démission ?
Ce n’est pas par les prochaines élections, avec ou sans réformes, que nous obtiendrons le départ du tyran. Car au pire il y aura un toilettage de son système mafieux et, au mieux, un changement dans la continuité sur un fond dictatorial et néocolonial, le mal-vivre togolais persistera. Celui-ci est une profonde tragédie qui a cassé les ressorts de la société et de la république poussant ainsi le peuple à s’engager dans une lutte vitale de libération nationale pour son existence fondée sur les normes démocratiques et celle des générations futures.
Ce n’est donc pas par la voie électorale, sous cette dictature, que nous obtiendrons un changement profond pour une vraie alternative mais par la lutte jusqu’à la victoire totale car cette lutte est juste, légitime et vitale pour notre peuple et notre patrie ! C’est ce que le peuple réclame depuis le 19 août ! Vox populi, vox dei ! Aussi la Résistance patriotique lance-t-elle un appel urgent à la mobilisation générale. Nous devons tous nous unir pour en finir maintenant avec cette dictature !
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Pour terminer, je voudrais rendre un hommage vibrant à tous nos martyrs civils et militaires et particulièrement aux nouveaux martyrs tombés au champ d’honneur depuis ce 2 décembre dont des enfants.
La victoire approche !
Vive le Togo libre !
ABLODE ! FEZIRE ! FEZIYE ! ABLODE GBADZA !
Fait à Paris, le 15 décembre 2018
Dr Antoine Ati Randolph
Contact : antoinerand@hotmail.com

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