L’affaire de poursuite extra frontalière d’un présumé déserteur de l’armée togolaise qui a fait le buzz des réseaux sociaux dès le premier jour de l’année 2019, a eu le mérite d’éveiller les esprits sur les relations du Togo avec son voisin de l’Ouest. C’est le lieu de faire un full stop pour jouer le camescope de ce qu’a été le long du temps le voisinage entre ces deux pays de l’Afrique de l’Ouest sur la question politique.
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Quand la police ghanéenne contredit le gouvernement togolais
Nous sommes le 1er janvier 2019. L’information circulait sur les réseaux sociaux comme quoi, 3 agents de sécurité du Togo sont arrêtés par des habitants du village d’Amakou au Ghana et ont failli être lynchés. Mais, grâce à l’intervention de la police du Ghana, le pire a été évité. C’était la version réseaux sociaux. Au Ghana, la version déclarée par la police locale est un peu plus fournie. Elle soutient que, les soldats togolais ont franchi la frontière pour arrêter un déserteur de l’armée togolaise, selon le confrère ghanéen, infosdaccra. Selon ce site citant le commandant de la police régionale de la Volta, DCOP Ebenezer Doku, ils étaient quelques huit (08) soldats togolais à entrer de manière inappropriée au Ghana.
«Leur mission illégale était d’arrêter un présumé déserteur de l’armée togolaise qui se serait caché à Amoako, une banlieue de Jasikan dans la région de la Volta », rapporte le site ghanéen. Alors que, Lomé dans son communiqué, reconnaît que «la gendarmerie a bel et bien effectué une mission d’identification et d’arrestation d’un ‘présumé criminel», mais dans le village de Djogbé à Badou au Togo. Mais par la force des choses, 3 agents du détachement se sont retrouvés «sans le vouloir» sur le territoire ghanéen.
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«Au cours de la mission, la personne recherchée s’est préparée à se défendre en recourant à une machette. La réaction de l’intéressé a conduit les agents de sécurité à le maîtriser. Suite à son arrestation, son épouse a alerté les habitants du village, notamment des jeunes qui se sont organisés pour s’en prendre et lyncher les agents de sécurité. Pris de court, ceux-ci ont tenté de s’exfiltrer de l’étau des jeunes de la localité. Malheureusement dans leur repli, 3 des agents de sécurité n’ont pas pu suivre le mouvement et se sont retrouvés dans les mailles des jeunes surexcités», indique le gouvernement togolais
Selon le commandant de la police régionale de la Volta, DCOP Ebenezer Doku, la présence des soldats togolais au Ghana n’a pas été communiquée aux autorités ghanéennes. Lorsque leur opération a suscité des soupçons, les habitants se sont lancés à leur trousse. Selon Mr Doku, responsable de la police de cette région, sur les huit soldats, les habitants de Jasikan, en colère, ont réussi à en arrêter trois avant de les attacher un à un pieu, apparemment pour exécution. La police et le chef du district de Jasikan ont réussi à sauver les trois soldats togolais à Amoako qui ont été envoyés au poste de police de Jasikan pour un interrogatoire, a déclaré l’officier au quotidien gouvernemental Daily Graphic.
Il a aussi révélé que les trois individus ont été escortés jusqu’à la frontière pour assurer leur sécurité, précisant que la police a informé Interpol Ghana pour interpeller leurs homologues togolais sur l’observation de la Convention internationale sur l’arrestation de citoyens en dehors de leur État souverain.
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Le Ghana hier et de nouveau aujourd’hui
Le long de l’histoire de la contestation du régime des Gnassingbé le voisin anglophone a longtemps été une base de repli et ou de préparation contre le pouvoir de Lomé.Il est vrai qu’avec le voisin de l’ouest comme avec celui de l’Est (le Bénin), les liens de sang et de culture s’étalent au-delà des frontières établies par le colon. Mais la récurrence de la hantise qu’a toujours constituée le Ghana vis à vis du pouvoir togolais plonge ses racines dans les bases ethniques qui ont toujours portées l’opposition au Togo. Malgré l’échec du fameux projet Eweland (qui visait à réunir le peuple Ewe étendu sur les trois pays : Benin Togo, Ghana dans un même Etat) de feu Sylvanus Olympio, père de l’indépendance du Togo, les ghanéens de la Volta Région (du côté du Ghana), une région fortement Ewe ne sont jamais restés indifférents face au combat de leurs cousins du Togo contre Feu Eyadema Gnassingbé, celui qui a endossé le meurtre du père de l’indépendance Sylvanus Olympio.
