Dans un discours à la nation prononcé ce jeudi, le chef de l’État ivoirien a officialisé son intention de briguer un troisième mandat. 

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Alassane Ouattara a finalement choisi les célébrations du soixantième anniversaire de l’indépendance de son pays pour se déclarer. « Je suis candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020 », a annoncé le chef de l’État ivoirien, ce 6 août, lors de son traditionnel discours à la nation. Pour l’occasion, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) avait mobilisé ses militants dans différents endroits d’Abidjan.

Lors de ce discours de 25 minutes, ADO a justifié sa décision de revenir sur son choix initial de ne pas briguer un troisième mandat. « J’avais fait part, le 5 mars dernier, à toute la nation de ma volonté de ne pas faire acte de candidature et de passer la main à une nouvelle génération. J’avais commencé à organiser mon départ, planifier ma vie après la présidence, relancer les activités de ma fondation », a-t-il rappelé.

Cas de force majeur

Mais, a expliqué Alassane Ouattara, le décès soudain le 8 juillet d’Amadou Gon Coulibaly, candidat et dauphin désigné, a tout changé. « Face à ce cas de force majeur, j’ai décidé de répondre favorablement à l’appel de mes concitoyens. Cette décision, mûrement réfléchie, est un devoir que j’accepte dans l’intérêt supérieur de la nation », a-t-il précisé, présentant même ce choix comme « un sacrifice ».

POUR JUSTIFIER SON CHOIX, ADO S’EST ÉRIGÉ EN GARANT DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ

Écartant tout possible report de la présidentielle – « Il est impératif que l’échéance électorale soit respectée » -, ADO a évoqué « le calendrier serré » et s’est érigé en garant de la paix et de la sécurité pour justifier ce choix controversé.

Cette annonce est loin d’être une surprise, tant elle se dessinait depuis les obsèques d’Amadou Gon Coulibaly à Korhogo, le 17 juillet. Desappels pour réclamer sa candidature ont été suscités, alors que des démarches pour obtenir les parrainages citoyens – désormais nécessaires pour se présenter à la magistrature suprême – étaient entamées.

Plusieurs délégations de rois et de chefs traditionnels ont aussi défilé au domicile d’Alassane Ouattara, dans le quartier de la Riviera Golf, à Abidjan. Le 1er août, le président y a reçu les anciens chefs de guerre de la rébellion qui l’a porté au pouvoir en 2011, leur annonçant sa volonté de briguer un troisième mandat.

Pour les caciques du RHDP, la candidature d’Alassane Ouattara était la seule capable de maintenir l’unité au sein du parti au pouvoir. La seule capable de lui permettre de demeurer aux affaires. La mort d’Amadou Gon Coulibaly a réveillé les appétits et relancé les guerres d’égo.

Réconciliation 

Lors de son discours, ADO a annoncé vouloir renforcer ses actions en faveur de la réconciliation. Mais, alors que plusieurs observateurs imaginaient des mesures d’apaisement envers Guillaume Soro, dont plusieurs partisans sont emprisonnés depuis la fin de l’année 2019, le chef de l’État a seulement accordé une grâce collective à quelque 2 000 personnes condamnées pour des infractions mineures.

Alassane Ouattara n’a pas non plus évoqué le cas de Laurent Gbagbo. L’ancien président cherche en effet à regagner la Côte d’Ivoire dans l’attente de la fin de la procédure qui le vise devant la Cour pénale internationale (CPI), mais ses démarches pour obtenir un nouveau passeport sont pour le moment restées lettres mortes.

Jeudi, dans la matinée, des dizaines de jeunes dénonçant le retrait du nom de Laurent Gbagbo de la liste électorale ont manifesté devant la Commission électorale indépendante (CEI). Les manifestants ont brûlé des pneus, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et le calme est revenu à la mi-journée. Une dizaine de personnes ont été interpellées. Des incidents qui, selon de nombreux observateurs, risquent de se multiplier d’ici à l’élection, dont le premier tour est prévu le 31 octobre.

Si le chef de l’État et ses partisans estiment que le changement de Constitution en 2016, après sa réélection, lui donne légalement le droit de se présenter, l’opposition soutient que la limite de deux mandats demeure et entend contester bruyamment sa candidature.

JeuneAfrique.com

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