« Les conséquences corrigent mieux que les conseils ». C’est une évidence. Seulement qu’au Togo, l’impréparation et l’improvisation qui déteignent sur l’imprécision dans les actions du gouvernement, constituent à n’en pas douter les socles de cette navigation à vue dont souffrent les populations togolaises au titre de victimes collatérales d’un sinistre d’Etat.

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Sans hôpital de référence, sans dispositifs sanitaires les plus performants, sans eaux ni soutiens aux médecins… voilà le triste paysage sanitaire au Togo d’où le fourvoiement régulier d’un gouvernement en mal de repères face à l’avènement d’un mal mondial : le Covid-19. Mais comment se prendre devant l’urgence ? Voilà toute la complexité d’une réalité.

« A l’impossible, nul n’est tenu ». Cette locution proverbiale devrait normalement être comprise de tous. Mais les membres de l’exécutif togolais semblent ne pas réaliser que lorsqu’on estime que vous n’avez rien et par conséquent, vous ne pouvez rien, c’est dire qu’il n’y a pas moyen à faire la magie devant l’existence du néant. Rien, c’est zéro, pour faire court.

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Dans ces circonstances, la seule solution qui vaille pour retourner la situation en sa faveur, est de tout faire pour avoir quelque chose avant de prétendre agir plus efficacement.

Mai 2011 : ce fut le début du commencement. Exaspérés par l’insouciance des premiers responsables du pays qui toujours, trainent les pas dans la satisfaction des revendications sociales des médecins, ces derniers, regroupés au sein du SYNPHOT, Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo, ont lancé une série de grèves afin de paralyser leur secteur et ainsi, pousser les membres du gouvernement à agir en bonus pater familias. Mais que nenni !

De cadre de réflexion en cadre de réflexion, d’une commission à une autre et des accords signés sans volontés manifestes de la partie gouvernementale à honorer ses engagements, de 2011 à 2020, neuf années se sont écoulées sans que les réels problèmes évoqués par les praticiens hospitaliers n’aient trouvé satisfaction.

Pour rappel, dans les revendications du personnel soignant, on y trouve l’amélioration des conditions de travail, entre autres, des primes de risques de contagion et primes d’usure psychologique, un audit des centres hospitaliers et des structures sanitaires et l’adoption du statut particulier du personnel de la santé.

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Mais, de l’ancien ministre de la santé, Komlan Mally à l’actuel, le Pr. Moustafa Mijiyawa sans oublier le passage du Pr. Charles Kondi Agba, plusieurs points de ces revendications n’ont jamais été conclus. Mais ce à quoi, l’on a souvent assisté, est le dilatoire du gouvernement en sus de l’arbitraire sur le fond de propos discourtois de certains responsables de l’exécutif vis-à-vis du personnel soignant.

En effet, en 2015, le temps s’était brusquement arrêté tant les déclarations d’un Premier ministre togolais avaient notoirement choqué. « Le secteur de la santé est pris en otage pour rien par des grèves répétitives », a déclaré l’ancien Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu au personnel soignant lors d’une visite inopinée au Centre hospitalier régional (CHR) de Lomé Commune. (Le centre où l’on traite aujourd’hui les malades du coronavirus). Ce jour-là, le chef du gouvernement avait même mis les pieds dans le plat en tenant un discours qui a irrité plus d’un, surtout les citoyens du « bas peuple ».

« Les autorités ne pourront jamais venir se faire soigner dans les hôpitaux. Si on ferme la morgue, et que moi j’ai envie d’aller chercher un corps, j’ai les moyens de la faire. La fermeture de la morgue ne pénalise que le bas peuple », avait-il déclaré sous le regard médusé du personnel soignant. « Ceux-là nous prennent pour des demeurés », a lâché, furieux, l’un des praticiens hospitaliers. C’était le comble, ce jour-là.

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Mais il convient de noter qu’en ces temps du coronavirus, et les autorités et le bas peuple seront logés à la même enseigne. Nul ne peut avoir ce privilège de prendre à nouveau les airs pour aller se soigner ailleurs. Bien plus, ce sont les mêmes médecins togolais dont ils ont toujours méprisé le droit de grève pour de meilleures conditions de vie et de travail qui seront au chevet de tous, parfois au péril de leur vie. Qui l’eût cru? La roue de l’histoire tourne, elle tournera encore et toujours.

Aujourd’hui, l’histoire semble donner raison à ces valeureux hommes en blouse blanche qui avaient souhaité un audit des centres hospitaliers et des structures sanitaires en vue d’un basculement du Togo vers des hôpitaux plus modernes et donc mieux équipés. C’aurait été le cas depuis des années, soit leur cause entendue par les décideurs, que l’on n’assisterait pas aujourd’hui à ce cocktail d’improvisations observées dans la gestion de la crise sanitaire.

Sans eaux dans les urgences sanitaires au CHR Lomé Commune (CHR-LC) d’après les révélations de certains confrères, une réalité certainement connue des autorités togolaises depuis des années, et des équipements sanitaires assez vétustes…, c’est bien triste que ce soit aujourd’hui que le gouvernement togolais ait pris la mesure de la chose et senti la nécessité d’engager une course contre la montre pour entamer des travaux de rénovation de cette structure et la doter progressivement de matériels adéquats et plus performants.

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C’est curieux que ce soit aujourd’hui que les premiers responsables du pays se soient réveillés de leur sommeil de plomb pour enfin constater l’échec patent de leur politique nationale de santé. En face d’eux, c’est presque du vide et ils en sont conscients. Parce que la contractualisation tant vantée par le pouvoir public, cette trouvaille des autorités se révèle aux yeux de tous comme de la poudre de perlimpinpin.

« La situation est telle que nous avons vraiment le sentiment que le système de santé est sinistré et qu’il faut des mesures urgentes et malheureusement, ces mesures urgentes ne seront pas prises en compte par le processus de contractualisation », déplorait le Pr. David Dosseh au début de cette histoire de contractualisation.

Aujourd’hui, comment comprendre que parmi tous ces centres hospitaliers et structures sanitaires sous contractualisation, le gouvernement togolais n’a pu trouver sur le territoire national, le meilleur endroit pour prendre en charge les malades du covid-19 et qu’il faille se démêler avec le CHR-LC, en vidant un beau matin sans préavis et sans coup férir les patients qui s’y trouvaient? La nation togolaise a indubitablement du chemin à faire.

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La réalité est qu’en quinze (15) années de gouvernance sans partage, cette pandémie vient révéler au grand public, les limites du pouvoir togolais en matière de politiques de santé publique. Certes, comparaison n’est pas raison, mais l’hôpital de référence construit au Niger sous l’actuel président Issifou Mahamadou, est un véritable chef-d’œuvre qui vient couronner tous les succès et efforts consentis par ce président pour le peuple nigérien. Un bel exemple à suivre par ses pairs de la sous-région.

 « Il n’est jamais trop tard pour bien faire », précise l’adage. Le chef de l’État togolais, Faure Gnassingbé, peut encore surprendre positivement ses compatriotes. Vivement que cela arrive pour le plus grand bonheur de tous.

La Manchette

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