Ainsi le Ghana, a toujours été la base arrière des attaques armées et tentatives de coups d’Etat qu’a essuyé le régime d’Eyadema tout le long de son règne. Et des attaques le régime d’Eyadema en a enregistré à profusion tels le coup d’Etat manqué de 1977 dirigé par un certain Lawson Merlot, l’agression terroriste du 23 Septembre 1986, l’attaque contre le camp RIT en Mars 1993 qui a enregistré la mort des officiers Ameyi, Tepé et autres Akpo, torturés jusqu’au trépas, etc., l’attaque du 05 Janvier 1994 qui s’est limité à la frontière Aflao etc. Au même moment le Ghana a toujours servi de niche aux opposants politiques avec l’onction de l’ex président Ghanéen John Jerry Rawlings, qui lui-même est un pur produit de la Volta Region. Malgré les missions d’infiltration et de déstabilisation que feu Eyadema a longtemps alimentés dans les antichambres du voisin de l’ouest, il a dû se résoudre à faire la paix avec son homologue d’alors. Rawlings et Eyadema ont fini par se rendre visite l’un chez l’autre. C’était l’accalmie. Une accalmie qui a été renforcée par la promesse du fils d’Eyadema hissé de façon tonitruante au pouvoir en 2005 de ne faire que deux (2) mandats pour réparer quelque peu le bilan laissé par son père et partir par la suite.
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Mais on est là où Faure Gnassingbé est entrain de consommer son troisieme mandat avec l’indignation de tous ces parrains d’hier. Et pis, il a donné toutes les preuves depuis le mouvement du 19 Aout 2017 qu’il n’a aucune intention de partir après l’actuel mandat qui est déjà de trop vu les normes dans la sous-région.
Du coup l’opposition qui stagnait jusque-là au sud du pays s’est étendue à tout le pays avec l’émergence d’un leader politique Tem (région du centre du pays) Tikpi Atchadam. Et comme dans les années 90 du temps de feu père, le Ghana s’offre à nouveau comme base de repli à la contestation du pouvoir du fils. Tikpi Atchadam a vite fait d’aller se mettre sous les voiles de Nana Akufo Addo qui lui-même sera mandaté plus tard par ses paires de la sous-région pour régler le problème togolais. Apres Tikpi, c’est l’autre leader membre de la C14, Habia Nicodème qui a obtenu, aux termes d’un bras de fer à la fois médiatique politique et diplomatique, son séjour médical à Accra après plusieurs semaines de grève de la faim pour exiger l’application des revendications de la C14. Le problème Habia a eu le mérite de provoquer des rixes entre le pouvoir togolais et son voisin quand le ministre ghanéen de l’intérieur Kan Dapah a dù atterrir expressément à Lomé avec un avion militaire pour chercher Habia pour être soigné à Accra comme l’exigeait l’opposant.
C’est également le Ghana qui a servi de pays d’asile aux togolais de Mango qui ont dû fuir l’Etat de siège dont leur ville a été objet durant plusieurs mois depuis le déclenchement de la nouvelle crise pour l’alternance le 19 août 2017 comme ce fut déjà le cas en 2005. Malgré les heurts ethniques déclarés dernièrement sur les medias, ils sont actuellement des milliers de togolais à cheroponi à se préparer pour la réalisation de l’alternance dans leur pays.
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Il est à rappeler que déjà en septembre 2017, l’ex président ghanéen John Jerry Rawlings a demandé aux Chefs d’État de la CEDEAO et aux partenaires du Togo d’exercer une pression diplomatique sur les principaux acteurs politiques au Togo notamment le président Faure Gnassingbé en poste depuis 2005 » craignant, avait-il déclaré tres tot un risque de guerre civile face à (…) la posture intimidante des forces armées ». Et Rawlings représente toujours un poids dans le giron politique ghanéen.
Source : Fraternité

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