Le Togo est le pays où le coût d’accès à Internet est le plus élevé au sein de l’Union économique et monétaire ouest africain (UEMOA) d’après le rapport 2018 d’abordabilité à internet publié en février par l’Alliance pour l’accès à Internet (A4AI).

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Selon ce rapport, les consommateurs togolais doivent débourser en moyenne 26, 10 dollars (environ 15 346 F CFA) pour avoir 5 gigaoctet (Go) contre 7,83 dollars ( 4604 F CFA) pour leurs voisins Béninois par exemple. Ce coût représente 10,27% du revenu national brut mensuel par habitant du Togo, soulignent les auteurs du rapport.

Le coût élevé d’Internet constitue un obstacle à sa pénétration dans le pays. En effet, le taux de pénétration d’Internet au Togo est estimé de 11% en mars 2019, bien loin derrière la moyenne africaine estimée à 35, 9%.

Impact

Pour Emmanuel Elolo Agbénowossi, chercheur en Gouvernance de l’Internet et Google Policy Fellow Africa chez Paradigm Initiative, le faible taux de couverture électrique au Togo est l’une des raisons de la cherté d’internet dans le pays.

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Avec un taux de couverture estimée à 44% , explique le chercheur, les opérateurs de réseaux sont obligés d’ajouter des panneaux solaires ou générateurs pour couvrir certaines zones du pays.

«Ces dépenses supplémentaires alourdissent le coût de production et poussent les opérateurs à augmenter les prix au niveau des consommateurs», indique le chercheur.

A en croire le chercheur, la cherté d’Internet perturbe la croissance économique du Togo et ralentit l’éclosion des startups et des Petites et Moyennes Entreprises (PME).

« Internet est un volet incontournable de la quatrième révolution industrielle qui est actuellement en cours. Sa cherté empêche aujourd’hui les entrepreneurs togolais d’explorer les domaines comme la Fintech, l’agriculture numérique, l’Internet des objets connectés, l’Intelligence Artificielle etc, qui constituent des leviers de développement pour certains pays »», analyse Emmanuel Agbénowossi.

Manne financière

Une récente étude de la Banque Mondiale montre qu’une augmentation de 10% du taux de pénétration à la bande passante internationale génère une croissance de 1,5 à 3% du PIB d’un pays. L’étude qui s’appuie sur des méthodes économétriques précise que l’augmentation de 10% de la pénétration du haut débit augmente de 1,38% le PIB des pays africains.

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Pour ce qui concerne les prévisions économiques dans le domaine de l’écosystème de la téléphonie mobile en Afrique de l’Ouest, le rapport 2018 des experts du GSMA Intelligence, estime que près de 100 millions de personnes supplémentaires souscriront à un service internet mobile d’ici 2020 en Afrique de l’Ouest. Cette forte pénétration d’Internet mobile induira un développement des services financiers mobiles et de l’écosystème des start-ups technologiques dans la sous-région.

Les prévisions économiques, précise Emmanuel Agbénowossi, devraient être un indicateur d’alerte pour les autorités togolaises.

Pour relever l’économie numérique qu’il juge «inexistante» au Togo, le chercheur propose une révision de la politique sectorielle actuelle du secteur numérique togolais ; la mise en place des réseaux communautaires et satellitaires pour les zones éloignées ainsi que la mise en place d’un marché concurrentiel.

«C’est véritablement ce qui manque au Togo. Seule la concurrence pousse les opérateurs à baisser les prix comme on le voit par exemple au Ghana qui compte une dizaine de fournisseurs d’accès», conclut-il.

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