Pour Nathaniel Olympio, président du parti des Togolais et petit-neveu de Sylvanus Olympio, premier président togolais, le risque de voir le pays sombrer dans la violence est élevé si Faure Gnassingbé ne quitte pas de lui-même le pouvoir.
Depuis août 2017, le Togo traverse une crise politique sans solution, l’opposition réclamant le départ du président Faure Gnassingbé dont la famille dirige le pays depuis plus de 50 ans.
Mercredi 27 juin, les présidents ghanéen et guinéen sont en visite à Lomé, envoyés par la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour faciliter les pourparlers entre les protagonistes de la crise togolaise.

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La Croix : L’opposition n’échoue-t-elle pas à faire plier le régime ?
Nathaniel Olympio : Nous sommes déterminés à le faire, mais c’est très difficile. Nos manifestations sont interdites et réprimées pour de fallacieuses raisons sécuritaires. Et quand elles sont autorisées, elles sont confinées dans un petit périmètre. Je pense que le régime est mûr pour tomber. Cela fait plus de cinquante ans que les Gnassingbé dirigent notre pays. Pour quel bilan ? Aujourd’hui, il ne tient que grâce à une minorité au sein des forces de sécurité et de défense qui lui sont fidèles. Cela ne peut pas durer. Si le régime tombe violemment, alors je crains la suite.
Vous craignez des règlements de comptes ?
N.O : Oui, bien entendu. Si nous n’y prenons garde, nous risquons d’entrer dans un cycle de vengeance. Et je crains aussi la réaction des perdants du régime : je pense à un scénario « à la burkinabé ». La chute de Blaise Campaoré au Burkina Faso a été suivie par la montée de l’insécurité, de la pénétration des djihadistes. On peut craindre que les caciques du régime jouent la carte de l’insécurité pour déstabiliser le nouveau gouvernement. Après l’alternance, on peut s’attendre à ce que nous soyons contraints à mettre toute notre énergie à protéger notre pays et non à le développer. Alors qu’il y a urgence à le faire.

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Que préconisez-vous ?
N.O : J’espère que les proches de Faure Gnassingbé, ceux qui le soutiennent encore, pourront le convaincre de lâcher le pouvoir avant que la situation ne soit trop explosive. On sait qu’ils sont de plus en plus nombreux, au sein de son parti politique, à souhaiter son départ avant que tout ne soit perdu. Ensuite, je souhaite que l’on se tourne résolument vers la paix et la réconciliation. Nous allons devoir tous consentir à un gros effort de ce point de vue : nous devons garantir à la majorité actuelle qu’elle ne sera pas victime d’une chasse aux sorcières. Nous avons besoin de tout le monde pour développer le pays.
Cette chasse aux sorcières n’est-elle pas inévitable ?
N.O : Non. Voyez-vous, je suis issu d’une famille qui a souffert des Gnassingbé. Mon grand-oncle, le premier président du Togo, Sylvanus Olympio, a été assassiné en 1963. Pour autant, je ne cherche pas à me venger. À quoi cela peut-il servir ? Il faut regarder devant nous. Je suis un chef d’entreprise. Je veux que mon pays soit une opportunité pour ses habitants, pour ses jeunes et pour les investisseurs étrangers. Le passé, c’est l’affaire des historiens.

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Pensez-vous qu’il puisse sortir quelque chose de la visite, mercredi 27 juin, des deux facilitateurs à Lomé ?
N.O : Nana Akufo-Addo et Alpha Condé vont, à nouveau, tenter d’amener l’opposition et la majorité à trouver un accord. Ils font un gros effort qu’il faut saluer. Leur tâche n’est pas aisée. On verra bien, mais je demeure assez sceptique tant que le chef de l’État togolais n’acceptera pas le principe de la rotation du pouvoir. En revanche, les choses peuvent évoluer à partir du 31 juillet : date à laquelle Faure Gnassingbé quittera la présidence de la Cedeao. La médiation de cette dernière sera plus facile.
la-croix.com
Titre modifié

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